Prenons l’exemple de l’atmosphère, c’est aujourd’hui une ressource en accès ouvert ou libre, chacun fait ce qu’il veut avec. La surexploitation de ces ressources est structurelle et il est impossible d'en échapper individuellement. Et concrètement, nous courrons à la catastrophe, trop de pollution, trop d’émissions de gaz à effet de serre, trop de peur de changer notre mode de production et trop peu de volonté politique de coopérer… Sur la scène internationale, depuis des décennies les États discutent de la manière de limiter l’utilisation qui est faite de l’atmosphère, mais ces pourparlers sont rarement couronnés de succès.
Beaucoup d’autres biens communs sont aussi en danger de surexploitation, et leur privatisation n'a pas pu l'éviter. En plus, il s'agit des ressources qui ne peuvent appartenir à une seule personne, ce n'est pas par hasard qu'elles s'appellent « communs ». Chacun doit pouvoir y accéder : il s’agit de l’eau, de l’atmosphère, des ressources halieutiques, de la culture et des connaissances, d’Internet, des espaces publics, etc. Cet accès peut être universel et libre quand les ressources se multiplient en se partageant (information, culture, logiciel, etc.), mais il doit être limité d'une manière juste quand il s'agit des ressources naturelles.
Force est de constater que la gouvernance de ces biens communs exclusivement menée par le marché et/ou l’État ne garantit pas leur durabilité. Reprenons l’exemple de l’atmosphère : nous n’avons pas réussi à réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle internationale ! Toutes les tentatives pour trouver un accord sur cette question échouent à cause de la logique même du marché : on incorpore dans le marché ce qui n’a encore pas de prix, puis on l’échange et on essaye d’en tirer du profit. Et cela se fait nécessairement en exploitant les ressources naturelles ou les êtres humains. En effet, pour être plus compétitifs, les acteurs du marché doivent externaliser leurs coûts et les faire porter sur des éléments externes comme l’environnement, les espaces publiques ou les sphères sociales... Face à ces dysfonctionnements, de manière classique la gauche propose de mieux réguler le marché et de faire intervenir l’État. Mais le problème est qu’aujourd’hui les États raisonnent aussi selon une logique fondamentaliste de marché, surtout dans les négociations internationales. Ils ont les mêmes grilles de lecture, les mêmes objectifs et les mêmes comportements que les acteurs des marchés.