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Les acteurs de l'accueil et de la mobilité à Lyon

Interview de Marie-Hélène Gouffé

<< Il y a énormément d’acteurs de la mobilité et de l’accueil à Lyon, que ce soit pour les salariés, les étudiants, les chercheurs…mais, mon regret est que tous ces acteurs ne soient pas fédérés >>.

A travers cette interview, Marie-Hélène Gouffé, responsable du département Accueil et Mobilité de l’ADERLY, établit un diagnostic autour de l’accueil à Lyon.
Quelles sont les actions menées par l'Aderly ? 
Y a-t-il eu des changements autour de l’accueil des salariés ? 
Quelle est la formation des personnes qui s’occupent de l’accueil et de la mobilité ? 

Réalisée par :

Date : 29/06/2004

Quel est le rôle du département Accueil Mobilité de l’ADERLY ?
Ce département a été créé en 1976. Son rôle est de faciliter l’arrivée des salariés des entreprises délocalisées à Lyon et sa région. Notre mission est d’accompagner les salariés dans leur installation et de décharger l’entreprise de ce genre de contingence. Nous intervenons à trois niveaux : la recherche de logement, la scolarisation des enfants et l’emploi du conjoint. Ce service, gratuit, permet d’enlever un poids aux entreprises qui savent ainsi que les salariés et leurs familles seront accompagnées dans leur installation. Libéré de ce souci, le salarié délocalisé pourra se consacrer entièrement à son métier. L’ADERLY, est la seule agence de développement économique en France a avoir une cellule accueil gérant la mobilité. En effet, les autres agences françaises n’ont pas de service intégré. Cette offre peut avoir un fort rôle incitatif pour les entreprises quand la région lyonnaise est en concurrence avec d’autres régions françaises ou européennes, et peut être un facteur de décision en faveur de Lyon.

Comment agissez-vous ?
Nos trois grands volets sont le logement, la scolarisation des enfants et l’emploi du conjoint. Pour le logement, nous faisons un accompagnement individualisé. Nous consacrons une à deux journées s’il s’agit d’une location ou d’un achat. Pour la scolarité, nous faisons du conseil puisque nous orientons les familles vers telle ou telle école en fonction de leur demande. Pour l’emploi du conjoint, nous nous sommes rendus compte qu’il s’agissait d’une préoccupation prioritaire. En effet, la dualité des emplois dans une famille est de plus en plus courante. Si le conjoint ne trouve pas ou n’est pas sûr de trouver un emploi lors de l’installation familiale, cela peut devenir un frein à la mobilité. Nous gérons à l’ADERLY de 250 à 450 dossiers par an dont, entre autres, les familles d’Aventis, celles de l’Institut Français du Pétrole, du Club Med …... Nous menons aussi des actions de promotion. Nous allons in situ, au sein de l’entreprise, en France ou à l’étranger pour convaincre d’une part l’entreprise de se délocaliser à Lyon et d’autre part les salariés de suivre leur entreprise. On propose également des voyages de découverte pour que les salariés qui ne connaissent pas la région lyonnaise puissent avoir un premier aperçu. Ces voyages se décomposent en deux parties : une visite de Lyon intra-muros (visite culturelle + indications pratiques notamment sur les prix du logement) et une visite de la région où sera installée l’entreprise. Notre façon d’accueillir est modulée de façon circonstanciée. Pour des salariés français, notre accueil sera plus « light », pour des salariés étrangers, nous proposons un accueil plus complet, de la résolution des démarches administratives à la signature du bail. Nous travaillons en étroit partenariat avec les sociétés de "relocation" privées. Nous ne souhaitons pas empiéter sur leur territoire. Nous co-traitons avec ces sociétés environ 50% des dossiers. Cette sous-traitance se fait selon notre charte qualité. Nous payons leurs honoraires. Les services de l’ADERLY sont des services totalement gratuits pour les entreprises « clientes ».

Au-delà de l’accueil proprement dit, quelles sont les actions que vous menez encore ?
Il est vrai que l’accueil ne s’arrête pas à l’installation proprement dite. Aussi, nous avons une forte action d’animation de réseau. Nous organisons régulièrement au cours de l’année diverses réunions autour de thèmes spécifiques : par exemple avec le réseau des acteurs des ressources humaines – c’est-à-dire tous les acteurs de l’emploi : ANPE, cabinets de recrutement, etc. Nous organisons aussi des réunions avec le milieu de l’immobilier auxquelles nous associons tous les acteurs de la mobilité (Sociétés de "relocation" privées …). Nous mettons également en place des cocktails des nouveaux arrivants en partenariat avec les « Accueil des Villes Françaises (AVF) ». Ceux-ci ont lieu environ deux fois par an – un cocktail pour les nationaux, un cocktail pour les internationaux. Notre objectif est de faciliter l’intégration. Ensuite, nous passons le relais à d’autres structures car nos missions s’arrêtent là en terme d’intégration. En revanche, nous avons également un rôle de « facilitateur » par la mise en place d’outils tel le guide sur la scolarité internationale. Nous avons, par ailleurs, largement participé à la création de l’école internationale de Lyon, l’International School of Lyon, qui ouvrira ses portes à la rentrée 2004. Grâce à cette école, Lyon va pouvoir proposer un cursus transnational ainsi que le bac international de Genève. C’est un cursus anglo-saxon avec un enseignement entièrement en anglais, allant de la maternelle au bac international avec plusieurs langues en tant que langue étrangère comme le français, l’espagnol, etc. Le fait que cette école existe à Lyon est un point très important pour la ville. Beaucoup de salariés impatriés posent la question de la scolarisation et cela peut devenir décisif. De plus, toutes les grandes villes sont dotées d’écoles internationales, et Lyon se devait de faire de même. C’est grâce d’une part aux entreprises qui ont subventionné le projet et d’autre part à l’appui de JM Daclin et des collectivités que cette école a pu être mise en place aussi rapidement. L’association s’est créée en début d’année 2004 et l’école ouvrira ses portes en septembre 2004. C’était un véritable challenge d’ouvrir une école internationale dans des délais si courts. C’est un atout supplémentaire pour Lyon. Cette école, vient complémenter l’offre l’existante (Cité Internationale, école privée Ombrosa…).

Au vu de votre propre expérience, quel est votre diagnostic autour de l’accueil à Lyon ?Vous semble-t-il performant ?
L’ADERLY, en tant qu’agence de développement économique, est la seule en France proposant un service d’accueil et d’accompagnement à la mobilité. De plus, la région Rhône-Alpes est la région où il y a la plus forte proportion de sociétés de "relocation". Donc, nous avons des structures qui permettent d’accueillir largement les salariés impatriés. Il y a énormément d’acteurs de la mobilité et de l’accueil à Lyon, que ce soit pour les salariés, les étudiants, les chercheurs… ;. Mais, mon regret est que tous ces acteurs ne soient pas fédérés, ne se connaissent pas et travaillent chacun de leur côté. Je regrette que nous ne mettions pas en commun nos outils. Par exemple, pourquoi ne pas créer un welcome book commun à tous ? Nous sommes en train de mettre au point une action en partenariat avec le World Trade Center, la préfecture, et la DDTE autour de l’élaboration d’un guide sur les procédures de l’impatriation. Ce guide pourrait être un outil de travail pour tous les acteurs de la mobilité.

Avez-vous senti des changements autour de l’accueil des salariés ?
Oui. Il me semble que les entreprises prennent de plus en plus en compte le bien-être de leurs salariés. De fait, ces services d’accueil sont de plus en plus sollicités par les entreprises. C’est vrai que si l’on met en avant le fait qu’un tel service existe, c’est un plus. C’est une incitation pour l’entreprise et pour les salariés de l’entreprise à venir s’installer à Lyon. On peut l’associer à une action de marketing territorial. On sent une prise de conscience, au niveau des Ressources Humaines, du problème de l’accueil, de l’accompagnement et de l’intégration. De plus, le nombre de sociétés de relocation a véritablement augmenté à Lyon depuis six/sept ans. Elles n’étaient qu’une ou deux et on en trouve une vingtaine aujourd’hui. Il y a aussi quand même une meilleure connaissance de ces métiers de la mobilité. Autrefois, on pensait que c’était un luxe réservé aux cadres dirigeants et aujourd’hui, on élargit davantage aux autres salariés. Mais, il est vrai que l’accueil se "vulgarisant", les salariés accueillis deviennent de plus en plus exigeants. Notre métier est certainement amené à évoluer encore. Au départ, nous étions concentrés sur l’aide au logement et aujourd’hui, nous faisons beaucoup de conseil.

Que pensez-vous de la formation des personnes qui s’occupent de l’accueil et de la mobilité ?
C’est un point très important. Depuis quelques années, les professionnels ont un syndicat français : le Syndicat National des Professionnels de la Relocation et de la Mobilité (SNPRM) et un syndicat européen qui est l’EURA. Ces deux syndicats ont décidé de créer une académie de formation pour professionnaliser les personnes qui veulent se tourner vers la mobilité : l’European Academy for Relocation Profesionnals (EARP). Cette académie propose des modules de formation. Ces derniers valident des niveaux – il existe trois niveaux – et permettront la délivrance de diplômes. Depuis l’année dernière, le SNPRM est membre de la Chambre des Ingénieurs Conseil de France (CICF). La profession est donc maintenant encadrée par un syndicat avec un code éthique auquel adhèrent tous ses membres. La profession est donc en train de se structurer et de se professionnaliser. C’est un point très important. Nous avons par ailleurs accueilli, à Lyon, à deux reprises, la convention nationale du syndicat ainsi que des journées de formation. Nous sommes membres du comité d’accréditation de ces formations. Il y a en région lyonnaise toutes les compétences nécessaires pour un accueil d’excellente qualité pour les nouveaux arrivants. Fédérons notre savoir faire et nos outils ! Il serait également intéressant d’avoir un portail d’entrée recensant tous ces acteurs et leurs spécificités.