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Pour une société des communs

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Silke Helfrich- Droits réservés Trafik/Grand Lyon
© Cédric Audinot
Auteur et activiste indépendante

Interview de Silke HELFRICH

<< Cette volonté de protéger à tout prix la propriété intellectuelle est une catastrophe écologique >>.

La liberté et l’abondance ont pu faire penser qu’une bonne part des enjeux collectifs (santé, éducation, logement, etc.) étaient en voie d’être résolus et que les affaires publiques méritaient désormais moins d’attention de la part du citoyen. La remontée des inégalités sociales, la persistance des mécanismes de reproduction sociale ou encore la dégradation accélérée de la biosphère montrent aujourd’hui qu’il n’en est rien. La trajectoire de vie de chacun s’inscrit dans un monde commun dont la pérennité ne va de soi. 

La reconnaissance et la préservation de ce monde commun qui fonde la vie en société (le vivant, les ressources naturelles ou encore le patrimoine immatériel de l’humanité) est au cœur de la réflexion et de l’engagement de Silke Helfrich. Prenant acte des difficultés rencontrées par le marché et le politique pour apporter de véritables réponses à l’enjeu des communs, elle a pris le parti d’explorer, de partager et de promouvoir les solutions développées par les communautés locales elles-mêmes.

Reposant sur une attention et une implication de chacun, ces initiatives témoignent de la capacité de ces communautés à se donner des normes et des règles, et parviennent non seulement à protéger durablement leurs ressources mais également à renforcer les liens sociaux qui les animent. Pour Silke Helfrich, chacun est appelé à prendre conscience de ses responsabilités en tant que copossesseur des « choses qui nous sont communes », afin d’en tirer davantage de liberté et de communauté. 

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Date : 29/04/2013

Aujourd'hui, tout le monde est en alerté face au risque de voir de nombreuses ressources essentielles pour l’humanité toute entière s’épuiser ou être privatisées par quelques-uns. Comment analysez-vous cette situation ?

le problème est qu’aujourd’hui les États raisonnent aussi selon une logique fondamentaliste de marché, surtout dans les négociations internationales

Prenons l’exemple de l’atmosphère, c’est aujourd’hui une ressource en accès ouvert ou libre, chacun fait ce qu’il veut avec. La surexploitation de ces ressources est structurelle et il est impossible d'en échapper individuellement. Et concrètement, nous courrons à la catastrophe, trop de pollution, trop d’émissions de gaz à effet de serre, trop de peur de changer notre mode de production et trop peu de volonté politique de coopérer… Sur la scène internationale, depuis des décennies les États discutent de la manière de limiter l’utilisation qui est faite de l’atmosphère, mais ces pourparlers sont rarement couronnés de succès.
Beaucoup d’autres biens communs sont aussi en danger de surexploitation, et leur privatisation n'a pas pu l'éviter. En plus, il s'agit  des ressources qui ne peuvent appartenir à une seule personne, ce n'est pas par hasard qu'elles s'appellent « communs ». Chacun doit pouvoir y accéder : il s’agit de l’eau, de l’atmosphère, des ressources halieutiques, de la culture et des connaissances, d’Internet, des espaces publics, etc. Cet accès peut être universel et libre quand les ressources se multiplient en se partageant (information, culture, logiciel, etc.), mais il doit être limité d'une manière juste quand il s'agit des ressources naturelles.
Force est de constater que la gouvernance de ces biens communs exclusivement menée par le marché et/ou l’État  ne garantit pas leur durabilité.  Reprenons l’exemple de l’atmosphère : nous n’avons pas réussi à réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle internationale ! Toutes les tentatives pour trouver un accord sur cette question échouent à cause de la logique même du marché : on incorpore dans le marché ce qui n’a encore pas de prix, puis on l’échange et on essaye d’en tirer du profit. Et cela se fait nécessairement en exploitant les ressources naturelles ou les êtres humains. En effet, pour être plus compétitifs, les acteurs du marché doivent externaliser leurs coûts et les faire porter sur des éléments externes comme l’environnement, les espaces publiques ou les sphères sociales... Face à ces dysfonctionnements, de manière classique la gauche propose de mieux réguler le marché et de faire intervenir l’État. Mais le problème est qu’aujourd’hui les États raisonnent aussi selon une logique fondamentaliste de marché, surtout dans les négociations internationales. Ils ont les mêmes grilles de lecture, les mêmes objectifs et les mêmes comportements que les acteurs des marchés.

Cet exemple montre bien notre incapacité à gérer les biens communs naturels, mais vous nous alertez sur le fait que cela concerne de nombreux autres secteurs aussi. Pouvez-vous nous donner des exemples ?

si l’on fait seulement confiance au marché, le prix à payer est un accroissement des inégalités sociales.

Prenons ma ville d’Iéna en Allemagne de l’Est. Depuis la chute du mur, la ville a été magnifiquement reconstruite grâce aux efforts conjoints d’investisseurs privés et de subventions publiques. Est-ce la preuve de l’efficacité du marché et de l’État pour sauvegarder des biens communs ? Malheureusement non. Les bâtiments ont bien été sauvegardés mais les anciens habitants des quartiers du centre ne pouvaient plus y rester et la plupart des propriétaires de ces immeubles sont aujourd’hui des investisseurs extérieurs. Les loyers ont grimpé de manière fulgurante, même des familles qui ont deux emplois n’ont plus les moyens de se payer un appartement. Cela montre bien que si l’on fait seulement confiance au marché, le prix à payer est un accroissement des inégalités sociales.
Regardons aussi les enjeux des communs dans le monde de la culture et de la connaissance. Lorsqu’un compositeur de musique crée un morceau, à partir de ressources culturelles communes (les notes, les accords, les motifs…), il est important de reconnaître son œuvre créative et son droit moral d’auteur personnel. Mais il faut aussi éviter que cela n’entraine la privatisation d’une trop grande part des biens communs culturels dans ce processus. Aujourd’hui, la norme sociale et légale la plus courante est celle des licences « tous droits réservés » ou du copyright. Les œuvres ne sont intégrées au domaine public qu’après 70 ou 80 ans après la mort de l'auteur… Cela permet par exemple aux labels et à l’industrie de la musique de privatiser une partie des biens communs musicaux, de la rendre « rare » afin de gagner davantage d’argent. Mais est-ce vraiment dans l’intérêt du grand public et de tous les gens créatifs? Je ne pense pas que la logique de marché qui prévaut et les réglementations actuelles contribuent vraiment à enrichir les communs culturels.
Globalement, et d’un point de vue politique, je crois que les gens se sentent de plus en plus déconnectés de ceux qui les gouvernent et de plus en plus impuissants pour se battre contre cette « main invisible du marché » qui paraît dominer les pensées et les discours politiques. Par exemple, pendant les négociations récentes de Doha sur le climat, lorsque la première chaîne publique allemande ARD a publié un compte rendu et ouvert les commentaires sur son site Internet, personne n’a réagi. Il n’y a eu aucune contribution pendant plusieurs heures alors que, sur d’autres sujets, les réactions ne se font en général pas attendre… Et ensuite, après une première remarque, les réactions étaient presque toutes sur le registre de la résignation. Et pourtant, le climat est un des enjeux majeurs pour l’humanité. Cela est révélateur du désintérêt et du désengagement des citoyens face à la politique institutionnelle. Je crois donc que nous devons inventer de nouvelles solutions pour résoudre les problèmes sociaux, culturels et environnementaux mais aussi pour sortir de l’impasse politique dans laquelle le duopole marché-Etat nous conduit.

Il ne s’agit pas d’abolir le marché ou l’Etat mais plutôt de proposer une voie complémentaire et d’inscrire les principes des « communs » dans nos lois et nos institutions.

Pouvez-vous clarifier ce concept de « communs » et les principes qui en découlent ?

Le processus des communs est un processus réflexif qui fait qu’un individu qui s’engage dans la communauté contribue à transformer le monde mais se transforme lui-même en même temps.

Le terme « communs » décrit les relations particulières qui se nouent entre des ressources d’usage commun (ou biens communs) et un groupe d’individus, la communauté. Ces relations particulières ne sont pas des relations de propriété mais plutôt de possession collective et de responsabilité. Ce dont il est question n’est pas l’eau, l’atmosphère, ou les connaissances partagées sur Wikipédia, mais plutôt des humains, de leurs relations sociales et des décisions qu’ils prennent par rapport à ces bien partagés.
Pour citer l'historien Peter Linebaugh, « il n’y a pas de communs sans mise en commun, sans communalisation. » (« There are no commons without commoning. »). Et l’on pourrait ajouter qu’ « il n’y a pas d’acteurs de la communauté sans mise en commun » (« There are no commoner swithout commoning. »). Le processus des communs est un processus réflexif qui fait qu’un individu qui s’engage dans la communauté contribue à transformer le monde mais se transforme lui-même en même temps.
Il n’existe ni de liste de référence mondiale recensant tous les communs, ni une liste de « modèles d'organisation par excellence des communs » car chaque cas est un cas particulier, lié à un contexte et une communauté. En revanche, il est important de souligner que les communs sont tous conçus selon les mêmes principes. Sur un principe d’intégration au lieu d’un principe de dichotomie : ils n’opposent pas le public au privé, l’Etat au marché, la culture à la nature, le client au prestataire, etc. mais mettent en avant l’interdépendance des différentes composantes du système. Les communs sont aussi fondés sur le lien social : pour un individu, l’épanouissement et la « vie bonne » dépendent de l’épanouissement des autres autour de lui. Nous sommes interdépendants et avons besoin des autres !

Concrètement, comment fait-on pour mettre en pratique ces principes et gérer différemment les biens communs dont nous avons parlé ?

On voit bien qu’à chaque commun correspond une communauté spécifique, avec des institutions et des règles spécifiques.

Pour moi, l’enjeu politique est de faire que ces biens communs dont nous avons parlé deviennent des vrais « communs », c’est-à-dire que des groupes, des réseaux, des communautés se les approprient, les gèrent et en prennent soin. En général, cela implique que tous les membres de la communauté aient un accès équitable à la ressource et aux bénéfices qui peuvent en découler, qu’ils assument pleinement la responsabilité de préservation de cette ressource et qu’ils aient le droit de le faire, en prenant des décisions de manière démocratique et transparente.
Il est aussi essentiel de travailler sur de cas concrets et locaux et de partir de questions concrètes. Prenons des exemples qui nous préoccupent, des ressources, idées ou espaces que nous devons gérer de manière équitable et soutenable et posons nous des questions concrètes : Quel est le contexte politique, économique et social ? Quelles sont les lois et les institutions existantes qui encadrent les pratiques ? Et à partir de cela, nous pouvons définir un mode de management adapté.
Ainsi, pour garantir un accès équitable à un terrain ou à une source d’eau, il va falloir mettre en place des institutions et définir des règles limitatives pour éviter la surexploitation. En revanche, pour des cas dans le domaine de la connaissance ou de la culture, le libre accès n’est pas un problème car c’est une logique d’abondance qui prévaut. On voit bien qu’à chaque commun correspond une communauté spécifique, avec des institutions et des règles spécifiques.

Cette logique des communs n’est-elle pas contradictoire avec les principes de l’économie capitaliste ? Les individus seraient-ils prêts à s’engager pour les communs ?

Cette logique de mise en commun de ressources nous permet aussi de reprendre confiance en nous et du coup de se sentir capable de se prendre en main et gérer ces ressources ensembles.

Aujourd’hui notre société et notre économie sont conçues de manière à focaliser l’attention des individus sur la consommation et l’argent. Interrogez quelqu’un dans la rue, il vous dira que pour être heureux et pour subvenir à ses besoins il a besoin d’argent… C’est normal qu’il réponde ainsi, nous sommes en quelque sorte conditionnés. Mais en fait, si on prend un peu de temps de réflexion, les individus se rendent assez vite compte que ce qui est le plus important pour eux ce sont les relations humaines. Plus que d’argent ils ont besoin d’amis, d’une famille, et de proches, avec qui faire des choses et agir sur leur environnement direct. Pour revenir à ces besoins relationnels fondamentaux pour l’être humain, il faudrait se débarrasser de cette logique de l’argent qui est omniprésente dans nos esprits, ou du principe de contrepartie directe : « je te donne quelque chose pour que tu me donnes autre chose ». Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner toute forme de monnaie, mais de la logique selon laquelle l’argent doit être accumulé, doit produire de l’argent et permettre d’accéder à tout ce dont on a besoin. C’est la financiarisation de l’économie et de la société, la colonisation financière de nos esprits qui est en cause.
Et pour faciliter cette bascule d’une société de l’argent à une société des liens, la logique des communs est particulièrement intéressante. Plutôt que de se focaliser sur « de quoi avons-nous besoin ? », nous devrions nous demander « qu’est-ce que nous avons ? », « sur quoi pouvons-nous compter ? », et surtout « quelles ressources pouvons-nous mettre en commun ? ». En effet, c’est en mettant nos ressources en commun que nous pouvons produire de la nourriture, se loger et résoudre toutes sortes de problèmes auxquels nous sommes confrontés. Cette logique de mise en commun de ressources nous permet aussi de reprendre confiance en nous et du coup de se sentir capable de se prendre en main et gérer ces ressources ensembles.

Quelles sont les conditions à mettre en place pour que cette dynamique de communs puisse se déployer ?

Changer le socle de valeurs de notre société permettra de déployer une dynamique de communs mais cela va prendre du temps, des décennies

On constate aujourd’hui une perte de confiance dans les États, dans les hommes politiques, dans les banques, dans les économistes et dans les « experts » en général. Dès lors comment pouvons-nous prendre en charge les problèmes auxquels nous sommes confrontés ? Les équipes de chercheurs autour d’Elinor Ostrom et du mouvement des communs ont réalisé un très grand nombre d’études de cas pour essayer de comprendre comment, localement, des communautés se prennent en main pour gérer des biens communs. Les études montrent que ces communautés font preuve de beaucoup de créativité pour trouver des solutions originales afin de gérer leurs ressources collectivement. Mais que pour les mettre en œuvre, un certain nombre de conditions sont nécessaires. Avant tout, il faut faire confiance à la capacité des individus de s’investir pour les communs. Pour cela, il faut constamment investir dans la construction de relations de respect et confiance, il faut leur donner le temps et accepter les erreurs. Le principe d’essai-erreur est normal et même nécessaire !
Tout cela implique certainement de changer le socle de valeurs de notre société et arrêter de survaloriser la compétition. Déjà, dans notre système éducatif, on s'est habitué à mettre en avant ceux qui apprennent plus vite et plus de choses que les autres. Ce faisant, les enfants apprennent à être compétitifs sur le marché du travail et dans la vie. Pourtant nous savons tous que l’Homme est capable de coopérer et c’est d’ailleurs ce que démontrent aussi bien l’anthropologie que les neurosciences. Non seulement il en est capable, mais il en a besoin pour être heureux. Donc il faut l’aider à cela, il faut que cela fasse partie de notre éducation.
De plus, il faudrait revoir en profondeur cette idée de « propriété intellectuelle » Plutôt que de mettre en commun nos idées, nous avons tendance à chercher à les protéger contre d’éventuels rivaux. Et malheureusement cela freine l’innovation et la capacité collective à trouver des solutions aux enjeux environnementaux par exemple. Cette volonté de protéger à tout prix la propriété intellectuelle est une catastrophe écologique ! Imaginons : si les plans des moteurs pour automobiles étaient ouverts, on fabriquerait depuis longtemps des véhicules qui consomment un ou deux litres aux cent kilomètres.
Changer le socle de valeurs de notre société permettra de déployer une dynamique de communs mais cela va prendre du temps, des décennies… Il peut paraître plus facile de changer des lois et des règles qu’un système de valeurs, mais les deux doivent aller de pair et je suis donc engagée sur ces deux fronts en parallèle.

Ainsi, vous n’êtes pas seulement engagée dans une réflexion sur les communs mais affichez également une volonté de faire avancer vos idées sur le terrain. Pouvez-vous nous en dire plus ?

nous sommes persuadés que les ressources communes ne doivent pas être contrôlées hiérarchiquement, qu’il faut permettre à la logique d’abondance de se reproduire.

Promouvoir les communs implique à l’évidence une stratégie plurielle, combinant débat, lutte, résistance, action et partage d’idées. Ainsi il  faut se mobiliser au cas par cas sur des projets concrets mais il faut aussi porter la mobilisation sur le plan des valeurs et des paradigmes pour toucher le cœur de chacun. Ainsi, même s’il faut des compétences différentes pour travailler sur la question des ressources en eau, de l’Internet, des données publiques ouvertes, ou du climat, je crois que nous devons nous rassembler, trouver un langage commun et mobiliser notre intelligence collective autour de quelques principes partagés, les principes du « commoning ». Cela implique de créer des passerelles entre les acteurs de tous ces secteurs et leur permettre d’apprendre les uns des autres : les développeurs de logiciels libres, les agriculteurs, les acteurs des Villes en Transition, ceux qui cherchent le moyen de gérer collectivement l’eau potable, etc. Ce qui nous réunit c’est que nous sommes persuadés que les ressources communes ne doivent pas être contrôlées hiérarchiquement, qu’il faut permettre à la logique d’abondance de se reproduire.

Auteur et activiste indépendante, SilkeHelfrich milite de manière active pour sensibiliser aux enjeux des communs et à l’importance de changer nos modes de gouvernance pour permettre à chacun d’accéder de manière équitable aux ressources d’usage commun comme l’eau, l’atmosphère, la culture, l’Internet.... Auteure de plusieurs ouvrages sur les communs et intervenant dans des conférences à travers le monde sur ce sujet, elle a traduit et édité en allemand certains des travaux d’Elinor  Ostrom, économiste américaine spécialiste de la gouvernance des communs (appelés « commons » dans l’univers anglo-saxon). Silke Helfrich a également dirigé de 1999 à 2007 le bureau régional de la fondation politique allemande Heinrich Böll Stiftung au Mexique, où elle a organisé la première grande rencontre internationale sur les Communs en 2006. Par ailleurs, elle a cofondé avec Michel Bauwens (P2P foundation) et David Bollier (activiste américain) le Commons Strategies Group, partenariat visant à promouvoir le paradigme des Communs, tant sur le plan de la réflexion que sur celui des initiatives concrètes, en Europe, en Amérique du Nord et en Asie.  Aujourd’hui basée à Iena en Allemagne, son pays natal, Silke Helfrich est très engagée auprès du monde académique et politique.

Pour aller plus loin avec Silke Helfrich :

  • who owns the world ? the rediscovery of the commons, Silke Helfrich, 2009
  • the wealth of the commons : a world beyond market and state, édité par David Bollier, Silke Helfrich, Levellers press, United states, décembre 2012