Oui, certainement ! Ce dialogue entre la recherche et l'action m'a toujours plu. Évidemment, aujourd’hui je suis élu, pleinement vice-président. Par contre, c’est important d’avoir conscience de la force de la recherche en sciences sociales. À Lyon, côté politique, on a jusqu’à présent peut-être trop peu mesuré l'apport des sciences humaines et sociales à l’action. Leur richesse a pourtant contribué à changer le monde, ou à changer la ville. Leur prise en compte a toujours été réalisée à demi-mot, contrairement à ce qui pouvait se faire à Grenoble ou Rennes.
Lyon a une autre tradition. C'est la ville marchande, pas la ville universitaire, mais ce n'est pas ancré dans le marbre. On peut faire bouger les choses. Des figures comme Hubert Dubedout, ou Jean Verlhac, ont porté cet urbanisme attentif à ce qui se faisait à l'Institut d'Études politiques de Grenoble, et ont contribué à structurer l'Institut d'Urbanisme de Grenoble. Ils ont fait évoluer le territoire.
Ici, à Lyon, nous avons une métropole qui est superbe. C’est une métropole qui peut marquer une nouvelle forme d'urbanité. De fait, elle est en train de se poser les plus belles questions sur la ville de demain : comment faut-il construire ? Où ? Comment maintenir une activité créative et de production et, évidemment, un lien avec la nature ?
Aujourd’hui, nous avons la chance d'avoir une métropole où les bonnes volontés ne manquent pas, le dynamisme est là. La métropole de Lyon a une culture de l'action, qu’elle n’a jamais démentie, notamment parce qu'on y arrive à dépasser certains clivages. C'est vrai pour Vaulx-en-Velin, avec Maurice Charrier comme pour d'autres. Cette ville-centre, qui est une ville marchande, riche, c’est aussi une ville où il y a des quartiers susceptibles de décrocher. Peut-être que la grande préoccupation qu'on a, derrière ce récit un peu général d'une ville qui réussit, c'est l'attention que nous devons porter à nos quartiers populaires, et surtout à une grosse quinzaine d’entre eux, ceux où le revenu moyen, voire médian, est extrêmement bas.
On a des quartiers entiers en situation de pauvreté, de très grande fragilité, de très grande vulnérabilité, avec un accès à l'éducation qui n'est pas réussi. Le taux de pauvreté est 3,3 fois supérieur dans les quartiers populaires que dans le reste de la métropole. J'ai pris très au sérieux le rapport de la Cour des comptes de 2020 sur les échecs ou les impasses de la Politique de la ville en matière d’attractivité, et qui prenait l'exemple des Minguettes à Vénissieux. Au niveau de l’exécutif, nous avons aussi en tête l'isolement d'un certain nombre de nos quartiers populaires, notamment en matière d'infrastructures. En première couronne, Saint-Fons ou Vaulx-en-Velin n’ont jamais eu le métro, si ce n'est pour La Soie. Le cœur de Vaulx-en-Velin n'a jamais eu le métro. C'est en cela que je me reconnais pleinement dans notre politique, qui vise à ramener deux nouvelles lignes de tramways pour desservir des quartiers populaires.
Si l'on arrive, à partir de ces échanges et de cette écoute, à écrire l'agenda des trois prochaines années, voire des six suivantes, au-delà du temps court d'un mandat, on aura marqué le territoire par le fait d’avoir trouvé les moyens de dialoguer avec les quartiers populaires. Et ce n'est pas rien.