<< La première chose si l'on veut favoriser la mixité et le lien social est de mener une politique de justice sociale qui n'abandonne pas les personnes de la petite classe moyenne >>.
De nombreux chercheurs ont étudié l’impact des phénomènes de mondialisation, de marchandisation et d’individualisation et ont notamment montré comment l’incertitude face à l’avenir, la peur du déclassement, pouvaient générer des attitudes de méfiance entre les classes sociales, favoriser des stratégies d’évitement, notamment scolaire, et de repli (communautaire, entre-soi) et donc conduire à un délitement de la société. Face à ces réalités les pouvoirs publics ont développé des politiques qui facilitent la mixité dans l'habitat notamment à travers la loi SRU et la Politique de la ville (ANRU). Dans l'agglomération lyonnaise, cet objectif constitue l'axe majeur des documents de planification (SCOT, Plan Local d'Urbanisme, PLHabitat...) et il a été renforcé par la mise en œuvre des SMS - Secteurs de mixité sociale (obligation de 20% de logements sociaux dans les programmes neufs des promoteurs privés).
La mixité résidentielle devient une réalité, mais produit-elle systématiquement de la mixité sociale ? La focalisation sur l’enjeu de mixité ne cache t’elle un certain abandon de la question sociale, de la prise en compte des inégalités, au profit d’une logique territoriale plus (ou trop) concentrée sur des objectifs urbanistiques ? La transformation urbaine des grands ensembles d’habitat social n’est-elle pas un passage obligé pour marquer symboliquement et fortement le changement, pour agir sur les consciences, pour offrir un cadre de vie décent et pour éviter que se recréent de trop grandes concentrations ?
C’est à cet ensemble de questions que Fatima Ghourabi, kinésithérapeute à Vaulx-en-Velin puis à Mermoz dans le huitième arrondissement de Lyon, apporte des éléments de réponses dans cette interview.