Avant, les quartiers étaient vraiment chacun dans leur coin, il n’y avait pas de circulation, c’était associé à un sentiment fort de relégation. Les gens étaient dans leur quartier, ils y restaient. Traverser la métropole pour aller répéter, c’était inimaginable. Aujourd’hui, des habitants du centre vont aller répéter à Vaulx ou à Bron. Les mobilités qui se sont créées en 25 ans au sein de la métropole n’existaient pas. La manière d’appréhender l’espace métropolitain a beaucoup bougé. Au début, le périmètre de travail des groupes était tout petit, aujourd’hui, ils sont de taille plus importante, se sont élargis à la région, c’est une grande évolution.
C’est du territoire et des réseaux qui se mélangent, des modes de fonctionnement qui sont complètement différents. Les réseaux sociaux ont amené aussi la construction de communautés qui sont prêtes à se mobiliser, à suivre un artiste, ou qui ont une belle expérience, et veulent continuer. Tout s’est ouvert, en fait, et c’est positif, d’une certaine manière. Du coup, il y a une mobilité qui n’existait pas et c’est moins territorialisé, ancré dans le territoire.
Les acteurs de la Politique de la ville peuvent regretter que ça touche moins les habitants du périmètre stricto sensu des quartiers de la Politique de la ville, mais ça a quand même créé des ouvertures, des circulations, des mobilités, ce qui est une belle chose. Même s’il y a eu quelques dérives, avec parfois des projets sur lesquels il n’y avait quasiment personne de ces quartiers.
Et puis, au début, des groupes pouvaient réunir 80 personnes, c’était le cas de la compagnie Azanie, aujourd’hui il en faut plus de 150-200, avec tout un tas d’exigences, des acteurs plus professionnels. C’est aussi l’investissement de Lyon et de la Métropole qui ont bougé, avec le transfert de la compétences grands événements culturels et le fait qu’à Lyon, il existe de nombreuses actions sur le volet « culture » de la Politique de la ville, des dizaines de projets soutenus tout le temps, ce qui relativise la place du Défilé.