Dossier
Avez-vous le sens de la fête ? Ce supposé lâcher prise, concentré d’insouciance et de liberté qui nous sort de nos routines, mais qui lui aussi connaît ses limites : le droit et la fête, le droit à la fête… Vaste débat.
« Une fête est un excès permis, voire ordonné », en disait Sigmund Freud. La liesse a donc elle aussi des règles à respecter, en matière de sécurité, de santé publique, et de respect de l’environnement, évidemment.
Peut-on envisager une fête « sobre » ? En mettant de côté tous les excès, que reste-t-il alors de notre besoin de célébrer ensemble la vie, la paix, les arts, notre culture et notre histoire communes, ou encore le succès de tel ou tel collectif ?
Parce que la fête rassemble, elle est un levier majeur de mobilisation pour transformer la société. Cette dimension citoyenne de la "bamboche" est d’autant plus importante que les nouvelles technologies l’impactent profondément. En donnant l’opportunité à chacun d’assister à un événement à distance, la fête 2.0 se veut plus inclusive. Mais en démultipliant les codes d’une communication de plus en plus concurrentielle, elle continue à maintenir des murs entre des publics confinés dans leurs bulles digitales. Peut-on parler de fête, quand on la fait seul ?
Étonnamment, les restrictions dues à la pandémie de Covid-19 n’ont pas vu des foules entières se lever pour protester. Dans une société toujours plus animée par l’injonction à la joie, au plaisir, à l’épanouissement individuel, certains renoncements avaient sans doute déjà eu lieu.
Faut-il alors faire le deuil d’une certaine idée du plaisir d’être ensemble, ou au contraire, est-il urgent de réenchanter la fête ? Doit-on se contenter d’une vision privatisée de la fête, ou appeler les acteurs publics à lui donner un nouveau souffle ?
À bien y regarder, cet exutoire soulève des enjeux bien plus profonds qu’il n’y paraît. Et d’après les tendances suivies par les articles de ce cycle, il s’agira moins dans les années à venir de désigner le vainqueur entre Dionysos et Narcisse, que de choisir avec qui, où et pourquoi nous voudrons festoyer. Un vrai choix de société en somme…
Bonne lecture !
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