On parle beaucoup de cet enjeu d’anticipation des mutations économiques. Cela n’empêche pas qu’il soulève des difficultés importantes. Pour s’en convaincre, il suffit de se rappeler que l’on n’a pas vu venir le choc de 2008. A l’époque tout le monde envisageait une poursuite de la baisse du chômage. Néanmoins, pour avancer sur ces questions, nous avons organisé une conférence en juillet dernier intitulée « Du quartier à la métropole, quels emplois pour nos territoires ? » Parmi les idées qui sont ressorties de cette conférence, il y a le fait que l’on ne peut pas prévoir, uniquement à travers la statistique, l’évolution de l’emploi dans tel ou tel secteur d’activités, ni même la santé économique de telle ou telle entreprise, dans les années à venir. Si l’on souhaite anticiper quelque chose, il nous faut adopter une approche territorialisée. C’est l’exemple du pôle de commerces de Lyon- Confluence que j’ai évoqué précédemment. Prenons un autre exemple, on sait que le quartier de la Part-Dieu va connaître une croissance très forte du nombre de m² de bureaux dans les années qui viennent, ce qui laisse augurer d’une croissance importante du nombre d’emplois. Du coup, comment on se prépare à cette évolution ? Des actions ont été engagées sur ce champ.
Une autre piste consiste à travailler sur les évolutions attendues des métiers à l’avenir. Nous avons ainsi réalisé une étude très fine avec l’Ademe sur les conséquences du Grenelle de l’environnement sur les métiers du bâtiment. Jean-Louis Borloo avait annoncé la création de 500 000 emplois. En réalité, il y a beaucoup moins de nouveaux emplois à attendre, mais les emplois existant devront en revanche évoluer fortement pour prendre en compte de nouvelles normes, de nouvelles technologies, etc.
Enfin, on peut travailler directement avec les entreprises pour les accompagner dans leurs démarches de GPEC (gestion prévisionnelle des emplois et des compétences). Nous pilotons actuellement une bourse de l’emploi inter-entreprises réunissant sept gros employeurs présents sur la ville de Lyon : Orange, April, Mérial, Merck, Aldes, Bayer, Doméo. Ce dispositif s’appuie sur une cartographie des métiers inter-entreprise. Sur cette base, nous avons analysé la population des salariés de 58 ans et plus de ces entreprises pour identifier les emplois qui connaîtront les plus forts départs à la retraite dans les prochaines années. Une fois retirés les emplois qui ne seront pas renouvelés, nous arrivons à une représentation assez précise des besoins de recrutement à venir.