En tout cas on voit bien que nous sommes à un moment charnière. La vie politique se radicalise, avec des partis tirés vers les extrêmes, des syndicats tirés par la souffrance locale, parce qu’un monde disparaît et un monde nouveau apparaît, et tant que la douleur de ce qui disparaît sera plus forte que l’espérance de ce qui naît, il y aura des résistances et des crispations très fortes. Dans cette affaire, toutes les questions devant nous sont politiques, toutes les réponses sont politiques. Il faut absolument aider notre classe politique à retrouver une vision qui nourrit un projet de société, de manière à se mobiliser. Il fait absolument valoriser la cause, et permettre à tout un chacun d’y retrouver son intérêt, et non pas laisser nos concitoyens dans un statu quo dans lequel ils vont se déchirer sur leurs intérêts. Les citoyens français forment un peuple politique, ils font confiance à la politique, mais ils ne font plus confiance aux politiques, et à la parole politique. Le nuage de Tchernobyl, la vache folle, la viande de cheval, l’inversion de la courbe du chômage, des résultats annoncés qui ne viennent pas, toute une série d’affirmations qui s’appuyaient sur un crédit politique se sont avérées fausses. Qui peut apporter du crédit à la parole politique ? Il est clair que c’est aujourd’hui un élément important de restabilisation. Dans le rapport sur la compétitivité française rendu par Louis Gallois, le crédit du porteur du rapport devient aussi important que la qualité du contenu. Le pays a besoin d’autorités morales, d’hommes et de femmes exemplaires et animés d’un esprit de responsabilité. Il a besoin de transparence (dans les comptes, les budgets, le patrimoine des élus). Le raccourcissement des échéances électorales avec le quinquennat a rajouté de l’instabilité que nous avons besoin de compenser par des chantiers républicains où gauche et droite travailleraient ensemble. On voit que plus il est nécessaire d’apporter des réponses politiques durables, plus les réponses sont construites sur des appareils politiques et des démarches de décision instables et court-termistes.