Laura Olivieri : Lors des déferlantes du mouvement #MeToo en autonome 2017, un premier rassemblement était prévu à Paris le 29 octobre. Avec d’autres Lyonnaises, sur la page Facebook de Paris on s’est dit : créons un événement à Lyon, pour échanger, pour montrer que Metoo ce n’est pas juste des témoignages sur les réseaux sociaux, mais de vraies femmes. En dix jours, sur Facebook, cinq jeunes étudiantes qui ne se connaissaient pas ont créé l’événement. Place Bellecour, le rassemblement se présentait sous forme d’une tribune où des personnalités venaient débattre sur des questions de violences sexuelles, de stands avec des associations féministes, d’un pôle création pour dessiner avec des artistes, et d’un pôle « safe », fermé par des rideaux, où des victimes pouvaient parler, témoigner, s’exprimer, auprès de professionnels de l’écoute.
Mireille Ehrhardt : Là nous nous sommes rendu compte que les femmes n’avaient pas d’espace pour être écoutées. Qu’aucune association ne proposait des groupes de parole juste pour les femmes victimes de violence sexuelles. Qu’il fallait agir. Du coup, après le rassemblement, nous nous sommes retrouvées une dizaine à nous dire : « Il n’est pas possible de s’arrêter maintenant, il faut continuer ». Si toute la journée, sur la place Bellecour, des femmes ont eu besoin de parler des violences sexuelles subies, c’est qu’il y a une vraie demande. Nous avons décidé de monter un espace d’écoute pour les victimes de violences sexuelles.