Qu’est-ce que l’hospitalité à l’échelle d’une ville ?
Article
Investigations théoriques et pratiques sur l'exclusion dans la ville, par le laboratoire de recherche et création LALCA.
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Interview de Nicolas Basagna
Nicolas Basagana est chef de projet au sein de la société publique locale (SPL) Lyon Confluence, qui a pour mission d’aménager le quartier de la Confluence à Lyon. Il est chargé de l’aménagement des espaces publics. En tant qu’aménageur, Lyon Confluence conduit des études, désigne des maîtres d'œuvre et d'ouvrage, organise les chantiers, la concertation et assure la communication sur le quartier Perrache-Confluence.
Dans les travaux d’aménagement que vous organisez, dans quelle mesure prenez-vous en compte les situations des personnes sans abri ?
Dans le cadre de la conception des espaces publics, lorsqu’on conçoit ces espaces, on passe en revue différents sujets, on prend en compte différents usages. Toutefois, nous évoquons peu la situation des sans abri lors de ces questionnements. Nous savons que certains de nos équipements - comme les bancs, qui permettent un repos pour la marche - seront également utilisés par les personnes qui sont à la rue. Pourtant, nous n’avons pas forcément de réflexion dans nos études d’aménagement pour répondre aux besoins spécifiques de ces personnes.
Par exemple, nous nous sommes donné un enjeu global sur le quartier, celui de développer la ville marchable. Il s’agit de favoriser la marche, le vélo, les modes doux pour se déplacer. Pour répondre à cet enjeu, l’accès à l’eau est primordial. En effet, pour qu’une ville soit marchable, il faut des espaces publics larges, le moins possible de voitures, des endroits et équipement pour s’assoir. Mais il faut également des fontaines, et des sanitaires. Ces équipements rendent effectifs, opérationnels l’enjeu de la ville marchable. Nous équipons donc le quartier avec des accès à l’eau. Cette ressource est donc disponible également pour les sans-abri, même si aucune étude préalable ne les associe à la définition de ces services.
Nous devons d’ailleurs reconnaître que nous connaissons peu leurs besoins parce que nous n’avons jamais échangé avec eux. Nous bénéficions, sur d’autres secteurs comme le logement social par exemple, d’un relais et d’un réseau d’acteurs qui nous permettent de mener nos enquêtes en amont. Nous n’avons pas cela auprès des sans abri : nous connaissons peu leurs besoins et nous avons peu d’acteurs à solliciter sur ce champ. C’est un sujet très complexe sur lequel nous ne sommes pas spécialisés.
Des acteurs de terrain de l’urgence sociale ont une connaissance, font remonter des cas concrets liés à des conséquences d’aménagement urbain sur la vie des personnes sans abri. Serait-ce envisageable de développer des relations, une concertation sur le sujet, en phase d’étude des aménagements notamment ?
Nous sommes tous pleins de bonnes intentions. Nous voulons faire la ville pour tous mais dans nos exercices, nous rencontrons des limites. Dans ce contexte, tous les échanges avec les acteurs de la ville, notamment ceux qui travaillent auprès des plus démunis, sont toujours enrichissants. Ils permettent de rester le plus universel possible dans les aménagements que nous réalisons. Nous ne pouvons toutefois répondre à tous les besoins.
En outre, en tant qu’aménageur, nous développons des services aux populations les plus démunies. Nous essayons de trouver des solutions comme la restauration solidaire, à l’exemple des Petites Cantines. Nous cherchons des solutions avec les promoteurs. C’est aussi dans la fibre du projet de Lyon Confluence, parce qu’on veut un quartier mixte dans ses usages et les personnes qui fréquentent et vivent sur le quartier.
Très concrètement, les abords de la gare de Perrache sont fréquentés par de nombreuses personnes sans abri. Lyon Confluence a été chargée par la métropole de Lyon de réfléchir et organiser les aménagements de la gare et du centre d’échanges. Comment cette présence des personnes sans abri a influencé vos études ?
En effet, le quartier de Confluence est composé de deux secteurs qui sont différents en termes d’aménagement. Au sud, nous avons pensé les aménagements sur un espace libre et nous avons, de ce fait, plus de possibilité d’agir en créant à partir de rien. L’autre secteur est celui des abords de la gare et du centre d’échanges de Perrache, sur lequel notre intervention se fait sur un quartier existant, un quartier qui vit. Des riverains, des habitants expriment des craintes et des souhaits. La Ville et la Métropole de Lyon, futures gestionnaires du site, compétentes sur les questions de voirie et de sécurité sur les espaces publics, donnent également leurs orientations. Les aménagements futurs doivent améliorer les situations jugées problématiques.
Nous savons que les abords des grandes gares urbaines sont propices à concentrer les sans-abri. C’est le cas de Perrache. Ces personnes sont là parce qu’elles y trouvent quelque chose : des services, un espace plus propice pour la mendicité parce qu’il y a un flux important de personnes.
Sur les espaces publics et aux abords de la gare, l’aménagement doit favoriser le partage de l’espace. Les aménagements des espaces publics sont analysés également au regard de la prévention des situations risquées ou insécurisantes : mettre en place des éléments pour sécuriser, pacifier ces espaces. Une attention est portée à la nuisance éventuelle constituée par le regroupement de personnes.
L’aménagement ajoute cette contrainte dans la conception de l’espace. Concrètement, c’est surtout sur le mobilier urbain que l’on nous demande de travailler. Cela veut dire que l’installation de bancs et le type de bancs choisis vont se faire en fonction de périmètres où il est possible ou non de se regrouper. Les abords d’une gare comme celle de Perrache sont un espace public particulier à aménager. La fonction du mobilier sur un espace comme celui de Perrache est donc un peu plus réfléchi que sur d’autres aménagements d’espaces publics. Par exemple, nous avons aménagé une place près d’un collège et cette place est occupée par les jeunes du collège qui en ont fait un de leurs repères. Pour d’autres raisons, nous sommes réintervenus sur cette place, mais nous ne cherchons pas à chasser les jeunes de la place.
Justement, comment un aménageur comme Lyon Confluence agit pour favoriser la présence de tous dans l’espace public, malgré les tensions qui peuvent apparaître sur ce type d’espaces ?
Nous faisons un projet urbain pour tous, pas pour favoriser un usage ou un public spécifiques. Nous construisons une ville pour que les personnes vivent, travaillent, se divertissent. Historiquement, le quartier était à la marge, ce qui favorisait des activités comme la prostitution. Est-ce que l’aménagement chasse ces activités, ces personnes ? Ce n’est pas une intention.
Nous essayons de faire un espace public qui soit confortable pour tous, nous espérons qu’il sera également le plus confortable possible pour ceux qui y vivent, y compris pour les personnes à la rue. Mais ce n’est pas que l’affaire de l’aménageur. Après la livraison d’un espace public, la façon dont cet espace va être géré et l’acceptation des populations qui s’y installent pour y habiter, y travailler sont essentielles pour favoriser ou non ce confort et la mixité des personnes.
Article
Investigations théoriques et pratiques sur l'exclusion dans la ville, par le laboratoire de recherche et création LALCA.
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