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Veille M3 / [Infographie] Préserver la nuit : un impératif pour la biodiversité

© Brad Mann

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Les animaux n’ont plus accès à l’obscurité naturelle de la nuit dans les zones où se concentrent les humains.

L’essor de l’éclairage artificiel qui s’appuie sur une énergie peu chère entraîne un dérèglement des écosystèmes et des perturbations dramatiques en matière de biodiversité.

Et si l’impératif de sobriété dépassait le seul cadre économique, pour nous inviter à prendre en compte de manière très concrète les besoins du vivant, même lorsqu’ils contraignent nos modes de vie actuels ?
PRÉSERVER LA NUIT : UN IMPÉRATIF POUR LA BIODIVERSITÉ   Infographie  La lumière artificielle est devenue une caractéristique centrale des villes modernes. Mais l’accroissement exponentiel des halos de lumière urbaine gagne peu à peu les espaces naturels. La nuit, cette disparition de l’obscurité naturelle n’est pas sans effets sur les écosystèmes et la biodiversité. Comment limiter les impacts de cette pollution lumineuse ?   LA NUIT, LA LUMIÈRE DES VILLES S’ARTIFICIALISE   Dans le monde, la surface des zones éclairées augmente d’environ 2 % par an.  80 % de la population mondiale vit dans des secteurs éclairés artificiellement.  En Europe, cette pollution lumineuse augmente encore de 6 % par an. 99 % des Européens vivent dans des secteurs disposant d’éclairage artificiel.
ELLE PERTURBE LES ACTIVITÉS HUMAINES   Effets probablement nocifs sur la santé et le sommeil  Coûts pour les collectivités locales • 42 % des dépenses électriques • 20 % des dépenses énergétiques  Gène pour l’astronomie, réduction de la visibilité du ciel étoilé     ELLE NUIT À LA BIODIVERSITÉ, PAR EFFET DE RÉPULSION…  Les amphibiens sont perturbés par la lumière nocturne : les femelles s’accouplent plus rapidement pour limiter le risque de prédation, et les mâles se font plus discrets.  Les accouplements sont plus rares et moins sélectifs.  Les cervidés ont des difficultés à franchir les routes éclairées, ce qui réduit leur territoire et leur rayon d’action, ainsi que leur accès à la nourriture.  Les mammifères, plus globalement, sont dérangés par la lumière artificielle, qui affecte leur rythme de vie (temps de sommeil et d’activité).  Les chauves-souris sont très sensibles à la lumière, au point de cesser parfois leur activité durant la pleine lune. Exclusivement insectivores, les chauves-souris européennes sont d’autant plus perturbées que leurs proies sont attirées par la lumière artificielle, les obligeant à adapter leur comportement.
…MAIS AUSSI PAR EFFET D’ATTRACTION  Les insectes volants sont très nombreux à s’orienter la nuit grâce à la lumière des astres. Ils sont attirés par les sources de lumière artificielle, qui les désoriente et autour desquelles ils peuvent tourner durant des heures, mourant souvent d’épuisement ou brûlés.    Les oiseaux migrateurs se repèrent également grâce à la lumière des étoiles et de la Lune. Ils sont attirés par la lumière des villes et peuvent entrer en collision ou s’épuiser à tourner autour de certains points lumineux, tels que des tours illuminées.    RECONSTITUER UNE « TRAME NOIRE » : QUELQUES PISTES  Ces phénomènes d’attraction et de répulsion créent des barrières pour les animaux. Pour les briser, il faut reconstituer des corridors écologiques libres de lumière artificielle : les « trames noires ».   Supprimer les luminaires inutiles, là où ils impactent le plus la faune  Réduire la hauteur des mâts  Orienter la lumière vers le sol  Privilégier des lumières « chaudes », avec un spectre restreint, situé entre l’ambre et l’orangé  Ne pas éclairer les cours d’eau et les espaces naturels  Maintenir des zones non éclairées pour la libre circulation de la faune  Privilégier des surfaces au sol peu réflexives (revêtements sombres, herbe…)   Éteindre les luminaires après une certaine heure ? Depuis 2020, de plus en plus de collectivités territoriales françaises éteignent leur éclairage public une partie de la nuit. Résultat : une biodiversité nocturne préservée… et des économies réalisées !