Qu’est-ce que l’hospitalité à l’échelle d’une ville ?
Article
Investigations théoriques et pratiques sur l'exclusion dans la ville, par le laboratoire de recherche et création LALCA.
< Retour au sommaire du dossier
Interview de Emilie Martin
À Oullins, au carrefour des rives de l'Yzeron et du Rhône, la réalité sociale de certains usagers n’est pas toujours un long fleuve tranquille.
Madame Martin nous présente le travail précis et précieux de son équipe, au sein du CCAS de cette commune du sud de la métropole de Lyon.
Quelles sont les actions du Centre Communal d'Action Sociale (CCAS) auprès des personnes sans-abri ?
Le CCAS d’Oullins gère l’ensemble des politiques sociales et médico-sociales hors la jeunesse, c’est-à-dire la Politique de la Ville, les seniors, la petite enfance, la santé, le handicap, le service social et le service logement. Ces deux derniers travaillent en proximité pour qu’il y ait une facilité d’échanges qui permettent une certaine fluidité et coordination des parcours. La Métropole a gardé le public « famille » à partir de sa compétence « protection de l’enfance ». Le CCAS intervient surtout auprès des personnes isolées. Sur Oullins, nous n’avons pas d’hébergement d’urgence, nous nous questionnons vivement sur l’hébergement des expulsés, squatteurs et sans abri, avec pas ou peu de réponses sur l’ensemble du territoire de la Métropole.
Les demandes de domiciliation ont explosé ces dernières années. Nous en avons au moins 100 – 120. Nous avons une commission permanente tous les jeudis matin à laquelle nous présentons les dossiers de demande d’aides facultatives, et en moyenne cinq à six demandes de domiciliation et ce, tout au long de l’année. Cette hausse est également constatée au niveau national. Au niveau métropolitain, il est engagé une réflexion, via la mise en place de groupes de travail, quant à la rédaction d’un règlement intérieur commun pour fédérer des pratiques communes. Il s’agit également de s’interroger sur les conséquences d’une domiciliation, parce qu’une demande de domiciliation ne s’arrête pas à la domiciliation, elle ouvre des droits (aides fac, accompagnement…) mais également des devoirs pour la personne domiciliée. Rappelons que ces groupes de travail ont pour objectifs l’harmonisation des pratiques qui aura toutefois ses limites : entre une commune de 20 000 habitants et une commune de 100 000 habitants, on ne pourra jamais être sur les mêmes pratiques, mais il nous faut un socle commun.
Quels sont les caractéristiques des personnes que vous accompagnez ?
Nous avons surtout à faire à un public marqué par des accidents de vie (rupture familiale, problème de santé, perte d’emploi…) et un cumul des problématiques financières, psychologiques, de logement…
Notons que le public est un public fragilisé par l’isolement, un facteur aggravant de la pauvreté. Les seniors sont particulièrement touchés, et d’autant plus avec la crise sanitaire vécue ces derniers mois.
Ces publics sont notamment en demande de besoins primaires (alimentaires et énergie). Nous les repérons principalement par le biais du partenariat local ou lorsqu’ils viennent faire une demande de domiciliation.
Nous voyons une montée en puissance de jeunes (25-35 ans) sans domicile avec des problèmes psy. Ils dorment dans leur voiture, dehors ou dans des squats. Nous avons également sur Oullins des personnes isolées et des familles qui n’ont pu obtenir une protection internationale, et qui sont dans l’obligation de quitter le territoire, ou bien qui vivent dans des squats, du type vieux bâtiments industriels.
Pour toutes ces situations, les solutions de logement ou relogement sont complexes et peu existantes à l’échelle de la Métropole. Néanmoins, nous déclenchons réactivement certains outils, notamment sur des mesures d’hygiène et de sécurité, et nous travaillons avec des partenaires locaux, comme l’Alpil ou encore la Métropole lorsque le public concerné est constitué de familles.
Enfin, nous observons une hausse du nombre de personnes qui vivent avec le minimum vieillesse ou moins, avec des problématiques de logement trop élevé et énergivore, et des difficultés à se nourrir. Ces personnes ne connaissent pas toujours les aides possibles et leurs droits, donc régulièrement nous observons un non recours à l’Allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) notamment.
Comment repérez vous ces personnes et comment se rendent-elles visibles ?
Oullins est une commune encore à taille humaine, avec une présence et action locale importante et reconnue. Les élus, agents du CCAS/Ville et les associations repèrent vite les situations complexes. Nous sommes vigilants quant aux situations visibles sur l’espace public, et nous agissons activement avec l’aide et l’accompagnement des acteurs locaux pour plus de réactivité.
En revanche, les publics dits « invisibles » sont les plus difficiles à cerner, c’est pourquoi nous développons de plus en plus les partenariats locaux, les visites à domicile, et nous essayons au mieux de sensibiliser les habitants sur le bien-être de tous et le bien vivre ensemble au sein de la ville, afin que des solidarités se créent et permettent des repérages de situations complexes. Les personnes dans les squats peuvent parfois être invisibles pendant plusieurs années.
Les assistantes sociales du CCAS ont donc un travail important d’accompagnement mais également de repérage en étroite collaboration avec les acteurs locaux qu’ils soient prévis ou publics.
Il est important de ne pas laisser des situations prendre trop d’ampleur c’est pourquoi les mots d’ordre sont proximité, réactivité et collaboration.
Au niveau de l’hygiène et de l’eau dans la ville, comment une personne à la rue peut-elle se débrouiller à Oullins ?
Sur la ville d’Oullins, nous sommes quelque peu démunis sur ce sujet, mais il existe sur des communes environnantes des lieux dédiés aux personnes sans domiciles, notamment à Gerland.
Quelles sont les autres structures oullinoises qui agissent à vos côtés ?
Nous avons mis en place, l’année dernière, une coordination de l’action sociale avec les associations caritatives notamment, celles-ci ayant une implication locale forte (le Secours catholique, le Secours populaire, les Restos du Cœur). Au fur et à mesure, nous avons fait entrer la Maison de la Métropole, le Mas et Adoma, pour avoir une meilleure coordination et visibilité de l’offre. Nous nous réunissons une fois par trimestre, et cette rencontre est très appréciée des acteurs locaux.
L’Acso, le centre social d’Oullins, est très présent sur le territoire et a une action de proximité reconnue. Il est important de noter également le travail remarquable des maraudes.
D’autres initiatives locales sont en cours, dont l’implantation des « petites cantines » portées par deux Oullinoises.
Article
Investigations théoriques et pratiques sur l'exclusion dans la ville, par le laboratoire de recherche et création LALCA.
Étude
Enseignements et interpellations prospectives issues de la série d'études [sur]vivre dehors.
Interview de Emilie Martin
Directrice du CCAS d'Oullins
Interview de Abdelkader Larbi
L’équipe du CCAS de la Ville de Lyon présente notamment deux dispositifs dédiés aux personnes sans abri.
Interview de Nicolas Basagna
Chef de projet de la SPL Lyon Confluence
Étude
Compte-rendu de la 7e plateforme Logement d'Abord.
Étude
Analyse des représentations des personnes sans-abri et de leur vie quotidienne dans le cinéma.
Interview de Zaïra Brahmi, Assistante sociale
« La ville connait une dynamique, elle est attractive pour de nouveaux habitants et pour les vénissians »
Interview de Pascale Antonelli
Assistante sociale de la Permanence d'Accès aux soins (PASS)
Étude
Regards des acteurs de terrain sur l'aide aux sans-abri, l'invisibilité et la participation.
Étude
Mettre en perspective les actions et propositions innovantes des acteurs des secteurs associatifs et privés en faveur des personnes sans domicile.
Étude
Basée sur un accompagnement aux maraudes du SAMU Social, cette étude apporte un regard sociologique sur l'utilisation de l'espace par les personnes sans-abri.
Étude
Cette étude fait le point sur les besoins fondamentaux des personnes sans-abri. Elle met en évidence le renouvellement des solutions pour « sur » vivre dans la rue au quotidien.
Interview de Louis Bourgois
Doctorant membre du Laboratoire Pacte
Interview de Edouard Gardella
Chargé de recherche au CNRS
Interview de Béatrice Pallud-Burbaud
Directrice du service au public pour les 16 bibliothèques municipales de Lyon
Étude
Ce rapport s’intéresse à la diversité des profils et des raisons socio-économiques pouvant amener un individu à la rue.
Interview de Jérôme Triaud
Directeur des 4 médiathèques de Vénissieux
Interview de Johanna Vogel
Directrice de la Médiathèque du Bachut (8ème arrondissement de Lyon)
Interview de Maud Bigot
Directrice du Pôle Urgence de l'association ALYNÉA
Interview de Pascale Pichon
Sociologue
Interview de Camille FERRY
Bénévole du Samu social de la Croix Rouge à Lyon
Étude
Comment appréhender la présence des errants dans ces nouveaux temples de la mobilité et de la consommation ?
Texte de David Grand
État des lieux de l'hébergement social suite à une enquête auprès de plusieurs structures d’hébergement accueillant des personnes étiquetées « SDF », « sortants d’hôpitaux psychiatriques », « demandeurs d’asile ».
Texte de Chris OLIVIER
Article
En 2022, la loi bioéthique ouvrait le don du sang aux homosexuels dans les mêmes conditions aux hétérosexuels. En matière de sentiment d’appartenance à une catégorie sociale, que nous apprennent les controverses qui ont abouti à cette évolution ?
Texte d'Emmanuelle Santelli
Dans le cadre d’une étude effectuée par le Groupe de Recherche sur la Socialisation, (UMR 5040 CNRS, Lyon II), Emmanuelle Santelli étudie les parcours des populations d’origine maghrébine dans une perspective intergénérationnelle : comment se construisent les trajectoires professionnelles en référence aux parcours des parents.
Ce texte s’appuie sur une enquête effectuée sur les descendants d’immigrés algériens qui ont eu des parcours réussis.
Texte de Patrice RAYMOND
Un point de vue critique du système de péréquation redistributive des recettes des collectivités.
Depuis les années 1980, la notion « d'inclusion » a remplacé le modèle « d'intégration » : mais que signifie-t-elle ?
Étude
« Ville juste », « fair city », « just city », voire « ville inclusive », ces notions invitent à penser la ville à travers la notion de justice et appellent à de nouvelles combinaisons dans les objectifs des politiques publiques.
Texte de Mónica Costa et Paulo Manuel Costa
Texte de Martine Chanal et Benoit EYRAUD
Texte d'Anna Paula Beja Horta et Joana MIRANDA