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L’inclusion, un nouveau modèle de société ?

Illustrations de triangles bleus

Dossier

La notion d’inclusion a renouvelé le modèle dit d’intégration des années 1980. Jean-Marc Berthet explique qu’avec elle « ce n’est plus aux individus à déployer toutes leurs ressources pour accéder mais bien plutôt à la ville, à la société, à l’école de créer les conditions permettant cette accessibilité généralisée ». À ce titre, l’inclusion fait partie d’un panel d’outils conceptuels en perpétuel renouvellement depuis 40 ans. Utilisés par les chercheurs pour analyser la variété des formes de cohésion sociale et de solidarité, ils contribuent étalement à structurer le champ politique et les différents modèles de société.

Le principe d’inclusion comme ressort de la solidarité ne s’applique pas qu’aux personnes. Les villes, les quartiers et, plus largement, les territoires sont aussi concernés. Cela n’empêche pas le débat d’avoir lieu sur la spécificité des territoires et la nature de leur relation. Selon le géographe Christophe Guilluy, l’écart se creuse – confinant à la rupture, voire à la sécession – entre métropoles et territoires périphériques, composés des mondes périurbains et ruraux. Mais alors que la question sociale a été dominante dans l’analyse des banlieues, elle serait resté un impensé de la France périphérique, au moins jusqu’au brutal rappel les Gilets jaunes. Géographe également, Samuel Depraz refuse l’essentialisation des territoires. L’origine des inégalités n’est pas à rechercher dans une supposée nature – par exemple parce qu’il serait éloigné ou enclavé – mais dans des constructions sociales – par exemple, l’hyper concentration de l’emploi. De fait les territoires n’ont pas tous les mêmes ressources, ni ne bénéficient des mêmes investissements. Les effets de masse critique, qui rendent plus facile l’allocation de moyens permettant de corriger certaines de leurs difficultés, sont favorables aux métropoles.

À côté des infrastructures urbaines (voirie, transports, etc.), les infrastructures numériques portent également cette ambition de territoires plus inclusifs. Passant en revue les différents modèles de smart city, Ludovic Viévard souligne que la ville intelligente peut favoriser une ville inclusive, notamment lorsqu’elle explore les référentiels d’action de l’économie sociale et solidaire (ESS). Une étude approfondie de Seeklup / Pop‐up urbain et FRV100 montre de son côté tout le potentiel d’application aux quartiers populaires, qu’il s’agisse d’accès aux droits, de formation, d’insertion professionnelle, de citoyenneté… Accroître l’e-inclusion démocratique, c’est précisément ce que visent les Civc’Tech. Même s’il s’agit d’un mouvement encore limité et élitiste, Anne-Caroline Jambaud montre tout leur potentiel. C’est même, pour Elisa Lewis et Romain Slitine la possibilité d’une réinvention de la démocratie.
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Date : 05/03/2021