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Note sur le temps particulier d'une demande : de la protection des aliénés à la protection contre l'aliénation ?

Texte de Philippe Dujardin

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Date : 01/01/2003

Philippe Dujardin est politologue et travaille au Centre de recherches et d'études appliquées de la Loire CRESAL.

Les Journées du patrimoine 2002, axées sur le thème du territoire, ont offert l'occasion à la Ferme du Vinatier de débattre collectivement des caractéristiques du territoire de l'hôpital et de l'opportunité de poursuivre une démarche patrimoniale alliant qualification et protection.

En effet, le travail conduit par la Ferme du Vinatier dans le cadre du projet d'établissement contribue à éclairer les qualités patrimoniales, ethnologiques, architecturales, paysagères de cet espace aux yeux de la population. Parce qu'il recèle des clés de compréhension d'une histoire sociale fondamentale pour la collectivité ce territoire ne peut pas être traité uniquement du point de vue de sa valeur foncière, ni même de sa capacité fonctionnelle. A la fois spécifique dans son activité de santé mentale, il doit pouvoir être aussi une ressource d'interprétation de l'histoire de la maladie mentale et de la psychiatrie.

Or, la pression urbaine de son environnement inquiète les responsables de l'établissement quant à leur capacité à maintenir pour l'avenir une cohérence du territoire qui lui conserverait sa valeur de témoignage d'une histoire mais aussi sa valeur d'asile (au sens de refuge) de la folie. C'est pourquoi s'est posée pour l'établissement la question de protéger ce territoire. Le dispositif que propose le classement en Zone de protection du patrimoine architectural, urbain et paysager (ZPPAUP) permettrait de prendre en compte l'ensemble du territoire, et pas seulement l'un ou l'autre des bâtiments, et d'approfondir une étude pluridisciplinaire sur ce qu'il aurait à transmettre à la population de son histoire et de son activité particulière. C'est dans ce contexte que s'inscrit le texte ici présenté.