Il existe un parc locatif privé, souvent dit « social de fait », qui accueille des ménages modestes, mais souvent dans de très mauvaises conditions. Au cours des dernières décennies, l’État a essayé d’encourager à l’aide de différents dispositifs l’émergence d’un parc locatif privé à vocation sociale de meilleure qualité. C’est important, car cela peut permettre de loger plus de gens dans de meilleures conditions… Mais il faut voir à chaque fois combien d’argent est engagé dans ces opérations et si les résultats sont aussi satisfaisants que si l’argent avait été investi dans le logement social.
Le dispositif de ce type le plus important est l’incitation fiscale à l’investissement immobilier. On aide en effet des ménages à créer des logements, en échange de quoi on leur demande de les louer pendant une certaine durée en dessous de niveaux de loyers donnés. C’est un dispositif qui a un coût très important en termes de manque-à-gagner pour les recettes fiscales de l’État, et dont les résultats sont assez mitigés en termes de capacité d’accueil. D’abord parce que les logements n’ont pas toujours été construits là où étaient les besoins, ensuite parce que les plafonds de loyers sont plutôt des plafonds intermédiaires que sociaux, et enfin parce que tout le volet de l’accompagnement et de la gestion sociale de long terme, que les organismes HLM sont capables de mettre en œuvre, les ménages n’en ont la capacité. Il y a d’autres dispositifs qui reposent globalement sur les mêmes principes, comme par exemple Loc’Avantages, qui est en train d’être mis en œuvre par l’Agence nationale de l’habitat.
L’autre option que l’on a développé ces dernières années, c’est d’aller chercher des investisseurs institutionnels, avec la création en 2014 du logement locatif intermédiaire, qui pourrait répondre aux besoins en logement d’une partie des gens qui ont du mal à se loger dans les métropoles, notamment les jeunes actifs, les étudiants, etc. On voit bien qu’il y a un intérêt de ces acteurs pour le secteur de l’immobilier aujourd’hui et de nombreuses opérations ont été initiées. Mais ce sont des acteurs à but lucratif, qui, en termes de gestion, de niveau de loyer, vont surtout essayer de maximiser leur rentabilité. On peut aussi s’interroger sur la pérennité de la vocation sociale de ce parc, dans la mesure où sa revente est peu encadrée. Là aussi, dans ces tentatives de captation par l’État de ressources auprès des acteurs privés, il y a de l’ambiguïté : les avantages qu’on propose aux investisseurs institutionnels pour venir dans le secteur intermédiaire ne seraient-il pas plus utiles dans le secteur social ?
Enfin, il est important de noter que, dans son fonctionnement actuel, l’encadrement des loyers n’est pas prévu pour produire des loyers sociaux. C’est un dispositif qui vise à limiter la spéculation sur les loyers, mais pas à baisser les loyers au point que ceux-ci deviennent accessibles aux ménages les plus démunis.