Pour l’instant, l’action communautaire est encore un modèle marginal, la recherche se penche sur des initiatives sur différents sites. Le SPICS rassemble notamment des chercheurs travaillant sur les questions d’ethnicité (…). Depuis 2005, ceux-ci ont défendu l’idée qu’il faut cesser l’intervention sociale aveugle et plutôt aller chercher les ressources communautaires sur les quartiers pour les tourner dans le "bon sens" puisqu’elles sont bien présentes.
Différentes recherche-action ont été lancées sur des projets déjà avancés : l’association Sœur Emmanuelle sur Paris, une association créée par des jeunes au départ à Nanterre "Z’y va". A Marseille, le SPICS a suivi une étude sur des associations/mosquées, des groupes de solidarité religieux qui font un travail sans jamais demander de subventions Politique de la ville. Elles drainent pourtant une population importante en proposant un accompagnement en amont. C’est-à-dire que les personnes arrivent devant l’assistante sociale ou devant leur référent RSA et sont prêtes à demander leurs droits. Ce sont souvent des personnes qui ont des difficultés de langue, de compréhension et de confiance dans le système.
Ces associations les aident également sur d’autres versants de la vie : l’accès à des lieux conviviaux, les moyens d’entreprendre par exemple des actions de solidarité pour le pays d’origine. Les réseaux comoriens sont très organisés et les professionnels se sont dit : "il faut qu’on arrête de subventionner des initiatives qui vivotent à côté, il faut qu’on aille voir comment eux travaillent, qu’on change notre logique d’appel à projets qui ne leur convient pas et que l’on voit comment on prend en compte cette réalité ! Parce que c’est ça qui tient notre territoire, ce n’est pas nous ! Ce ne sont pas les trois ou quatre associations culturelles-sociales qui reçoivent vingt personnes qui font le gros du boulot !"
En Rhône-Alpes, l’exemple le plus abouti d’action communautaire reste le Centre Culturel Œcuménique (CCO) (1) de Villeurbanne. Fondé en 1962, le CCO était le lieu d’accueil des associations et des mouvements œcuméniques catholiques et protestants. Avec les mouvements sociaux de 1968 sont arrivés des étudiants étrangers originaires d’Amérique Latine, puis des Kurdes (etc.) ainsi que des mouvements politiques, des réflexions sur la colonisation. Le Religieux s’est vite fait déborder par la diversité des adhérents tant religieuse que culturelle. Ainsi le CCO a émargé au dispositif Développement Social des Quartier (DSQ) avec une dimension sociale, culturelle et politique. Aujourd’hui, le CCO est un lieu d’accueil de plus de 200 associations communautaires et autres (militantes, culturelles, …). Elles y trouvent une adresse, des salles où se réunir facilement. Sans conditions. L’association fait un travail d’accompagnement, de structuration associative, de formation (...) et un accompagnement à l’ouverture aux autres avec des événements fédérateurs où se crée une autre façon de travailler ensemble.
[1] Claire Autant-Dorier & Anne Aubry, Assumer la pluralité ou comment ne pas discriminer , « Discriminations. Histoire & Territoires », Écarts d'identité, Vol. I, n° 123, 2014, 92 p., Grenoble, ADATE, ISSN : 1252.6665.