Dans le comité de pilotage, pour la sélection des groupes, les deux coordinateurs faisaient un travail pointu, en citant, pour chaque candidature reçue, les chorégraphes, d’où ils venaient, ce qu’ils faisaient, et les partenaires. Au comité de pilotage, nous avons toujours été sidérés de les voir porter à ce point l’enjeu social, et « ramer » pour toucher les publics populaires, alors qu’on pouvait penser qu’ils seraient plutôt briefés sur l’enjeu culturel et esthétique.
Pour ma part, esthétiquement je n’avais aucune compétence pour choisir des chorégraphes. En revanche, je pouvais avoir un avis sur la capacité des opérateurs et des partenaires à essayer d’aller chercher les publics qui étaient, pour nous, les publics cibles du Défilé. Pour moi deux questions me permettaient de valider un groupe : quels étaient ses partenaires sociaux ? Comment allaient-ils s’y prendre pour chercher aussi les publics populaires ?
Toutes les structures n’avaient pas la volonté d’aller les chercher. Ce n’était pas toujours gagné ! Certains défilés reposaient sur des structures qui avaient peu de lien avec un public populaire. Certains opérateurs pouvaient aller à la facilité.
J’adore par exemple Mourad Merzouki, mais à Bron, les gens s’inscrivent en nombre, il n’y a pas besoin d’aller chercher, mais ce ne sont pas forcément nos publics cibles. À Villeurbanne, je me souviens, c’était un peu pareil avec Patrice Papelard, il n’avait pas besoin d’aller chercher les publics. Il suffisait de dire « Défilé », « répétitions », ils trouvaient leur public. Il s'agit d'amateurs qui ont l'habitude de répondre positivement aux sollicitations artistiques.
Avec le CCO [Centre Culturel Œcuménique] c’était autre chose, avec Aralis aussi ! Là, il y avait un vrai travail de gratte pour aller vers des publics populaires. Kadia Faraux est aujourd’hui peut être celle qui va le plus chercher les publics qui étaient le cœur de cible du Défilé, jusqu’à, peut-être, être trop populaire au risque d’évacuer la middle class…
En tous cas, c’est vrai que c’est contraignant d’aller draguer dans les quartiers populaires, d’essayer de convaincre des gens qui ne participent jamais à rien, de venir danser… Et en fonction des partenaires sociaux, je me rappelle que j’avais un avis relativement tranché.