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Ouverture de la journée de prospective par Karine Dognin-Sauze

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Illustration représentant une ville "du futur" sur laquelle règne Google

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Karine Dognin-Sauze pose le constat en ouverture de la séance : "Nous devons admettre une nouvelle réalité. Le virtuel s’imprègne et prend place dans la réalité, créant une sorte de mixité entre des échanges réalisés au sein des réseaux sociaux et des impacts directs dans nos vies".

Cette mixité, justement, définit la "ville hybride" ; un terme porteur de sens qui aura d'ailleurs grandement marqué les échanges, en particulier lors de la dernière table ronde, justement consacrée au couple "Ville réelle, ville virtuelle".

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Date : 19/04/2011

Je suis ravie de vous accueillir au sein de l’Hôtel de la Communauté, lieu de débats et décisions qui impactent directement l’administration du territoire du Grand Lyon. Nous sommes rassemblés aujourd’hui pour évoquer notamment la mondialisation du numérique, qui a des effets puissants sur nos vies, nos organisations et nos économies. De fait, nous utilisons couramment le terme de révolution pour désigner les transformations induites par la démocratisation d’Internet, par l’explosion des réseaux sociaux et la culture de la mobilité adoptée par le plus grand nombre.

Nous pourrions à juste titre parler de révolution plurielle, tant ces technologies et ces nouveaux comportements sociaux se sont diffusés dans notre société. Ces transformationsrévolutionnent par ailleurs notre accès à la connaissance. Elles engendrent une diffusion massive de l’information à laquelle nous devons faire face. Elles redéfinissent considérablement notre rapport aux autres, au temps et à l’espace. Elles ont refondu les modes de transactions. Elles s’expriment dans notre lien à la ville. 

J’ai, comme certains d’entre vous, visionné quelques films lors du festival Lumière. Nous avons ainsi pu redécouvrir des œuvres qui étaient vouées à disparaître, et qui, du fait des changements technologiques, ont pu être sauvées par de nouveaux procédés. Cela me semble révélateur de cette antinomie et de la difficulté d’aborder cette question, tant le numérique est perçu à la fois comme un danger tout en présentant des bienfaits.

Lors d’une récente émission de radio pour la promotion de son film Arthur, Luc Besson y exposait, de façon pertinente, que désormais, la technique n’avait plus pour seule limite que l’imagination. Il y révélait qu’il s’apprêtait à travailler sur un nouvel opus, dans la lignée du Cinquième Elément , en revisitant son œuvre grâce aux nouveaux procédés techniques disponibles. La puissance des évolutions technologiques peut donc ouvrir les inspirations. 

Récemment, la sortie de The Social Network au cinéma a constitué un signe fort, y décrivant une nouvelle économie numérique, à l’échelle des effets du fi lm Wall Street voici une dizaine d’années. Ce sont des témoignages qui démontrent que le numérique implique des bouleversements considérables dans notre vision du monde. Ces changements ont été abordés à une vitesse considérable, qui ne correspond pas au rythme politique. Je vous avoue que nous connaissons en tant qu’élus des difficultés face à ces révolutions.

Cette accélération sans précédent de l’intrusion technologique dans nos vies et nos modèles de société implique des réflexions sur la conséquence de la société numérique. Nous devons nous emparer de ce potentiel numérique pour façonner un modèle de vivre ensemble qui soit souhaité, et non pas subi du fait de pratiques individuelles. L’important n’est sans doute pas de se positionner dans cette course à la technologie, mais davantage de comprendre comment le numérique permet de repenser notre urbanité et prendre place dans nos politiques publiques.

Ce fait constitue une nouveauté pour une collectivité, qui a pour tradition de réaliser pour ses administrés dans leur ensemble. Aujourd’hui, nos choix collectifs doivent être associés à des pratiques individuelles. Les réseaux sociaux et le Web 2.0 permettent de capter une intelligence collective, à condition d’obtenir l’adhésion des citoyens et d’admettre une nouvelle centralité du citoyen dans sa vie. Le citoyen en est à la fois l’acteur, le producteur et un émetteur de savoirs. Il en découle une refonte totale du rapport entre l’individu et la collectivité. Cela constitue également une source d’innovations extraordinaire, avec des expérimentations qui utilisent l’espace public. Nous en avons pleinement conscience au Grand LyonNous devons aussi admettre une nouvelle réalité. Le virtuel s’imprègne et prend place dans la réalité, créant une sorte de mixité entre des échanges réalisés au sein des réseaux sociaux et des impacts directs dans nos vies. De fait, la manière dont le savoir se construit et se partage est en plein bouleversement. Les liens sociaux prennent eux-mêmes une nouvelle dimension, qui débouche sur une démarche collective laissant place à la contribution de ses acteurs dans la gestion de ville et de l’environnement urbain.

Cette nouvelle interactivité est la manifestation de l’omniprésence de l’intégration des technologies numériques dans nos modes de vie. La collectivité se doit donc de repenser son rapport aux usagers. Elle n’en a certes pas vraiment le choix, mais ne peut qu’en bénéficier : les solutions envisagées seront d’autant plus pertinentes qu’elles impliqueront directement les individus.

Nous entendons beaucoup parler de la notion de smart city, ou ville intelligente. Il s’agirait de laisser la ville se réaliser avec les concitoyens en leur donnant accès à des données quijusqu’ici étaient réservées aux collectivités. Les choix sont nombreux. L’important est de trouver une symbiose entre ce que nous souhaitons, en tant que collectivité, mettre en placedans notre territoire, en respectant sa singularité. 

Le Grand Lyon a souhaité se saisir de ces enjeux depuis longtemps. Nous avons ainsi pris la posture d’intégrer la dimension numérique dans l’ensemble des politiques publiques, comme source d’innovations. De même, ces questions sont au cœur d’une réflexion pour une nouvelle urbanité. Notre stratégie est donc globale. Elle intègre les déploiements de réseaux télécoms, l’innovation par le numérique pour accélérer le développement économique et une démarche d’expérimentation pour de nouveaux usages.

Nous souhaitons une politique qui place l’expérimentation au cœur de l’espace public, pour donner une nouvelle centralité à l’usager dans ce processus de création. Nous avons ainsi mis en place une démarche intitulée Services et usages innovants. Nous avons mobilisé différents acteurs locaux, rejoints par des élus politiques. Le but est de présenter le principe de projets transversaux et structurants sur l’agglomération. Une série de rencontres et d’échanges s’est déroulée entre les partenaires et les élus, autour de plusieurs modules, de plusieurs thématiques : culture, savoir, tourisme, mobilité, démocratie participative.... Elles ont abouti à une publication qui vous a été distribuée à votre arrivée et vous sera présentée subséquemment. 

Tel est l’objet de la mission numérique du Grand Lyon, avec l’appui d’un service dédié, la Direction de la Prospective et du Dialogue Public, qui incube les politiques publiques. Je remercie les organisateurs, les intervenants et les participants de leurs présences aujourd’hui. Je suis également particulièrement heureuse de voir l’École Nationale des Beaux-arts impliquée dans cette organisation. Je me félicite en fin que cette journée soit l’ouverture d’une semaine de workshops avec les étudiants de l’École des Beaux-arts. Je vous souhaite une belle journée