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Enseignements généraux
À la suite de cet article construit autour d’une étude de cas, trois enseignements généraux peuvent être tirés
Ce sont les professionnels les plus engagés qui tombent malades
Pour surmonter les aléas du quotidien, les professionnels développent des stratégies, des savoir-faire, des astuces qui vont leur permettre d’atteindre leurs objectifs et d’obtenir la satisfaction d’avoir fait ce qu’ils considèrent comme du « bon travail ». Dans cette dynamique, le travail est source de plaisir favorable à la construction de la santé.
Lorsque les contraintes ne permettent plus aux professionnels de surmonter les aléas, les situations se dégradent sur le plan de la santé physique et mentale. Dès lors, les professionnels vont devoir résister pour tenir dans un environnement où la qualité du travail est empêchée. Sans perspective d’évolution de l’organisation du travail, les personnes vont s’épuiser et souffrir, physiquement et mentalement. La souffrance sera d’autant plus forte que les professionnels n’arriveront plus à maintenir une qualité de travail satisfaisante, voire participeront à sa dégradation, ce qu’ils pourront réprouver moralement. Ainsi, plus les personnes sont engagées à faire un travail de qualité, plus l’impact sur leur santé sera fort notamment en cas de conflit éthique.
L’organisation du travail : un levier pour maintenir la santé au travail
Il est impossible de supprimer les aléas du quotidien, l’écart entre le travail prescrit et le travail réel étant irréductible. Ainsi, l’enjeu en santé-travail, pour l’institution, consiste à donner les moyens aux professionnels de faire face aux éléments de variabilités pour les soutenir à maintenir un travail de qualité. Ces marges de manœuvre sont définies par l’organisation du travail qui permet à chaque professionnel de réaliser ses missions dans des conditions favorables à la santé.
Mais on ne travaille jamais seul, et les transformations de l’organisation du travail devront être discutées collectivement de manière à trouver des compromis satisfaisants pour tous, sans lesquels le collectif est mis à mal.
L’enjeu des espaces de discussions pour définir des règles de travail
Pour qu’un collectif fonctionne, il ne peut faire l’impasse de discuter de ce que chacun fait et de comment il le fait. Parce que chaque personne est singulière, il est nécessaire de délibérer collectivement pour que s’élaborent des règles de travail partagées. À l’heure où le secteur social rencontre des difficultés de recrutement, d’absentéisme, de turnover, conduisant à embaucher des intérimaires, des non-diplômés, perturbant le fonctionnement des équipes, l’enjeux du maintien en emploi des salariés consiste à organiser des temps de travail affectés à des espaces de discussions entre professionnels, permettant de construire des règles communes de fonctionnement structurantes, de proposer des aménagements techniques et organisationnels, indispensables à la construction d’une pratique éducative porteuse de sens pour tous.