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Veille M3 / [Infographie] La sobriété peut-elle être heureuse ?

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Après sa récente introduction dans les travaux du GIEC, la sobriété s’impose peu à peu comme un levier incontournable de la transition écologique.

Pour atteindre les objectifs climatiques dans les pays les plus riches, consommer moins n’est plus une option, c’est une obligation. Pour autant, la sobriété fait encore peur.

En nous invitant à modérer nos désirs, elle entre en contradiction totale avec les injonctions de la société de consommation.

Pire encore, à l’instar de la décroissance, elle est parfois accusée de mener à la régression et au malheur des populations.

Mais qu’en est-il dans le fond ? Est-il seulement possible de mener une politique de sobriété heureuse dans une société de croissance ?

Retour, en quelques chiffres, sur certains paradoxes de la sobriété heureuse.
LA SOBRIÉTÉ PEUT-ELLE ÊTRE HEUREUSE ? INFOGRAPHIE : Avons-nous besoin de croissance économique pour être heureux ?  La sobriété pourrait-elle nous rendre malheureux ?  Les données statistiques montrent un paradoxe : à partir d'un certain niveau de richesse, le bonheur ne progresse plus ... mais l'absence de croissance génère du mal-être. Peut-on faire rimer sobriété et bonheur dans une société qui dépend de la croissance ? À PARTIR D'UN CERTAIN NIVEAU, LE PIB  N'ACCROÎT PLUS LA SATISFACTION DE VIE. Richesse et satisfaction de vie des nations en 2021. La richesse est mesurée ici par le PIB/hab (en $ et parité de pouvoir d'achat) La satisfaction est mesuré par l'indice de satisfaction de vie (réponse à une enquête sur la satisfaction de vie ressentie, entre 0 et 10). Au-delà de 15 à 20 000 $/hab, la corrélation entre richesse et satisfaction s'affaiblit. Au-delà de 40 000, elle devient nulle.
MAIS L'ABSENCE DE CROISSANCE PEUT GÉNÉRER DU MAL-ÊTRE. Récession et bien-être dans les pays européens (1985-2016) : Même dans les pays riches, l'absence de croissance génère du mal-être. En période de crise économique et de récession, par exemple, la part de la population se déclarant heureuse tend à baisser. ET LA SATISFACTION DE VIE RESTE FORTEMENT  CORRÉLÉE AUX REVENUS. Satisfaction de vie et revenus en France (2017) : Les revenus sont répartis par déciles : D1 équivaut aux 10% des Français ayant les revenus les plus faibles, D10 aux 10% ayant les revenus les plus élevés. Le bonheur est mesuré par l'indice de satisfaction de vie (réponse à une enquête sur la satisfaction de vie ressentie, entre 0 et 10) à l'intérieur des pays riches, la satisfaction de vie progresse avec le niveau des revenus. En France, les 10% les plus riches déclarent plus d'un point de satisfaction de vie que les 10% les plus pauvres.
PLUSIEURS RAISONS EXPLIQUENT CES PARADOXES. Le bonheur est "borné" : on ne peut pas aller au-delà de 10/10. La richesse n'a pas de limites: on peut toujours vouloir plus. Le bonheur est "relatif" et "culturel" : on se situe par rapport aux autres (ex. les plus riches), et dans une culture qui véhicule des normes en matière de consommation (ex. la publicité). Du fait des gains de productivité, il faut de la croissance pour limiter le chômage, autre facteur de mal-être. Une partie de la croissance est générée par des activités qui rendent malheureux : les coûts défensifs... (Réparation, soins, pollution, conflits etc.) ... au contraire, de nombreuses activités qui rendent heureux ne sont pas comptabilisées dans le PIB ! DES FRANÇAIS PIÉGÉS PAR CE PARADOXE  ENTRE ASPIRATIONS À LA SOBRIÉTÉ ET À CONSOMMER PLUS. La sobriété : une aspiration forte... qui a du mal à être volontairement choisie. En 2021 : 58% des Français pensent qu'il faudra changer nos comportements face au changement climatique, 88% trouvent que la société nous pousse à consommer sans cesse, 83% aspirent à une société dans laquelle la consommation prend moins de place. 60% des Français souhaitent se payer plus souvent des choses qui leur font plaisir. 35% reconnaissent qu'ils cèdent facilement à la tentation lors de leurs achats. Une manière de rejeter la faute sur le système... ou une volonté d'en changer les règles ? 83% des Français pensent qu'il faut revoir tout ou partie du système économique. 52% pensent qu'il faut sortir du mythe de la croissance infinie.
© Charlotte Rousselle