Le club a été créé en 1964 et est complètement rattaché à la création du quartier de La Duchère. À la fin des années 50, Louis Pradel, maire de Lyon, décide de faire un grand plan pour résorber les bidonvilles à Vaulx-en-Velin et Villeurbanne. Il décide de créer 5 000 logements sociaux sur ce territoire, sur lequel il n’y a rien à part un château qui appartient à la famille de Varax, issue de la noblesse lyonnaise.
À la même période, la guerre d’Algérie se termine, et la création du quartier se fait en lien avec l’accueil des rapatriés d’Algérie, puis des travailleurs maghrébins, noirs-africains et asiatiques qui fuient les régimes dictatoriaux. Des populations immigrées, parfois dans des rapports conflictuels, s’installent donc dans le quartier à la suite des décolonisations et des indépendances.
Très vite, il y a une idée merveilleuse qui émerge : celle de mettre un terrain de football au milieu du quartier, à la place du Fort de la Duchère. Le stade est donc construit sur les fondations de cet ancien fort, au centre du territoire. Si vous êtes Lyonnais, vous avez remarqué qu’il y a 17 forts qui étaient placés autour et dans la ville pour la protéger des agressions extérieures et d’éventuelles révoltes internes, comme celles des Canuts. Ce fort, qui n’avait jamais servi, est devenu ainsi un terrain de foot.
En 1963, une association d’entraide est créée par des Pieds-noirs du quartier, pour la plupart d’origine espagnole. En 1964, de cette association découle la création de l’Association sportive de la Duchère. Il n’y a pas que des Pieds-noirs, mais aussi des populations maghrébines qui sont alors incluses dans le club. Nos couleurs rouge et jaune sont tout de même conservées en référence au drapeau espagnol, car de nombreux habitants du quartier venaient de la ville d’Oran.
Typiquement, vous avez la personnalité aujourd’hui connue Anne Hidalgo, dont la famille avait été installée dans des appartements insalubres à Vaise à son arrivée, et qui est montée à la Duchère lors de la création du quartier. C’est ce genre de populations qui habitait le quartier. Dès le départ, on voit que la notion d'entraide est attachée au club. Les générations de dirigeants se sont ensuite succédées avec des projets sportifs différents, mais en gardant ce fil rouge, cette âme qui a construit ce club.
À partir de 2008, quand je suis rentré dans le club en tant que bénévole, est née l’idée de mener des politiques actives qui se faisaient avant de façon désorganisée. Dès le début des années 60, il y avait des cours de soutien scolaire par exemple. Mais à partir de 2008, mon prédécesseur décide qu’il y aura des actions organisées et coordonnées en matière de citoyenneté, de santé, de scolarité et d’emplois. En 2012 par exemple, je crée le forum pour l’emploi qui s'appelle « Ton métier c’est ton but », qui est aujourd’hui le 3ème forum pour l’emploi de la métropole de Lyon, et un rendez-vous phare de l’agglomération sur la question de l’emploi.
Mon prédécesseur va mener cela pendant 10 ans, avant de changer de cap et de s’orienter vers un projet professionnel en se focalisant sur les performances sportives. À cette époque, le club est en 3ème division, en Nationale 1, et a de bons résultats. Il vise la montée en 2ème division, mais là le projet va un peu capoter. Beaucoup d’argent va être dépensé pour faire monter l’équipe 1 en Ligue 2, mais le club sera relégué en Nationale 2.
C’est là que j’ai repris la présidence du club. Très vite, j’ai fait rentrer beaucoup de gens au sein de l’association qui avaient des parcours soit politiques, soit associatifs, soit au sein de leur entreprises. Des gens qui avaient mené des projets qui m’avaient plu dans différents domaines : la transition écologique, l’orientation professionnelle, la citoyenneté, la féminisation, le sport adapté… Je m’entoure donc de gens que je connais bien, dont je respecte le travail et qui veulent donner de leur temps. Aujourd’hui, il y a 18 personnes au sein du Comité directif qui ont des compétences particulières, pas forcément au niveau sportif, et qui mènent des projets ultra-construits.
L’idée, c’est de mener des projets à l’antithèse des « Journées de » : la Journée de l’environnement, des droits des femmes, etc. Ces journées sont très bien pour sensibiliser sur des questions, mais ça ne nous suffit pas, on veut mener des projets en profondeur. Par exemple, sur la féminisation, on a un groupe de femmes qui, l’année dernière, a mené un projet sur la question des menstruations et qui a reçu le Prix de la Fondation du Football.
L’idée était que les jeunes filles du club rencontrent des sages-femmes, des médecins, des naturopathes qui venaient leur expliquer les cycles menstruels et ses conséquences sur le plan sportif, en parallèle de former nos éducateurs à ces problématiques. Ce projet a ensuite été mis à l’essai par la Fédération dans 10 autres clubs et devrait être généralisé à l’ensemble des ligues.