<< Cette société doit changer. [?] Elle a connu une bataille formidable entre la ville et la campagne et il faut que, là aussi, ce soit la paix >>.
Michel Serres est né en 1930 à Agen (Lot-et-Garonne). En 1952, après 3 années à l’École navale de Brest, il entre à l’École normale supérieure de la rue d’Ulm, à Paris. Agrégé de philosophie, il soutient sa thèse de doctorat sur Leibniz (Le système de Leibniz et ses modèles mathématiques, PUF, Paris, 1968), puis enseigne la philosophie à Paris I et Stanford University. Philosophe des sciences, Michel Serres creuse avec constance le sillon d’une prise de conscience planétaire en alertant sur les mutations inédites que connaît notre monde.
Repenser les rapports de l’homme à son monde, c’est tenir compte de la transformation d’au moins deux ordres de relations : le premier avec notre environnement, le second avec la connaissance.
Environnement : comme si nous étions au centre et premiers, et la nature autour et seconde. Ainsi rappelle Michel Serres, le mot lui-même dit beaucoup du biais qui fausse le lien que nous entretenons avec le monde. Repenser le rapport de l’homme à la nature nécessite de revoir notre place vis-à-vis d’elle. C’est rompre avec le projet cartésien qui affirme et promeut la toute-puissance du sujet sur l’objet, c’est, après le Contrat social, fonder un Contrat naturel qui installerait la nature comme partenaire et l’instaurerait comme sujet de droit.
Une transformation en profondeur à laquelle nous appelle Michel Serres. Maintenant. Le second ordre de relations à prendre en compte pour repenser notre rapport au monde est celui de la puissance qu’offre le savoir. Il s’agit alors de décrypter, comprendre et s’adapter aux bouleversements technologiques qui vont croissant depuis le début du XXe siècle. En penseur de la science, Michel Serres rappelle la nécessité de l’éthique pour éviter que cette science ne se transforme en un outil d’asservissement, voire de mort. Avec l’histoire de Petite Poucette, fille des technologies numériques, Michel Serres nous invite à mesurer toute l’étendue du changement qui s’ouvre aux nouvelles générations. Maintenant, « maintenant » le monde, Petite Poucette annonce une ère nouvelle qui ne pourra certainement pas aller sans transformations morales et politiques. Que ce soit dans notre rapport à la nature ou notre rapport au monde, Michel Serres nous invite ici à plus de sagesse, cet état de la pensée où se conjuguent savoir et philosophie.