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Article
Après la poussée de complotisme constatée pendant la pandémie, quels enseignements tirer pour réconcilier sciences et engagement citoyen ?
Interview de Léo COUTELLEC
Interview réalisée pour la partie "Construire l'action publique" de revue M3 n°8
Texte écrit pour la revue M3 n°8
Quelle est la place de l’éthique dans les établissements que vous avez observés ?
Elle est bien présente dans toute sa diversité d’approches : éthique de la recherche, éthique biomédicale, éthique animale, éthique économique et sociale, éthique autour de la responsabilité sociale des universités. Ces champs sont représentés au sein des formations et recherches de l’université de Lyon, mais dans un contexte peu valorisé et très dispersé. L’éthique, alors qu’elle devrait nous amener à un questionnement global et complexe sur le monde, est compartimentée en « éthiques appliquées ». Ce manque de transversalité s’accompagne d’une faiblesse structurelle sauf lorsque la contrainte réglementaire décide, par exemple avec l’éthique vis-à-vis des animaux. Il y a donc un enjeu à créer des dispositifs de valorisation et de mutualisation des initiatives dans ce domaine. Nous observons aussi, pour le deuxième pôle scientifique de France, des besoins importants en termes de formation des doctorants sur les questions d’éthique de la recherche et de responsabilité sociale.
L’éthique et la responsabilité sociale à l’université, est-ce la même chose ?
L’éthique peut être définie comme un espace de questionnement permanent sur les valeurs et les finalités que se donne un collectif. Ce serait donc la clé de voûte d’une réflexion approfondie et partagée sur la place et le rôle de l’université dans la cité. Elle alimente ainsi une démarche plus normative, un projet de société visant à construire un horizon commun, et que l’on appellerait la « responsabilité sociale ». La responsabilité sociale n’est donc pas séparable de ses finalités qui sont d’assurer la soutenabilité et le bien-être de la société. Ainsi, comme le souligne le philosophe François Vallaeys, « une responsabilité sociale qui ne serait pas transformatrice se tromperait de responsabilité, elle prendrait pour de la responsabilité rétrospective (ne rien avoir à se reprocher) ce qui est en réalité de la responsabilité prospective (faire advenir une économie juste et soutenable) ».
Quelles sont vos préconisations pour le territoire ?
La mise en place, à l’échelle communautaire, d’une plateforme interdisciplinaire d’éthique pour la responsabilité sociale des universités. Son objectif serait de générer une dynamique de partage et de valorisation des initiatives des établissements, afin de répondre à des besoins non satisfaits dans le domaine de l’éthique. Il s’agit notamment de promouvoir une approche transversale et un engagement affirmé dans une démarche de responsabilité sociale, à tous les niveaux.
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