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L'approche lyonnaise du Patrimoine

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L’approche lyonnaise fait évoluer le concept de Patrimoine : de simple monument il devient territoire vivant. De la période romaine à la Renaissance, la ville s’étend vers l’Est mais doit également se reconstruire sur elle-même pour accompagner sa croissance. Les architectures des différentes époques se mêlent et sont intégrés au bouillonnement d’une ville qui se développe. Cette tradition d’un patrimoine mélangé et vivant est encore présente aujourd’hui.

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Date : 15/12/2003

4 chronologies :

  • Le Centre historique, un patrimoine qui se construit à travers les âges
  • L’aménagement de la pointe de la Presqu’île, un enjeu de tout temps très controversé
  • La difficile conquête de la rive gauche du Rhône
  • Depuis le 20ème siècle, une nouvelle approche métropolitaine du Patrimoine a structuré la ville

 

Le Centre historique, un patrimoine qui se construit à travers les âges

17ème siècle : De nombreux édifices sont construits dans le centre de la Presqu’île dont l’Hôtel de Ville (1646-1672) d’inspiration florentine, le couvent des Bénédictines de Saint-Pierre (1659-1685) ou l’Hôtel Dieu (1623-1631).

19ème siècle : Avec l’invention du métier Jacquard (1808) et le développement de l’industrie de la soie, la Fabrique et "l’habitat canut" structuraient de manière durable l’architecture des Pentes de la Croix-Rousse. Bâtiments rapprochés, plafonds hauts pour accueillir les métiers à tisser, traboules pour circuler… autant de caractéristiques qui font encore aujourd’hui partie de la vie quotidienne des habitants.

1860 : Le préfet Vaisse fait percer les grandes artères centrales (l’actuelle rue de la République et la rue du Président Herriot) dans une logique très haussmannienne.

1962 : La loi Malraux définit des « secteurs sauvegardés » et la notion de patrimoine change de sens. Il ne s’agit plus simplement des monuments isolés mais de tout ensemble urbain ou rural porteur d’histoire. En 1964, le quartier du Vieux Lyon est le premier en France à bénéficier de ce label et d’un Plan de Sauvegarde.

1994 : Le classement des Pentes de la Croix-Rousse en Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP) entend protéger le caractère exceptionnel du patrimoine architectural et de la « silhouette » générale du quartier. Il permet aussi le développement d’une architecture contemporaine et de réhabilitations respectueuses de ce contexte.

1998 : L’ensemble du site historique de Lyon est inscrit au patrimoine de l’humanité par l’UNESCO. Ce territoire de plus de 500 hectares témoigne de la continuité de l’installation urbaine pendant près de deux siècles. Des bâtiments et quartiers de toutes les époques forment un patrimoine exceptionnel qui est encore bien vivant et qui constitue le cœur de la cité.

 

L’aménagement de la pointe de la Presqu’île, un enjeu de tout temps très controversé

1760 : Michel Antoine Perrache présente un projet pour agrandir la ville et assainir les marais au Sud de la Presqu’île. En 1772, les travaux commencent : un quai et un nouveau pont sont construits. Mais ces travaux sont rapidement abandonnés. Ce n’est qu’en 1828 que le marquis Jean de Lacroix Laval, maire de Lyon, lance une véritable opération de "marketing territorial" pour relancer ce projet et inciter des investisseurs privés à aménager la pointe de la Presqu’île de Perrache pour y développer de nouvelles industries.

1971 : Louis Pradel, "l'amoureux du béton", construit le tunnel de Fourvière qui fait passer l’autoroute en plein centre-ville et coupe la Presqu’île en deux. Il démarre ensuite les travaux pour la construction du Centre d’Échanges de Perrache (1972-1976).

1998 : Raymond Barre lance un nouvel appel à projets pour aménager les 150 hectares du Confluent. Pôle de loisirs, Musée des Confluences, autant d’équipements et d’aménagements qui devraient voir le jour à partir de 2006…

 

La difficile conquête de la rive gauche du Rhône

1384 : Construction du premier pont « en dur » sur le Rhône à l’emplacement de l’actuel pont de la Guillotière.

1774 : Morand dirige les travaux d’assainissement des marécages des Brotteaux et construit un grand pont qui permet à la ville de prendre pied sur la rive gauche du Rhône et ouvre de nouvelles perspectives de développement vers l’Est.

1860 : Le préfet Vaisse fait construire des digues sur le Rhône pour limiter l’impact des crues sur la rive gauche.

1866 : Le faubourg de la Guillotière, récemment annexé à Lyon, compte 87 700 habitants (soit près de 15 fois plus qu’en 1800).

Fin du 19ème siècle : Les administrations et la bourgeoisie commencent à traverser le Rhône et de belles demeures se construisent sur l’avenue de Saxe, autour de la nouvelle préfecture (construite entre 1883 et 1890) et le long des quais au côté des Facultés du quai Claude Bernard (1890-1898).

2003 : Aujourd’hui, l’expansion urbaine de Lyon se fait majoritairement vers l’Est et les deux nouvelles lignes de tramway qui sont en projet veulent accompagner ce mouvement : LEA vers les communes de l’Est et LESLYS vers l’aéroport de St Exupery.

 

Depuis le 20ème siècle, une nouvelle approche métropolitaine du Patrimoine a structuré la ville

1905 : Edouard Herriot fait appel à Tony Garnier pour doter la ville de grands équipements nécessaires à son développement et construire la « ville idéale ». Il fait construire les Abattoirs de la Mouche (1908-1913), l’hôpital Grange Blanche (1913-1930), le stade de Gerland (1914-1926), la cité des Etats-Unis (1925)… L’empreinte de cet architecte a fortement marqué la ville et par exemple, en 1967, le stade est inscrit à l’inventaire des monuments historiques. De même, le quartier des Etats-Unis est restauré dans les années 80 et, en 1991, le musée urbain Tony Garnier reçoit un label UNESCO.

1930-1934 : L’urbaniste Leroux mène à bien un projet urbanistique total pour créer la Cité des Gratte-Ciel à Villeurbanne organisée autour de deux édifices publics majeurs : l’Hôtel de Ville et le Palais du Travail. Deux gratte-ciel de 19 étages forment une porte monumentale sur le cours Emile Zola.

1951-1953 : R. Gagès et F. Grimal créent à Bron Parilly une « unité de voisinage » de 2 600 logements. Il s’agit de construire de grands ensembles architecturaux pour compenser la pénurie de logements, tout en visant l’idéal de Le Corbusier du droit universel à l’hygiène et à la clarté.

1958 : Jean Zumbrunnen mène un projet de grande envergure à la Duchère pour mettre en pratique les règles du Mouvement Moderne, rationalité et objectivité. "La barre des Mille" fait ainsi partie des aménagements issus du classement en ZUP (Zone à Urbaniser en Priorité) de ce quartier. En 2003, le quartier de la Duchère évolue, l'objectif étant de proposer aux habitants une plus grande variété d'habitat et une diminution des logements sociaux. 162 logements de "la barre des 200" sont démolis.

Années 1960-70 : Louis Pradel fait construire de nouveaux équipements structurants pour l’agglomération avec l’aéroport de Satolas, la Bibliothèque municipale de la Part Dieu (1968-1973), le Centre d’Echanges de Perrache (1972-1976), le métro (1978), la Tour du Crédit Lyonnais (1973-1977), l’Hôtel de la Communauté Urbaine (1973-1976)…

1970 : Robert Thévenot, Architecte des Monuments de France, lance une première opération de coloration de la façade du musée Gadagne. Les couleurs de la renaissance italienne sont retrouvées et se diffusent progressivement dans tout le Vieux Lyon et sur les quais de Saône. L’image d’un Lyon gris et triste va disparaître.

1989 : Le Plan Lumière est proposé par Michel Noir et Henry Chabert : un éclairage très sophistiqué met en valeur les bâtiments historiques, qui restent illuminés pendant toute l’année.

1991 : Le musée urbain Tony Garnier est le seul projet français à recevoir le label de la « Décennie mondiale pour le développement culturel ». L’UNESCO reconnaît ainsi le caractère innovant de ce musée en cohérence avec son programme : il met en avant la dimension culturelle du développement, il affirme et enrichit les diversités culturelles, il élargit la participation à la vie culturelle et il encourage la coopération culturelle internationale.

Années 1990 : De nombreux projets de revalorisation du patrimoine plus ancien sont menés. On assiste au réaménagement de la Place des Terreaux par Buren (1994), à la réhabilitation du patrimoine industriel de la Manufacture des Tabacs occupée aujourd’hui par l’Université Lyon III, la Gare des Brotteaux avec sa salle des ventes et ses antiquaires, ou la Halle Tony Garnier qui accueille de nombreuses manifestations culturelles ou commerciales.

Années 1980-2000 : L’architecture contemporaine trouve sa place dans la ville et s’intègre au patrimoine avec par exemple l’Ecole Normale Supérieure (1987, Philippe Dubois-Brunet et Daniel Barraud), la Maison du Livre, de l’Image et du Son de Villeurbanne (1988, Mario Botta), le Parking des Célestins (1994, Daniel Buren), l’Opéra (1994, Jean Nouvel), la Cité Internationale (1998, Renzo Piano)…