Les recherches académiques dans le domaine de l’I.A. sont globalement insuffisantes. Il n’y a pas assez de start-ups dans ce domaine et le système technico-économique français n’est pas assez développé là-dessus.
Cela tend à se développer mais je pense que le milieu académique français a tendance à chercher des solutions absolues, – ce sur quoi on est très fort en France, ce sont les aspects mathématiques, et en matière de cybersécurité on cherche à mettre en place un système qui est sûr dans l’absolu –, la démarche n’est pas assez empirique. Ensuite, les chercheurs dans ce domaine n’appliquent surement pas assez leurs recherches, ce qui les rend non transférables à des industriels ou des entrepreneurs.
Le pays qui fait figure de référence dans le monde en matière de cybersécurité, c’est Israël, parce que vous y trouvez des labos publics et privés qui sont plus appliqués que les labos français. Les gens qui font de la recherche appliquée, qui dépendent soit d’Universités soit du Ministère de la Défense israélien, peuvent partir créer des boîtes avec le résultat de leurs recherches, ce qui est rendu compliqué en France par le système de licence, brevet, etc. En Israël, le système encourage les gens à créer des entreprises, à exploiter ces recherches-là et à essaimer le plus possible. En support, il y a de l’argent pour financer ces technologies, avec du financement culturellement adapté à la cybersécurité car ces projets impliquent des délais très longs. Les technologies « cyber » doivent être vues comme des technologies avec un énorme potentiel de marché mais avec des cycles longs, un peu comme dans la « biotech ».
Aujourd’hui, en France, nous ne sommes pas dans ce cycle vertueux. Il faut le développer dans une logique de souveraineté nationale, afin de maîtriser la chaîne complète. Sans cela, la France comptera uniquement de toutes petites structures qui vivoteront parce qu’elles n’ont pas eu les moyens de se développer.
Les grandes entreprises françaises ont aussi un rôle à jouer. Trop souvent, la grande entreprise regarde la start-up comme une petite boîte qui détient une technologie très intéressante mais qui ne sera peut-être plus là dans 3 ans, dont le produit n’est peut-être pas complètement fini au sens où l’entend la grande entreprise – le cœur de la technologie est là mais, pour l’intégrer dans tout le système de la grande entreprise, il faut plein de fonctionnalités complémentaires qui n’existent pas - si bien que le manager de la grande entreprise voit autant de risques que d’opportunités à travailler avec une start-up. La “grosse boîte” fait de petits tests à droite, à gauche, alors qu’elle a un rôle de « déclencheur » en investissant quelques centaines de milliers d’euros. Ces premières références permettraient aux entrepreneurs via des investisseurs privés pour lever des fonds plus importants et se développer davantage à l’international. Ce cycle, qui existe bien dans des pays leaders comme Israël, n’existe pas encore en France.