Il y a en effet une distorsion entre le message porté politiquement et la manière dont il est traité dans sa dimension opérationnelle. On voit que les nouveaux critères arrivent mais qu’ils ne sont pas encore bien maîtrisés ni d’un côté ni de l’autre. Il est avant tout important d’avoir conscience de la complexité de ce qui est demandé aux acheteurs publics : il faut à la fois qu’ils diminuent les dépenses tout en visant des projets emblématiques pour les élus et en faisant respecter un ensemble de contraintes juridiques, environnementales, sociales… Ce sont des combinatoires qui se rejoignent au même endroit et avec lesquelles l’acheteur public doit s’efforcer de composer, à la croisée des exigences du politique, du technique et du juridique.
Pour faire avancer les objectifs d’une commande publique plus efficiente, il faut pouvoir travailler avec chacune des parties prenantes et ses propres enjeux. En tant qu’acteur public, il est important de bien expliciter ce que l’on souhaite au sein de ces nouveaux critères. Et si on veut passer à la vitesse supérieure, il apparaît primordial de travailler à bien exprimer son besoin et décliner comment les candidats peuvent y arriver. Il s’agit aussi de bien activer les leviers déjà existants pour privilégier les acteurs locaux, ce qui est l’une des ambitions du Spar : même si cela ne peut pas être un critère de sélection, il est tout fait possible d’intégrer des exigences sur la connaissance du territoire dans la consultation, ou encore de mobiliser des formats spécifiques comme celui des marchés réservés, qui permettent notamment de destiner un marché aux acteurs de l’ESS.
Du côté des entreprises, les démarches ne sont pas encore suffisamment évaluées ni valorisées, ce qui ne leur permet pas de pouvoir répondre efficacement à ces nouveaux critères. Pourtant, c’est une étape par laquelle elles doivent nécessairement passer pour pouvoir correctement répondre à un marché public. Les nouveaux critères font désormais partie de la note finale dans le processus de sélection. Ainsi, savoir y répondre représente un acte commercial qu’il faut savoir maîtriser. Cela passe par formaliser sa politique RSE, mesurer les progrès réalisés depuis le début d’une démarche écoresponsable, etc.