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LA CONFLICTUALITÉ, LES RAPPORTS DE FORCE ET L'EXERCICE DÉMOCRATIQUE (archives)

Illustration représentant un individu (rouge) face à une armée d'individus (blancs) en formation de flèche

Dossier

Quels sont les défis auxquels les collectivités comme le Grand Lyon se trouvent confrontées dans la gestion des conflits autour de la chose publique ?

Dans ce dossier, vous pourrez trouver le corpus formé d'une étude, de 2 recensions d'ouvrages et de deux témoignages qui apportent un éclairage sur les modes d’agir politiques qui se font jour aux marges du système représentatif.

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Date : 01/08/2014

Quels sont les défis auxquels les collectivités comme le Grand Lyon se trouvent confrontées dans la gestion des conflits autour de la chose publique ? 

 

Dans le sillon des expériences initiées dans le cadre de la politique de la ville depuis les années 80, se mettent en place dans les collectivités territoriales une panoplie de dispositifs participatifs visant à corriger le plus efficacement possible les failles de la démocratie représentative. Or ce phénomène s’accompagne d’un certain nombre de paradoxes soulevés par Loïc Blondiaux lors du débat rétro-prospectif organisé par le Grand Lyon en février 2010, « le Grand Lyon qui dialogue »: à la fois irréversible et impliquant des transformations réelles de concevoir l’action publique et construire les politiques publiques, la participation citoyenne suscite par ailleurs des critiques permanentes et un désenchantement certain au regard des limites éprouvées dans la pratique.

Parmi ces limites, la peur du conflit et du rapport de forces qui conduit trop souvent - le plupart du temps de façon non consciente - les institutions publiques à organiser des scènes de participation visant la production de consensus et le lissage de controverses. Celà entraîne un décalage croissant avec une demande sociale façonnée notamment par les réseaux sociaux et les mobilisations collectives spontanées fondées sur l’instauration de rapports de force avec les pouvoirs publics.

Face à ce relatif épuisement du modèle de démocratie participative à la française, de nouvelles expériences montent en puissance, en partie inspirées du monde anglo-saxon ou des pays du Sud. Regroupées sous la bannière de l’empowerment — ou renforcement du pouvoir d’agir des citoyens — s’appuyant sur des méthodes et des bagages théoriques issus notamment de la philosophie pragmatique, ces expériences renouent avec une approche de la démocratie plus conflictuelle que consensuelle.

Pour éclairer les modes d’agir politique qui se font ainsi jour aux marges du système représentatif, le Grand Lyon a souhaité explorer le sujet de la conflictualité autour de la chose publique. Où et quand se manifestent des conflits entre institutions et citoyens, sur la gestion de ce qui est considéré comme relevant du « bien commun » ? Comment se construisent des mobilisations collectives ou des rapports de force qui bouleversent parfois les conditions de la légitimité démocratique ou la conduite des politiques urbaines ? Quelles alliances, quelles compétences, quels registres argumentaires les acteurs impliqués mettent-ils en œuvre pour faire avancer leur cause ? En quoi ces conflits interpellent-ils le fonctionnement des collectivités locales ou des institutions en charge du service public ? Comment passe-t-on, parfois, du registre de la conflictualité à celui de la coopération, et à quelles conditions les conflits peuvent-ils être « créatifs » ?