Cinéma et numérique
Interview de Joël LURAINE
Directeur du Pathé, Vaise
Dossier
Le cinéma de papa (Claude Berri, 1970)
Le Festival Lumière 2009 revendique la célébration d’un « cinéma classique » - d’aucuns diraient : « cinéma à papa » - : des films du patrimoine, visionnés en salle, sur grand écran. www.lumiere2009.org Pas question de montrer des « films pockets » réalisés à partir de téléphone portable, des films hybrides ou des expériences de cross-média, déclinaison d’une proposition filmique sur plusieurs supports (internet, télévision, téléphone mobile, cinéma). Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière et du Festival Lumière, défend ardemment ce parti-pris : « Lumière 2009 est également fait pour expliquer à ceux qui pensent qu'aimer voir ou revoir un film qui a plus d'une semaine d'existence revient à aimer le "cinéma de papa". C'est témoigner d'un certain mépris pour le cinéma que de lui refuser ce qu'on accorde à la musique ou à la littérature. Mozart c'est de la "musique à papa" ? Picasso c'est de la "peinture à papa" ? Mais c'est aussi témoigner du même mépris pour le public qui se rue chaque année sur les DVD, sur les films rediffusés à la télévision, ainsi qu'à la cinémathèque française ou à l'Institut Lumière. Quand TF1 rediffuse un film à une heure de grande écoute, c'est passéiste ? Rien n'est moins sûr. »
Par ailleurs, Lumière 2009 a livré un joli pied de nez à tous les fans de nouvelles technologies, en présentant, le soir de l’ouverture de la manifestation, des films des frères Lumière… en relief, à visionner avec des lunettes bicolores. « Il n’y a pas que James Cameron et Shrek 4 ; déjà les frères Lumière tournaient en 3D ! » souligne Thierry Frémaux.
Si l’on peut s’amuser de la nouveauté toute relative des dites « nouvelles » technologies, on ne peut nier qu’aujourd’hui, elles exercent une emprise très forte dans de nombreux domaines. Elles façonnent une véritable « culture numérique » qui génère de nouvelles images et de nouveaux usages ; et génère de profondes mutations.
Je vais bien, ne t'en fais pas (Philippe Lioret, 2006)
Avec 6,3 millions de spectateurs en 2008, les salles de l’agglomération lyonnaise accusent une augmentation de 12%, ce qui est supérieur à la hausse de 6,7% observée en France. Cette vitalité s’explique, nationalement, par l’effet Bienvenue chez les ch’tis et localement par l’ouverture du Pathé Vaise qui vient compléter une offre de salles en constante augmentation, qui couvre un secteur géographique plus large. « L’ouverture de Pathé Vaise a entraîné une vraie création de spectateurs car l’emplacement est au centre d’une zone (Monts du lyonnais, rives de Saône), où il y avait peu d’offres ; les gens allaient donc peu au cinéma » assure Joël Luraine, directeur du Pathé Vaise (+ 25% de fréquentation en 2009).
En 2008, l’agglomération lyonnaise comptait 38 établissements, soit 127 salles, nombre porté à 144, soit 27 529 places en 2009 avec la livraison du Carré de Soie et la réouverture du cinéma Gérard Philipe rénové à Vénissieux. Si les multiplexes péricentraux et de périphérie ont créé de nouveaux spectateurs, ils ont aussi pris des parts de marché aux multiplexes et complexes généralistes du centre de Lyon, et en moindre mesure aux cinémas de proximité
La vallée des géants (Raoul Walsh, 1952)
Mais les chiffres semblent masquer une situation de plus en plus tendue, comme l’explique Colette Périnet, présidente du GRAC, Groupement régional d’actions cinématographiques : « Les chiffres annoncés sont excellents (…) mais cachent la réalité de la petite exploitation, dont nous faisons partie majoritairement, et qui souffre de l’implantation de nouveaux multiplexes. CinéDuchère, Ecully, Oullins et Décines sont durement touchés depuis l’ouverture de Pathé Vaise et Carré de Soie. (…) Trois multiplexes supplémentaires, ça dérégule ce qui existait sur l’agglomération. En terme de fréquentation, mais aussi d’accès aux copies. Les relations avec les distributeurs sont plus tendues ; la pression est plus forte. » Colette Perinet, présidente du GRAC...
Marche à l'ombre(Michel Blanc, 1984)
Les équilibres sont fragilisés, et la concurrence des cinémas avivée autour notamment du créneau très disputé de « l’art et essai porteur » qui permet aux indépendants d’assurer leur équilibre économique et sur lequel mordent désormais les multiplexes du centre ville.
« L’UGC ciné cité propose depuis dix ans le meilleur du commercial et le meilleur de l’art et essai. Le Pathé Bellecour s’est mis lui aussi à programmer des films d’art et essai et des films en VO et ce positionnement nouveau m’inquiète. On est désormais concurrencé sur la base de ce qui fait notre équilibre économique » explique Marc Bonny, directeur du cinéma Le Comœdia.
Ouvert en 2006, le cinéma Le Comœdia n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité (autour de 300 000 spectateurs) mais résiste et continue à se développer. En revanche, pour les CNP, la situation est critique. Manque d’investissements dans des salles désormais vétustes, retards de paiement, mauvaises relations avec les distributeurs… le réseau des CNP accumule les handicaps qui le privent aujourd’hui de copies (Mickaël Man de Woody Allen n’a ainsi pas été accordé aux CNP), et le précipitent dans le marasme.
Le CNP Odéon, la plus belle salle du réseau, a ainsi fermé en septembre 2009 et le programmateur historique de ces salles, Marc Artigau, a été mis à pied en pleine célébration du Festival Lumière 2009.
Un collectif de spectateurs des CNP, organisé en groupe de travail, réfléchit actuellement à la pérennité d’un lieu de diffusion alternatif. « On pense que d’emblée ce lieu doit délaisser le créneau « art et essai porteur » trop disputé et penser une autre manière de montrer d’autres films » explique Jean-François Buire, président du collectif Les Inattendus. « Je crois beaucoup au travail de programmation ; il faut inventer une programmation qui mélange le très récent et le très ancien en faisant des choix » poursuit-il.
L’enjeu est important car le réseau de salles des CNP est le garant d’une vraie diversité cinématographique dans le Grand Lyon. « Une étude du CNC montre que sans les CNP et le Comœdia, environ 150 films par an, dont les deux tiers pour les CNP, ne seraient plus visibles à Lyon » souligne Marc Bonny.
Aide-toi le ciel t'aidera ( François Dupeyron, 2008)
Alors, faut-il laisser la loi du marché de la concurrence continuer à déséquilibrer le paysage cinématographique ?
Au niveau national, il existe un médiateur du cinéma qui a un vrai pouvoir d’injonction de régulation du marché. Il est de plus en plus saisi par des acteurs lyonnais pour arbitrer des conflits (notamment pour l’obtention de copies).
D’autres différends sont portés devant les tribunaux (UGC a attaqué le Comœdia, et plus récemment la salle Gérard Philipe). Tout récemment, le tribunal administratif de Lyon a rejeté la demande du Pathé Bellecour à être affilié au dispositif « carte M’ra » piloté par la Région Rhône-Alpes, qui permet à 280 000 lycéens et apprentis de bénéficier chaque année de 6 places de cinéma gratuites dans des salles le plus souvent classées « art et essai » et travaillant avec le jeune public.
Directeur du Pathé Vaise, Joël Luraine trouve cette décision « injuste et discriminatoire ». « On fait comme s’il n’y avait pas de concurrence entre les cinémas actuellement, or c’est faux. Il vaudrait mieux le reconnaître, et l’organiser intelligemment » poursuit-il.
De fait, beaucoup de directeurs de salle de l’agglomération interpellent les pouvoirs publics afin qu’ils établissent une médiation ou favorisent le dialogue entre les différents exploitants. Voire qu’ils définissent un système d’aide publique concerté pour contre-carrer les effets du marché. « Plus les grands groupes ont de salles, moins ils laissent de place aux autres. Il manque un axe de politique culturelle qui aide les salles à faire le travail le plus difficile » estime Marc Bonny.
Une première réunion a eu lieu au Grand Lyon. Mais la voie est étroite pour les pouvoirs publics car le cinéma est une industrie culturelle largement aux mains d’opérateurs privés. Alors, comment aider le cinéma à Lyon et sur quels critères ? « Il me paraîtrait logique que les salles les plus vertueuses en terme de programmation et d’animation soient plus aidées » estime Marc Bonny, pour qui il existe « un critère objectif : le label « art et essai ». Le classement d’une salle sur la programmation d’une année, je trouve ça pertinent »
Pourtant, cette notion fait débat, comme le souligne Grégory Faes, directeur de Rhône-Alpes Cinéma. « Toutes les problématiques actuelles en terme de fréquentation recoupent une question plus globale : qu’est-ce que « l’art et essai » aujourd’hui ? Ce n’est plus très défini, ni pour les films, ni pour les salles, et c’est ce qui crée le flou aujourd’hui. » Grégory Faes renvoie ainsi dos à dos les exploitants : « tout le monde a raison et tort, car en dehors de quelques salles, les multiplexes programment de l’art et essai et vice-versa ». « C’est aussi un changement d’époque : d’une génération assez militante formée au ciné-club, on est passé à un public qui change, qui rajeunit, qui se fractionne, un public qui n’a jamais autant consommé d’images sur différents supports et se fait sa propre formation. C’est un basculement. Le problème est de savoir qui va continuer à aller dans les salles de cinéma avec un regard un peu affûté ? » poursuit le directeur de Rhône-Alpes Cinéma.
Le code a changé (Danièle Thomson, 2009)
La parution, mi-octobre 2009, de l’étude d’Olivier Donnat sur Les Pratiques culturelles des Français à l’ère du numérique (La Découverte), souligne bien ce « changement d’époque ». Désormais 83% des français ont un ordinateur à la maison et deux tiers des internautes passent 12 heures par semaine (hors scolarité et travail) sur la toile. Une « nouvelle culture de l’écran » est apparue, renforcée par l’essor de la téléphonie mobile, des jeux vidéo, du téléchargement et de la vidéo à la demande (VAD).
Principale victime : la télévision (mais aussi la radio, la lecture des livres et des journaux et la fréquentation des bibliothèques). Pour la première fois depuis l’arrivée de la télévision dans les foyers, le temps que lui accordent les Français a cessé d’augmenter et il a même diminué chez les jeunes. « Le retournement est historique » estime Olivier Donnat. L’arrivée massive des nouveaux écrans n’a donc pas accentué un « repli sur l’espace domestique » au détriment d’une « culture de sortie », qui était manifestement à l’œuvre depuis des décennies.
En revanche, par la multiplication des pratiques qu’elle induit, elle a provoqué un « émiettement de la consommation culturelle » : les gros consommateurs de produits culturels se font rares ; c’est notamment le cas pour le cinéma puisque ceux qui vont plus de 12 fois par an dans les salles obscures sont moins nombreux, notamment chez les jeunes, alors que la fréquentation occasionnelle augmente.
Le cinéma reste ainsi l’art le plus populaire qui touche tous les âges et toutes les classes sociales, même les plus modestes, dont une part croissante va au cinéma. « Le cinéma a réussi à faire revenir dans les salles une partie des forts consommateurs de télévision, peu familiers des équipements culturels » estime Olivier Donnat.
Autre enseignement de cette étude : le piratage des films, partie intégrante de cette nouvelle culture de l’écran, n’altère pas la fréquentation des cinémas, mais a des répercussions sur la location et l’achat de DVD.
Enfin, trois tendances révélées par l’étude d’Olivier Donnat peuvent esquisser des « futuribles » pour le cinéma : l’auto-production de vidéos (19% des usages les plus fréquents de l’ordinateur), la progression spectaculaire des jeux vidéos (chez les jeunes, mais aussi les adultes qui continuent de jouer… et même dans les maisons de retraite qui commencent à s’équiper !) et la désaffection du cinéma français.
Ce dernier point repose sur un constat : les jeunes plébiscitent les séries et films américains alors que les seniors préfèrent les films français. Cet écart devrait s’accentuer dans le futur à la faveur d’un « effet générationnel » qui conduit Olivier Donnat à juger « plausible» que la part de marché du cinéma français (aujourd’hui autour de 50%) chute fortement dans les 20 prochaines années.
Car selon le principe « on reproduit à 40 ans, ce qu’on fait à 20 », les 15-24 ans d’aujourd’hui jouent les éclaireurs. D’où l’importance de prendre en compte des comportements d’ « addiction » aux écrans qui pourraient générer de nouvelles pathologies et impacter les modes de relation sociale et familiale.
Une autre dimension s’annonce décisive : le développement de pratiques individualisées qui rompent avec la dimension collective des expériences culturelles traditionnelles comme le cinéma. Le téléchargement, le nomadisme des écrans personnels, la vidéo à la demande entraînent en effet « une modification profonde de la relation du spectateur au film et à l’œuvre, aux images en général » souligne Michel Reilhac, directeur du cinéma à Arte dans son ouvrage Plaidoyer pour un cinéma d’auteur. « Le rapport totalement individualisé, par le biais du téléchargement, qu’il soit pirate ou officiel, est une donnée absolument fondamentale. La consommation des films sur les petits écrans, sur les plates-formes nomades ou sur les ordinateurs avec cette notion de choix absolu que peuvent faire les spectateurs. Les conditions de la rencontre entre les spectateurs et les films sont nouvelles et radicales. Il faut donc repenser la relation entre le film et son public » poursuit Michel Reilhac.
Cinema Paradiso (Giuseppe Tornatore, 1988)
Toutes ces évolutions, par ailleurs très rapides, auront-elles un impact sur l’avenir du cinéma en salle ? C’est la grande question qui agite les acteurs des filières de l’image.
Pour Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière, le cinéma en salle a de beaux jours devant lui ; il vient d’ailleurs de faire la démonstration éclatante, avec le Festival Lumière 2009, que la projection de « vieux » films sur grand écran attire un public populaire et enthousiaste. « Ce que les frères Lumière ont inventé en 1895 se résume à ceci : on met dans une salle obscure des gens qui ne se connaissent pas pour qu'ils partagent ensemble les rires, les larmes et le regard sur le monde. C'est ce dont les gens avaient besoin il y a plus de cent ans, c'est ce dont ils ont toujours besoin aujourd'hui. Le cinéma est plus vigoureux que jamais sachant qu'il est en effet imité, contesté, dévalorisé. Et pourtant toujours vivant. De quoi s'inspirent majoritairement les artistes de l'art contemporain d'aujourd'hui si ce n'est le cinéma ? Les écrivains, les peintres, les photographes et les journalistes viennent aussi au cinéma ou en caressent le rêve. Le cinéma est là, il sait se régénérer aussi. Le développement technologique ne lui nuit pas mais l'oblige à évoluer et même à changer. Mais le déplacement vers la salle reste un instant magique et solennel. Dites à des enfants gavés de vidéo et de jeux DVD : "On va au cinéma !" et on verra leur regard s'allumer. On peut faire d'excellents dîners à la maison, ça n'empêche pas d'avoir envie d'aller régulièrement au restaurant. On a chez soi des CD, mais rien de remplace le concert. Pour le cinéma, c'est pareil ! » estime le directeur de l’Institut Lumière et délégué général du Festival de Cannes.
La plupart de nos interlocuteurs partagent ce goût pour les salles obscures et une vision optimiste de leur avenir. « Je suis très attaché à la salle de cinéma. C’est un lieu culturel où les gens viennent, pas seulement pour voir un film – parfois même pas ! – mais pour se rencontrer, flâner, discuter. On le voit bien dans le film d’Eric Guirado, Comœdia, Une renaissance » souligne le producteur lyonnais Marc Guidoni.
Le grand jeu (The Full Monty, Peter Cattaneo, 1997)
Les évolutions technologiques et la diversification des supports pourraient même valoriser le cinéma sur grand écran comme « référent ultime » ; face au prêt-à-porter ou au « tout venant de l’audiovisuel », il constituera de « la haute couture » prévoit Michel Reilhac qui estime que « pour encore longtemps, la salle de cinéma est le lieu où le film crée sa valeur ». Il développe plus longuement ce point de vue dans son ouvrage Plaidoyer pour un cinéma d’auteur :
« Il ne faut plus penser en termes exclusifs et ne pas forcément appréhender sous un même mode toutes les approches filmiques. Le film de cinéma reste le produit noble, l’œuvre de référence, faite pour être vue dans sa durée. Et donc un film de 100 minutes restera un film de 100 minutes, auquel toutes les déclinaisons qu’éventuellement il engendrerait feront référence, comme une sorte de matrice. L’œuvre d’origine. Mais qu’ensuite il y ait des « webisodes », des « mobisodes », qu’il y ait un chapitrage, des versions courtes, très courtes, ultra courtes, qu’il y ait des versions « croppées », c’est-à-dire faites pour les mobiles, dans lesquelles on détoure tout ce qui est vide dans l’image pour pouvoir ne garder que ce qui est important dans l’action… tout cet ensemble de choses se fera, en plus. L’expérience de cinéma sera comparable à la haute couture. L’audiovisuel sera le tout-venant. Pour la mode, la haute couture correspond au référent ultime, comme la gastronomie est une référence en matière culinaire. Un dîner chez Marc Veyrat reste l’aristocratie pure de la cuisine. De la même manière, l’expérience du cinéma, du film, dans un grand festival, dans une grande salle de cinéma, dans des conditions de projection et de son optimum, sera la haute couture, ou « de la marque » en audiovisuel. Mais ça n’empêchera pas que ces mêmes œuvres soient déclinées, projetées en formats dégradés, démantibulées, et refaites de plein d’autres manières. Et tout cela coexistera. »
Que ce soit comme « référent ultime » (Reilhac) ou simple « Instant magique et solennel » (Frémaux), le cinéma sur grand écran subsistera à l’évidence. Mais il devra sans doute accentuer ses traits distinctifs - sa noblesse, sa qualité, sa magie -pour résister à la concurrence des autres écrans.
Que la fête commence (Bertrand Tavernier, 1974)
L’une des pistes d’avenir est d’accentuer la dimension « événementielle » de la salle de cinéma, comme le prédit Michel Reilhac : « Il y aura sans doute un peu moins de salles, mais elles vont devenir un lieu de plus en plus événementiel : la sortie au cinéma en salle va devenir de plus en plus valorisée comme un événement particulier dans notre temps de loisir individuel et collectif. La salle va elle-même s’ouvrir de plus en plus à d’autres types d’événements, facteurs de rapprochement et de célébrations socialisants : retransmission en direct ou en différé de grands concerts, spectacles ou événements sportifs ; réunions de jeux de plate-forme en ligne joués en direct dans la salle, etc. »
Cette évolution est en marche ! Le Pathé Vaise, site d’expérimentation et de mise en place d’une exploitation normale en diffusion numérique pour tout le groupe Europalaces, accueille déjà des événements de ce type, grâce à ses équipements numériques. « On a présenté ici un concert d’Elton John en direct de Bercy, et ça a très bien marché ! Prochainement, ce sera un concert de Robbie Williams en direct de Londres. Depuis deux saisons nous programmons les Opéras du MET en direct de New York (…) Nous accueillons des conventions d’entreprises, par exemple de nos voisins Cegid ou Atari » explique Joël Luraine, directeur du Pathé Vaise. Pour lui, l’avenir du cinéma est celui d’ « une salle de spectacle avec le film qui reste au cœur, mais qui accueille aussi des événements uniques multi diffusés ».
C’est également cette piste de diversification de l’exploitation des salles qu’explore Imaginove, cluster des filières de l’image en mouvement en Rhône-Alpes, avec ses adhérents qui exploitent de petites salles, afin d’enrayer la chute assez nette de leur fréquentation.
Drôle d'endroit pour une rencontre(François Dupeyron, 1988)
Si les salles de cinéma restreignent à l’avenir leur offre de films pour accueillir d’autres événements, les festivals pourraient, paradoxalement, connaître un phénomène inverse et étendre leur impact sur la durée.
C’est là encore Michel Reilhac, directeur d'Arte Cinéma, qui prévoit cette évolution : « Les festivals, comme véritables fêtes du cinéma, vont se développer, en étant perçus par le public comme une opportunité exceptionnelle de découvrir d’autres formes de cinématographie que celle du cinéma commercial standardisé. Sous la pression naturelle du public et des professionnels, les festivals vont avoir tendance à développer de plus en plus leurs activités en dehors des dates de leur événement principal. Ils vont se positionner de plus en plus comme de véritables marques pour soutenir et accompagner les films tout au long de leur processus de rencontre avec le public. »
A cet égard, l’exemple du Festival Lumière 2009 est révélateur, car il prend appui sur une structure pérenne détentrice d’une véritable « marque » : l’Institut Lumière, qui assure cette mission de soutien et d’accompagnement de différentes formes de cinématographies. Dans l’agglomération de Lyon, près d’une vingtaine de festivals assurent également cette mission, sur des thématiques ou des genres très spécifiques : comme Asie Expo, Reflets du cinéma ibérique ou le film court de Villeurbanne, ils sont tous adhérents de l'association fédérant les 65 festivals de cinéma de cinéma Rhône-Alpes : Festivals Connexion.
Le côté événementiel du cinéma sur grand écran commence dès aujourd’hui à être renforcé, et le sera encore plus dans les mois à venir, avec l’arrivée massive de films en relief.
La grande illusion (Jean Renoir, 1937)
Pour Hollywood, l’avenir du cinéma sur grand écran passe par lefilm tridimensionnel puisque cette expérience spectaculaire ne pourra se vivre qu’en salle, en tout cas jusqu’à l’apparition de la télévision en relief (annoncée pour 2012), et que les films mettant en œuvre cette technologie ne peuvent pas (encore) être piratés. Qui plus est cette technologie ouvre de nouvelles possibilités au cinéma à grand spectacle. Du coup, tous les poids lourds de l’industrie cinématographique sont impliqués dans des projets 3D : Robert Zemeckis, James Cameron, Steven Spielberg, Peter Jackson et Georges Lucas qui sont en train de remastériser tout Star Wars en 3D.
Jeffrey Katzenberg, directeur du département animation de Dreamworks a annoncé qu’il ne produira plus de films d’animation sans relief et considère cette innovation technologique comme la « prochaine grande frontière », autrement dit la troisième révolution du cinéma après le parlant et la couleur.
James Cameron partage ces prophéties : selon lui, dans dix ou quinze ans, toutes les images seront stéréoscopiques, des cinémas open air aux publicités sans oublier l’iPhone. Le cinéaste s’apprête à ressortir Terminator 2 en 3D et lance sur les écrans français, le 16 décembre prochain le premier film de science-fiction en relief intégral : Avatar. Ce sera sans doute un tournant, que tout le monde attend impatiemment car James Cameron a toujours été précurseur en images de synthèse.
La 3D deviendra-t-elle la nouvelle norme, comme le prédit Hollywood ? Sur cette question, les avis sont partagés. « Le relief va devenir aussi courant et banal que le son en 1929, la couleur en 1946 ou le son 5.1 depuis Georges Lucas. L’œil aura appris à fonctionner dans le relief et même les films d’auteurs s’y mettront » estime Marc Guidoni, qui signale avoir vu une version tournée en partie en 3D du film Le crime était presque parfait d’Hitchkock : « C’est superbe ! Le relief renforce vraiment la narration ! ». Rodolphe Bacquet, doctorant en cinéma à Lyon 2 a un tout autre point de vue : « je pense pas que tout le cinéma devienne en 3D ; ça restera circonscrit à un certain cinéma à grand spectacle. On assistera d’ailleurs sans doute à une re-spectacularisation du cinéma. Mais, je ne pense pas qu’Arnaud Desplechin par exemple ait envie de tourner en 3D. Pour un cinéma plus modeste, la 3D n’a pas d’utilité. Car le but de la 3D, c’est aussi de faire intervenir des éléments fantastiques, c’est un peu « l’effet de foire ». A mon sens, ces technologies ne font qu’accentuer le divorce entre un cinéma à grand spectacle et un cinéma plus modeste, plus artistique » poursuit l’enseignant.
Gang des reqins(Dreamworks, 2004)
Or ce cinéma artistique plus modeste est justement celui qui a le plus de mal à trouver sa voie entre les grosses productions richement dotées et relativement attendues et les films d’auteur très pointus voués à une certain ghettoïsation.
C’est ce qu’a déploré la réalisatrice Pascale Ferran (Lady Chatterley) lors de la cérémonie des Césars 2007 : les « films du milieu », qui conjuguent exigence artistique et vocation populaire – les films de Miller, Jolivet, Tavernier, Jaoui, Garcia, Dupeyron, Assayas, etc. – sont aujourd'hui de plus en plus difficiles à produire. Suite à cette intervention, un groupe de travail s’est mis en place, intitulé le Club des 13, et a élaboré un épais rapport sur les difficultés rencontrées par les forces vives du cinéma français.
« On continue à vivre sur l'idée que le cinéma est à la fois un art et une industrie (puissance de la pensée de Malraux), alors qu'entre temps, il est devenu essentiellement un commerce. La marchandisation actuelle du cinéma vient de la prise de pouvoir, en tenaille, du petit et des grands écrans. C'est-à-dire la substitution du pouvoir des producteurs par celui des diffuseurs : la télévision d'un côté, les grandes groupes d'exploitation de l'autre (…) Et si, d'un côté, les directeurs d'antenne ont intérêt à ce que leurs filiales produisent des films profilés pour la télévision ; de l'autre, les multiplexes ont intérêt à une offre surabondante de films fortement médiatisés. La qualité des films compte moins alors que leur visibilité ou leur budget de promotion » souligne ce rapport. Outre la bipolarisation dramatique dans la production française, le Club de 13 dénonce le formatage des scénarios, lié aux diktats télévisuels et à l'autocensure qui en découle, et l’uniformisation générale de l’offre. « L'idée même du film comme prototype, comme objet singulier et non-reproductible, est condamnée à sa disparition dès lors qu'il est inféodé à un médium dont la logique est celle du flux, de la répétition, du déjà-vu, du produit de série. »
Le risque est grand que les nouvelles technologies numériques, et l’arrivée de la 3D, fragilise encore davantage « les films du milieu » et marginalise leur diffusion. « Je crains que la sortie dans les cinémas soit provoquée par le désir de voir du grand spectacle, du relief, et que comparativement, les films d’auteurs soient d’autant plus « ringardisés », comme « un cinéma de papa » écrit Michel Reilhac.
D’autant que derrière la 3D, se profilent d’autres évolutions, qui pourraient renvoyer l’écran plat à la préhistoire : le cinéma immersif, en réalité virtuelle 3D et à 180°, voire 360°. C’est le vieux rêve cinématographique du film comme « art total » qui happe corps et âme le spectateur en sollicitant toutes ses sensations, un cinéma tactile, odorant, englobant, et qui permettrait une immersion complète du public. Ce n’est plus tout à fait de la science-fiction !
Drôles de bobines (Steno, 1915)
Mais pour que l’hégémonie hollywoodienne advienne en trois dimensions et qu’on s’approche un jour du spectacle total, les salles doivent d’abord impérativement s’équiper en matériel de projection numérique, ce qui implique des investissements assez lourds. Car le numérique est la pierre angulaire de toutes les évolutions technologiques à l’œuvre dans le 7e art.
Toutes les salles sont concernées, car si les plus modestes n’accèdent pas à l’exploitation numérique, cela créera un marché à deux vitesses et accroîtra encore l’écart entre multiplexes et petits exploitants, et le divorce entre cinéma d’auteur et cinéma à grand spectacle. « Une cabine numérique coûte environ 100.000€ ; or nous avons six cabines au Comœdia. Comme nous commencerons par une période de double technique, je suis obligé de passer en numérique trois cabines d’un coup » témoigne Marc Bonny.
Un système d’aide basé sur un fonds auquel abonderont les diffuseurs, qui n’ont plus, en tout cas beaucoup moins, de frais de copies qu’avec la pellicule, se met en place via le CNC, Centre national de la Cinématographie.
Le dispositif est en cours de définition et pourrait être opérationnel dans le courant du premier semestre 2010. « Tout le monde attend que le CNC définisse le cadre et le calendrier pour se lancer » poursuit le directeur du Comœdia. Mais d’ores et déjà une vingtaine de salles de l’agglomération sont équipées en diffusion numérique, et notamment : Pathé Vaise, CGR Brignais, Pathé Bellecour, Pathé Carré de Soie, salle Gérard Philippe, Institut Lumière.
Où est la liberté ? (Roberto Rossellini, 1954)
Pour les diffuseurs, la dématérialisation du support (les copies numériques sont acheminées par fibre optique, satellite ou par streaming) supprime les problèmes de logistique (transports de copies), allège les coûts et devrait libérer les possibilités éditoriales. « Je vois le numérique comme une liberté donnée aux programmateurs dans leur politique éditoriale (…) Ils pourront se concentrer sur la partie pré-commerciale, et surtout éditoriale de leur boulot : donner envie de voir des films ! La salle de cinéma n’est pas juste un robinet à films, il s’agit de rendre importantes et attractives les projections, par des événements, des rencontres, etc. » estime Marc Guidoni.
Cette vision est aussi celle de Joël Luraine, directeur du Pathé Vaise : « Le numérique nous permettra de travailler à l’élargissement de l’offre. Cela nous permettra par exemple de faire tous les jours de la semaine à 18h une séance en VO car les 40% des 4000 employés qui travaillent dans notre quartier sont anglophones. Le numérique va nous permettre d’affiner notre programmation en fonction de notre environnement ». Pourtant, dans les faits, et avant même le basculement au numétique, les petits exploitants ressentent une pression accrue de la part des distributeurs. « Peut-être qu’avant le passage au numérique, les distributeurs souhaitent durcir les règles pour prévenir toute dérégulation ? » s’interroge Colette Périnet.
Mais le passage au numérique a des incidences sur toute la chaîne du cinéma : diffusion, distribution, mais aussi production et création. L’accessibilité des outils de création promet d’ouvrir largement un secteur jusqu’alors très fermé.
La grande vadrouille (Gerard Oury, 1966)
Emmanuel Pampuri, gérant des Machineurs, société lyonnaise spécialisée dans les prestations techniques innovantes, se félicite de cette nouvelle donne. « Avant, avec l’argentique, les distributeurs avaient un poids énorme, à cause du coût de la copie : environ 1000€ pièce. Par exemple, un film comme Le Renard et l’enfant est sorti sur 750 copies ce qui représente un budget d’acheminement de copies de 750 000€. Avec le numérique, les frais sont diminués au minimum par dix. Ça devrait réduire les coûts sur toute la chaîne, et essentiellement les frais de laboratoire : pellicule, développement, duplication. On va ainsi revenir à plus d’égalité entre les différents métiers qui représentent toutes les étapes : producteurs, distributeurs, diffuseurs, etc. On est à une période charnière dans l’évolution de ces métiers ; c’est vraiment passionnant ! (…) Ce que j’aime bien dans tout ça, c’est que le numérique est un outil de démocratisation. Il permet plus d’accessibilité pour la création de courts ; ça va permettre de faire émerger de nouveaux talents, une nouvelle génération qui va y aller à la passion, à l’énergie. L’arrivée de caméras numériques comme la RED permet de démocratiser l’accès aux gens qui n’ont pas les moyens de se payer de la pellicule. Avant, au Festival du Film Court de Clermont-Ferrand, on ne pouvait pas être programmé si on n’avait pas fait une copie 35 mm d’un coût de 10 000€. Le numérique va changer la donne, faire en sorte que le cinéma ne soit pas ou plus une affaire de snobs, de paillettes et de prestige. Car les gens qui font le cinéma, jusque dans la technique, sont assez snobs ! »
Dans leur enthousiasme, les Machineurs n’hésitent pas à apporter leur concours à ceux qui explorent des modèles économiques alternatifs. En prêtant du matériel et en assurant l’étalonnage du film, ils participent ainsi à l’aventure Alice au pays s’émerveille, premier film produit par souscription sur internet (et déjà sélectionné au festival de Locarno).
Salut l'artiste (Yves Robert,1973)
Mais tous n’affichent pas le même optimisme :
Rodolphe Bacquet, doctorant en cinéma à Lyon 2 est plus circonspect : « La démocratisation technique n’est pas du tout une démocratisation artistique. Car le plus souvent, les personnes qui se lancent le font en velléitaires, peu en passionnés. De plus, ils le font en reproduisant des codes et des clichés qui n’ont rien de neuf. Pour moi, cette démocratisation est un trompe l’œil. Cela rend encore plus exigeant et critique sur le contenu. »
De fait la multiplication des contenus, avec le développement des vidéos et des expressions cinématographiques sur Internet, voire sur téléphone portable (avec les « films pockets ») pose la question de leur repérage et de leur « qualification » artistique – puisque le cinéma est un art. Il est aussi facile de poster une vidéo sur You tube ou Daily motion qu’il est difficile de la faire sortir du flux incessant d’images – sauf à traquer le scoop ou faire dans l’humour trash.
Au-delà du réel (Ken Russel, 1980)
L'une des pistes les plus excitantes pour l’avenir est celle du cinéma interactif. Le futur du 7e art réside-t-il dans sa capacité à satisfaire le désir d’intéractivité toujours grandissant du spectateur du 21e siècle ? Les avis sont partagés. « Les spectateurs semblent peu enclins à intervenir sur le cours d’une histoire. Sans doute ne sont-ils pas dupes de cette illusion de liberté absolue que véhicule le cinéma interactif, de ce champ de possibles qui les transforment en public enfantin s’attachant à choisir un scénario fidèle à ses désirs » estime Laurence Alfonsi dans Le cinéma du futur, Les enjeux des nouvelles technologies de l’image, Laval, L’Harmattan, 2005.
Pour elle, le désir d’intéractivité qui caractérise ce début de 21e siècle serait donc à limiter à l’espace domestique, ou à celui des parcs de loisirs. « Je ne crois pas que l'interactivité remplacera totalement la consommation du cinéma : quand je vais au cinéma, je ne suis pas du tout dans la même disposition d'esprit que face à un jeu vidéo ; j’ai envie de me laisser porter, par une histoire, un univers, une esthétique… » témoigne Karine Cohen-Solal d’Imaginove.
Le cinéma, art de la contemplation et de la communion serait donc difficilement conciliable avec la pratique individuelle ou communautariste du jeu vidéo. Pourtant, des connexions existent entre cinéma et jeux vidéos.
Après avoir introduit des séquences filmés – cinématiques – entre les phases interactives, les jeux vidéo s’approchent de plus en plus d’une nouvelle forme filmique en développant une expérience d’histoire dans laquelle le spectateur-joueur est le héros : c’est le concept d’Extended Reality Game (ERG). Inversement, le cinéma s’est d’abord inspiré de l’esthétique des jeux vidéos (Existenz), puis a repris, comme base de scénario, des jeux à succès (Tomb raider, Resident evil ou Final fantasy). Alors, pourquoi ne pas imaginer un jour qu’on franchisse l’ultime étape : qu’on passe d’un simple échange de thèmes et d’esthétiques à un véritable transfert de technologies ?
Pour le réalisateur mexicain Guillermo del Toro, c’est tout à fait envisageable. Dans un entretien à la revue américaine Wired largement cité par Jacques Attali (www.slate.fr), il qualifie de « re-médiation » ce chaînon manquant qui permettra au spectateur de devenir un véritable « générateur de récits » à partir d’une console globale de jeux qui réunira les diverses formes d’art et de divertissements visuels..
Mais le cinéaste américain Lance Weiler a déjà bien avancé dans la voie d’un cinéma véritablement interactif. Il base tout son travail cinématographique sur le principe des Jeux de Réalité Alternée (ERG), concept qui mêle étroitement projection, jeu de rôle et interactivité multiplateforme.
En attendant la phase ultime, les premiers films interactifs : des films documentaires participatifs, inspirés par la technologie web 2.0, ont fait leur apparition sur la toile. Ils permettent au spectateur de naviguer dans un récit, de choisir leur parcours et les séquences du film. Les deux plus remarquables, Gaza/Sderot, la vie malgré tout de Serge Gordey et Voyage au bout du charbon de Samuel Bollendorff et Abel Segrétin sont visibles en ligne.
Ils seront également projetés sur grand écran dans l’agglomération lyonnaise lors du festival du film scientifique d’Oullins « A nous de voir » lors d’une soirée consacrée au « doc.net », le 27 novembre 2009.
Histoires fantastiques (Steven Spielberg, 1986)
Pour l’heure, la piste de travail « Interactive » la plus avancée, est celle du trans média : il s’agit de concevoir des contenus spécifiques pour une diffusion, complémentaire ou simultanée, sur supports multiples : internet, téléphone portable, télévision, cinéma, console de jeux vidéo. Il existe déjà un festival sur ce thème : le festival des quatre écrans.
Mais il ne s’agit pas d’adapter et de re-paramétrer les contenus en fonction des supports, et de proposer par exemple des versions « croppées » d’un film faites pour les mobiles, dans lesquelles on détoure tout ce qui est vide dans l’image pour ne garder que ce qui est important dans l’action, comme c’était le cas pour Spiderman. Il s’agit de concevoir des « contenus qui, dès le départ (l’écriture), prévoient de construire un univers dramaturgique conçu pour être acheminé par plusieurs médias : la télévision, le téléphone mobile, internet, les jeux vidéo on line et le cinéma comme lieu d’événement. » explique Marc Guidoni, consultant pour la société Trans média Lab, filiale de l’opérateur mobile Orange.
Un « appel d’air » a été lancé cet été par cette société pour un projet trans média et deux projets portés par des acteurs de l’agglomération font partie des 11 pré-sélectionnés, avant le choix final des 5 qui seront financièrement accompagnés. Il s’agit d’Hanna Production pour Borderline, une série humoristique et déroutante écrite et réalisée notamment par Franck Pitiot (Perceval dans la série Caamelott) et Phœnix interactive pour Le Blog de June, une série d’animation destinée aux ados.
L’émergence de ce type de projets souligne l’importance de créer des synergies entre les différents métiers de l’image en mouvement pour faciliter les transferts de technologies et les transversalités entre supports. C’est la vocation d’Imaginove, pôle de compétitivité de la filière des images en mouvement en Rhône-Alpes. www.imaginove.fr
Toutes ces innovations renvoient immanquablement au contenu ; elles appellent donc à un retour des auteurs et des créatifs. C’est dans cet esprit que Rhône-Alpes Cinéma a créé récemment un bureau des auteurs. « A la création d’Imaginove et du pôle Pixel, on a fait le constat qu’on a toujours besoin d’être ramenés au contenu, donc aux auteurs ; c’est la base de nos métiers » souligne Grégory Faes, directeur de Rhône-Alpes Cinéma.
C’est la base, et le matrice des évolutions à venir : le cinéma de demain se prépare à imaginer des modes narratifs complètement nouveaux : éclatés (des films comme Short cuts, Pulp Fiction ou 21 grammes nous en donnent des aperçus depuis longtemps), mais aussi mouvants et interactifs : une sorte de « manière dramaturgique » en évolution constante. On revient à la source : les histoires, et à la créativité – sans lesquelles la technologie n’est rien.
Dans la circulation des contenus qui se prépare, sur internet, téléphone portable, console de jeux et télévision, le cinéma devrait garder une place prépondérante, en restant l’étape finale : le moment où l’ensemble de l’expérience de navigation entre images et supports se referme et se livre sur grand écran, dans une dimension événementielle.
Interview de Joël LURAINE
Directeur du Pathé, Vaise
Interview de Marc GUIDONI
Secrétaire général - AFOCAL
Interview de Rodolphe BACQUET
Réalisateur de documentaires, doctorant en cinéma à l’Université Lyon 2.
Interview de Karine COHEN-SOLAL
Chef de projet « serious game et nouveaux usages » à Imaginove.
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