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Sentiments d'injustice

Groupe de manifestants

Dossier

Une réflexion au long cours, un chantier à ciel ouvert

Il serait difficile de dire à partir de quand la Direction de la Prospective et du Dialogue public a commencé à réfléchir à la notion d’injustice, aux sentiments qu’elle génère, et à la défiance qu’elle provoque. En revanche, la pertinence de ce questionnement n’a fait que se confirmer au cours de la dernière décennie. De sous-jacent, il est aujourd’hui sur le devant de la scène.

De l’inégalité objectivement observable au sentiment d’injustice, on passe à travers le miroir de processus intangibles, et qui pourtant structurent en profondeur les mouvements de la société. Cette tension sociale ne cesse d’interpeller l’action publique et d’appeler des réponses politiques, car elle constitue l’une des bases de leur acceptabilité. Transversale, on la retrouve au coeur des débats sur les politiques de développement durable, de mobilité et d’urbanisme, de politique de la ville, ou encore dans des questions a priori plus « techniques », telles que celles liées à la distribution d’eau potable.

Pour les agents des services publics, acteurs de la cohésion sociale, l’impression est chaque jour plus grande d’être confrontés à des citoyens-usagers se percevant comme en concurrence les uns avec les autres, et dénonçant systématiquement un « système » injuste.

Progressivement, les clivages sociaux semblent glisser de la traditionnelle lutte des classes vers la confrontation d’identités singulières, avec comme premier enjeu la dignité de chacun, plutôt que l’égalité entre tous. De plus en plus éruptive, la société se fragmente, le débat public consacrant chaque jour plus de place à la juxtaposition de revendications particulières, au détriment de solidarités traditionnelles. Il n’est pas question de douter de la force des progrès récents en matière de lutte contre les discriminations, obtenus par le biais de ces mobilisations nouvelles. Au contraire, il s’agit de mieux en comprendre les ressorts, et éventuellement d’en prévenir les écueils.

Comprendre le sentiment d’injustice, c’est entendre les raisons de la colère. Prendre le temps de décrypter les sentiments de l’autre, c’est renforcer sa légitimité à agir en son nom. Finalement, on ne parle là que de démocratie. Chaque jour, un fossé se creuse, qui sape un peu plus les fondations de notre maison commune. C’est pour tenter de le combler que ce vaste chantier a été lancé sur Millénaire 3.

Bonne lecture !
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Date : 17/02/2020