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Arts appliqués : la mise en place des écoles d’art et des musées

Étude

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Date : 23/11/2006

Les arts appliqués constituent un des éléments moteurs de la croissance des agglomérations de Lyon et de Saint-Étienne à partir de la fin du XVIIIe siècle. En effet, ces villes ont développé des savoir-faire extrêmement puissants et sophistiqués en relation avec l’industrie dans les domaines de la soie, de la passementerie, des armes, des cycles, etc. Ces activités ont connu, au cours des deux siècles passés, de multiples bouleversements, qui se traduisent notamment dans les institutions de formations et dans celles destinées montrer les productions. Les fabricants et les industriels ayant besoin d’une main d’œuvre très qualifiée et capable de s’adapter aux contraintes de la production en série, ont souvent financé les premières écoles d’application, qui sont ensuite passées dans le giron public. Ces écoles formaient alors des « artistes industriels », qui ont aussi cherché à faire valoir un point de vue détaché des contingences de la production en série, contribuant à faire évoluer les écoles appliquées en écoles d’art. Par ailleurs, ces villes et leurs notables ont éprouvé le besoin de rendre compte de leur identité, en soutenant des musées qui leur permettent à la fois de montrer qui ils sont et de contribuer à la formation des artistes industriels. Les musées à leur tour ont connu différentes évolutions, certains demeurant des institutions pilotées parles institutions économiques, d’autres allant plus ouvertement vers les beaux-arts et un fonctionnement financé par les collectivités publiques. Les dates marquantes compilées ici retracent les grandes étapes du développement des écoles d’art et des musées de Lyon et de Saint-Étienne. Elles permettent d’obtenir des repères sur les épisodes marquant de l’histoire de ces institutions. 

XVIIe siècle
1676 : Louis XIV autorise la création d’écoles académiques en province placée sous l’autorité de l’Académie royale de Paris.

XVIIIe siècle
1756 : À Lyon, une «société de douze amateurs » crée l’École gratuite de dessin pour le progrès des arts et celui de la manufacture. Cette école a pour vocation de former des dessinateurs travaillant pour les soieries lyonnaises. Les professeurs sont nommés et désignés par l’Académie royale. Elle est installée Place du change.
1769 : Sous le Consulat, l’École gratuite de dessin devient l’École royale académique de dessin et géométrie.

XVIIIe : Pendant toute cette période, des cours de gravure, de sculpture, de ciselure se développent dans les divers ateliers stéphanois. Ces ateliers sont dirigés par des artisans renommés, comme Jacques Olagnier, qui fut le premier à créer un cours d’enseignement artistique. De nombreux graveurs s’y forment, et notamment Augustin Dupré.
1780 : À Lyon, l’École royale académique de dessin et géométrie devient l’École royale gratuite.
1796 : Inauguration d’une École centrale dite Conservatoire des arts dans l’ancienne Abbaye des dames bénédictines de Saint-Pierre (place des Terreaux à Lyon).
1799 : Une école spéciale de dessin pour la fleur, formant des artistes se destinant aux manufactures, est ouverte à Lyon.

XIXe siècle
1801 : Création par décret consulaire du Musée des beaux-arts de Lyon.
1803 : Le Musée des beaux-arts de Lyon s’installe au Palais Saint-Pierre, le couvent de Bénédictines de la Place des Terreaux qui avait été réquisitionné à la Révolution. Les premières œuvres du musée sont issues de la confiscation d’œuvres saisies dans les églises. Par la suite, la collection du musée s’étoffe des confiscations faites par Napoléon en Italie.
1803 : Des cours de dessin sont dispensés dans la sacristie de l’ancien Couvent des Minimes (actuelle église Saint-Louis à Saint-Étienne).
1805 : L’École de dessin de Saint-Étienne est transférée dans un immeuble communal sur la place de l’Hôtel de Ville.
1807 : L’École royale académique de dessin et de géométrie de Lyon est transférée dans les locaux du Palais Saint-Pierre et prend le nom d’École nationale des beaux-arts de la Ville de Lyon. On y enseigne la peinture pour la figure, la peinture pour la fleur, l’architecture et les ornements, la sculpture mais aussi la mise en carte pour la soierie.
1815 : Une salle consacrée à la peinture de fleurs, le Salon des fleurs, est ouverte au Musée des beaux-arts de Lyon. Elle vient en complément à la formation des artistes de l’école de dessin, qui y trouvent là une source d’inspiration.
1833 : Création par un groupe d’industriels stéphanois du Musée de la fabrique. Ce musée est à la fois la vitrine et le lieu de conservation des productions de l’industrie d’art de Saint-Étienne.
1840 : Fermeture du « Salon des fleurs » du Musée des beaux-arts de Lyon.
1848 : L’École royale et spéciale de dessin et des beaux-arts de la ville de Lyon prend le nom d’École nationale des beaux-arts. On y enseigne la peinture, la sculpture, l’architecture, la gravure et la lithographie, l’anatomie et la physiologie des formes appliquées aux beaux-arts, l’histoire de l’art, l’archéologie, la géométrie pratique, la géométrie descriptive, la stéréotomie et la perspective. 
1851 : Une galerie consacrée aux artistes lyonnais est ouverte au Musée des beaux-arts de Lyon. Jusqu’en 1880, de nombreuses toiles de l’école lyonnaise seront acquises par le musée.
1851 : Le Musée de la fabrique de Saint-Étienne s’enrichit de la collection d’armes du Maréchal Oudinot.
1857 : Le Conseil municipal de Saint-Étienne approuve le projet de l’architecte Etienne Boisson pour la construction d’une école de dessin sur le clos Giraud, actuel emplacement de l’École régionale des beaux-arts.
1858 : Création à Lyon de l’École de dessin pour dames et demoiselles qui fonctionnera jusqu’en 1953.
1859 : L’École de dessin de Saint-Étienne ouvre ses portes.
1861 : L’ensemble de la collection du Musée de la fabrique de Saint-Étienne est installé au Palais des arts.
1864 : Création du musée d’art et d’industrie de Lyon par la Chambre de commerce au second étage du Palais de la bourse. De ce musée naîtront deux musées distincts : le Musée des tissus et le Musée des arts décoratifs.
1876 : Les cours de dessin de l’École nationale des beaux-arts sont dispensés dans les écoles municipales de dessin de Lyon. Ces écoles sont destinées aux ouvriers et apprentis afin qu’ils acquièrent les connaissances de dessin et de modelage indispensable à leur profession. À la fin du XIXe, on compte 7 écoles de dessin municipales.
1878 : Le Musée des beaux-arts de Lyon est rénové et étendu.
1884 : L’École de dessin de Saint-Étienne prend le nom d’Ecole régionale des arts industriels. Sont adjoints à l’enseignement artistique des enseignements scientifiques et techniques. On y enseigne l’architecture, l’anatomie, l’histoire de l’art, le dessin, la sculpture, la peinture décorative, la gravure et la ciselure, le dessin géométrique, la mise en carte, le tissage, la mécanique et la géométrie.
1889 : Création du Musée des arts et de l’industrie à Saint-Étienne. Marius Vachon, après une enquête en France et en Europe sur les musées et les écoles d’art, constate le retard Français en matière d’apprentissage et de formation artistique dans les métiers d’art. Il propose alors de restructurer le Musée de la fabrique pour en faire un véritable Musée d’art et industrie, qui se conçoit comme un lieu de conservation et de formation, destiné aux artistes stéphanois, aux dessinateurs de rubans et graveurs sur armes, issus de l’École régionale des arts industriels. Un bâtiment néo-classique magnifiquement situé sur Saint-Étienne est construit pour installer le Musée des arts et de l’industrie. Il est toujours en usage aujourd’hui.
1891 : Le Musée d’art et d’industrie de la Ville de Lyon se spécialise sur les étoffes et devient le Musée des tissus. Il demeure néanmoins dans les locaux du Palais de la bourse.

XXe siècle
1924 : L’École régionale des arts industriels de Saint-Étienne prend le nom d’École régionale des beaux-arts.
1925 : Un groupe d’industriels mécènes achète l’hôtel particulier Lacroix-Laval, rue de la Charité à Lyon, pour y installer le Musée des arts décoratifs, qui demeure placé sous la houlette de la Chambre de commerce et d’industrie de la ville.
1945 : Le Musée des tissus est transféré du Palais de la bourse à l’Hôtel de Villeroy rue de la charité.
1960 : L’École nationale des beaux-arts de Lyon s’installe rue Neyret, dans un bâtiment construit à cet usage.
1976 : La Ville de Lyon créé l’Espace lyonnais d’art contemporain (Elac).
1984 : Une section art contemporain est créée au Musée des beaux-arts de Lyon.
1984 : Première édition d’Octobre des arts, événement annuel dédié à l’art contemporain, placé sous l’autorité de la section art contemporain du Musée des beaux-arts. Octobre des arts présente de très nombreuses expositions dans l’agglomération lyonnaise.
1988 : Dernière édition d’Octobre des arts à Lyon.
1988 : La section art contemporain du Musée des beaux-arts de Lyon devient un Musée d’art contemporain autonome reconnu par la Direction des musées de France (DMF).
1980 : À la fin des années 1980, la collection du Musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne est éclatée en trois lieux différents. Ne restent dans le bâtiment d’origine que les collections consacrée à l’art industriel : armes, cycles et rubans.
1987 : Création du Musée d’art moderne de Saint-Étienne dans un bâtiment dessiné par l’architecte Didier Guichard. Ce musée possède une des plus importantes collections d’art contemporain et de design de France (donateurs multiples).
1991 : Première édition de la Biennale d’art contemporain de Lyon. Elle est organisée par le conservateur du Musée d’art contemporain, via une association spécifique.
1995 : Inauguration du bâtiment abritant le Musée d’art contemporain de Lyon, dessiné par l’architecte Renzo Piano, sur le nouveau quartier de la Cité internationale.
1998 : La rénovation du Musée des beaux-arts de Lyon, qui s’est étalée sur plusieurs années, prend fin. Elle a été financée conjointement par l’Etat et la Ville de Lyon. Le Musée des beaux-arts comprend alors cinq départements : antiquités, objets d’art, arts graphiques, peintures, sculptures. Il illustre toute l’histoire de l’art occidental.
1998 : Première édition de la Biennale internationale du design de Saint-Étienne. Elle est alors organisée par l’École régionale des beaux-arts de Saint-Étienne.
2001 : Réouverture du Musée d’art et d’industrie de Saint-Étienne après de nombreuses années de travaux.
2006 : La Biennale internationale du design de Saint-Étienne est placée sous la responsabilité de la Cité du design.
2007 : L’École nationale des beaux-arts de Lyon s’installe aux Subsistances « Lieu de confrontation et d’expérimentation consacré aux nouveaux langages du spectacle vivant ». Elle y constituera le pôle arts visuels. Par ailleurs, l’École municipale des arts appliqués de la Ville de Lyon est fondue à l’École nationale des beaux-arts.
2007 : L’École régionale des beaux-arts de Saint-Étienne devient l’École supérieure art et design de Saint-Étienne et s’installera à terme dans les locaux de la Cité du design.