La première chose, c’est d’inscrire dans la loi les mécanismes de redevabilité locale dont je parlais. Qu’est-ce qui fait que la police va rendre des comptes localement et pourquoi ? Le maire, pour gagner les élections, doit s’intéresser aux problèmes locaux. On peut imaginer que celui-ci va chercher à employer la police à régler des problèmes locaux. Ce n’est pas une garantie de démocratie, bien sûr, notamment vis-à-vis des minorités. Dans d’autres pays, il y a des élections spéciales pour orienter la police. En Angleterre, par exemple, il y a des « élus locaux pour la police et la délinquance », qui ne sont pas des maires, auxquels la police rend compte, ce qui est une façon de la lier au territoire. Dans ces deux cas, il s’agit d’une mécanique par laquelle on attache la police aux citoyens à travers le système de l’élection locale pour que les besoins locaux soient pris en compte. C’est aussi le cas de l’élection des shérifs, aux Etats-Unis. En France, on ne pourrait pas le faire car il y a des obstacles juridiques et culturels, mais l’idée est intéressante : faire une boucle avec le local.
Une autre chose que l’on sait, c’est qu’il faut que la police ait formalisé une doctrine d’action sans quoi sa mise en œuvre est moins performante. On dispose d’études quantitatives qui montrent le bénéfice qu’ont tiré les villes qui ont des doctrines par rapport à celles qui n’en ont pas. Cela signifie que si on doit déployer une police de sécurité quotidienne, il est utile d’en rassembler les différents éléments dans une doctrine et d’en articuler les principes de façon logique et cohérente. Ce qui n’est pas pareil, évidemment, qu’une liste d’objectifs ou de moyens.
Enfin, au niveau des pratiques policières, la mise en œuvre de la police orientée vers la communauté permet de créer du lien et de la confiance. Pourquoi ? Parce qu’elle cherche à travailler avec la société civile, via par exemple des partenaires comme l’école, pour résoudre des problèmes complexes, type drogue, etc. Les anglais ont trouvé des effets positifs sur la délinquance. D’autres pays n’ont pas constaté ces mêmes effets, mais aucuns ne constatent d’aggravation de la délinquance, contrairement à ce qui a pu être dit en France. Donc, dans le pire des cas, la police de proximité ça n’a pas ou peu d’effet sur la délinquance mais, en revanche, elle augmente la confiance des citoyens dans la police.