C’est difficile à dire… Personnellement je vois des potentialités énormes dans ces systèmes, mais le problème, c’est que pour l’instant, ils ne sont pas assez démocratisés. Le plus connu, c’est peut-être le co-voiturage, dans le domaine de la consommation collaborative, donc. C’est à présent bien entré dans les mœurs ; je pense qu’on touche à peu près toutes les catégories sociales, à peu près tous les âges (même si les jeunes sont sur-représentés), des gens de milieux urbains comme de milieux ruraux. Le service s’est répandu au-delà de la sphère initiale des étudiants. Mais c’est loin d’être le cas de toutes les autres facettes de l’économie collaborative… Ce qui se démocratise bien actuellement, c’est tout ce qui concerne le don et la location d’objets entre particuliers. Parce qu’il existe dans ce domaine des acteurs "historiques", comme Recupe.net, ou Donnons.org, dont la fréquentation est vraiment très mixée. On peut repérer la diversité des origines sociales des utilisateurs à la manière, par exemple, dont les gens rédigent leurs annonces ou répondent aux messages. Sur certains réseaux vraiment étiquetés "consommation collaborative" et qui touchent davantage les jeunes, il existe certaines règles implicites, non écrites, mais que les gens respectent ; alors que là, non. Cela montre que l’on touche un public plus large ; parce que l’une des barrières à l’entrée sur certains de ces réseaux d’échange, de partage, de mutualisation…, c’est précisément la connaissance de ces petits codes implicites, qui permettent de se faire une place : le fait de savoir qu’il ne faut pas mettre une photo débile, par exemple, mais plutôt une photo relativement sérieuse, où l’on voit votre visage — parce que sinon les gens ne vous feront pas confiance… Il faut comprendre que ce qui permet à ces systèmes de fonctionner, c’est la réputation, la confiance. Tous ces sites-là, toutes ces plateformes ont organisé des systèmes de réputation, à base de commentaires, de notes, de profils enrichis avec plein de détails. Et donc, la manière dont on se construit son profil, son image, sur ces réseaux-là, est très importante. Si on a un mauvais profil de co-voiturage, personne ne va vous prendre dans sa voiture.