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Cas d'écoles : Quand le secteur privé innove sur le territoire lyonnais

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Étude

Dans un contexte de massification généralisée de l’enseignement supérieur couplé à des mutations du travail présentes et à venir, il est important de s’intéresser aux capacités d’adaptation et d’innovation de l’enseignement supérieur dans la métropole de Lyon. Dans quelle mesure les structures d’enseignement privées peuvent-elles s’adapter plus rapidement que les établissements publics à ces mutations socio-économiques et répondre à des besoins émergents ? Que proposent-elles de différent, par rapport aux facultés, universités et écoles publiques ? À quels types de publics s’adressent-elles ? De quelles marges de manœuvres disposent-elles par rapport au secteur public ?

Porter attention à ces nouveaux formats d’enseignement, c’est explorer les tendances qui façonnent une partie des professionnels de demain, c’est tenter de comprendre les impacts futurs des formations sur le territoire, c’est anticiper sur des évolutions qui seront peut-être la norme dans l’avenir.

Découvrez l'étude complète en téléchargement, et son essentiel sur cette page.

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Date : 04/03/2021

L’essentiel

 

Nous avons réalisé cinq études de cas portant sur des écoles ou des initiatives innovantes qui bousculent le monde de l’enseignement supérieur privé de la Métropole de Lyon :

Ces cinq cas se démarquent du modèle « classique » de l’enseignement supérieur et révèlent des tendances d’innovation ou de rupture dans ce secteur. La grille d’analyse que nous avons pu bâtir à partir de cette étude exploratoire permet de prendre du recul face au foisonnement de nouvelles écoles privées et d’initiatives qui revendiquent un caractère innovant.

 

Principaux enseignements

 

Les études de cas ont permis de mettre en évidence sept axes d’innovation illustrant différentes manières de renouveler le modèle classique de l’enseignement supérieur. Ces axes peuvent être utilisés pour analyser le positionnement d’une école et caractériser son degré d’innovation. Ils peuvent aussi servir de grille de lecture pour interroger des politiques publiques d’intervention dans ce secteur, sans préjuger des bénéfices et risques des innovations par rapport aux modèles traditionnels.

  1. La reconnaissance de la formation : La certification et la « sacralisation du diplôme » sont remis en cause par une plus forte valorisation de l’expérience vécue, par une logique de qualification ou par une relation directe au monde de l’entreprise ou à l’entrepreneuriat.
  2. La pédagogie : Le modèle classique de la transmission de connaissances et de la maîtrise théorique sont remis en cause par des pédagogies actives (learning-by-doing), inversées (le reverse-mentoring) ou le développement de diverses soft skills.
  3. Le degré d’ouverture et la sélection des étudiants : En dépassant la dichotomie « université non sélective / écoles sélectives sur concours », certaines écoles prônent la sélection sur la motivation, d’autres acceptent des étudiants sans le baccalauréat, certaines s’ouvrent à tous par la gratuité, quand d’autres considèrent que les frais de scolarité élevés constituent un investissement rentable pour les étudiants.
  4. L’objet de la formation : Alors que les formations sont souvent catégorisées en fonction des disciplines enseignées ou des débouchés professionnels, certaines écoles valorisent autrement l’objet de la formation qu’elles proposent : elles répondent à une quête de sens, s’engagent pour répondre aux grands enjeux sociétaux, inventent de nouveaux métiers, explorent de nouvelles technologies, préparent à entreprendre, etc.
  5. Le modèle économique :  Outre les deux modèles traditionnels du financements publics et des frais de scolarité, certaines écoles expérimentent des modèles économiques hybrides en cherchant des financements auprès d’investisseurs ou de fondations, en s’adossant directement à une grande entreprise, en faisant appel à la philanthropie, voire en se vivant comme une startup.
  6. L’ancrage territorial : Face à un modèle d’enseignement supérieur universel, offrant à tous l’accès à la même formation, certaines écoles développent un ancrage territorial fort, collaborant avec les entreprises ou les collectivités locales pour former les jeunes et les relier aux besoins spécifiques du territoire.
  7. La gouvernance : Par contraste avec les modèles capitalistiques du privé ou administrés de manière centralisée à l’université, de nombreuses écoles privées s’organisent de manière souple et décentralisée pour s’adapter avec agilité aux besoins évolutifs des étudiants ou des entreprises.

 

Questions prospectives

 

  • Quels avantages et quelles limites à passer d’une valorisation du diplôme et de la certification à la mise en avant de l’expérience et de la qualification ? Sans reconnaissance formalisée, comment garantir des formations de qualité aux étudiants ? Quelle place pour les connaissances si la sacralisation du diplôme devient une sacralisation de la qualification ?
  • Comment définir l’enseignement supérieur, s’il peut prendre la forme de cursus sans prérequis, sans programme, sans professeurs, sans locaux, voire sans cours ? Quels impacts positifs et négatifs de ces nouvelles pédagogies « actives » qui cherchent avant tout à « apprendre à apprendre » aux étudiants ?
  • La libéralisation de l’enseignement supérieure est-elle la voie royale à l’innovation ? La bonne réponse pour apporter des compétences adaptées aux besoins des entreprises du territoire ? Une entrave majeure à l’égalité entre étudiants ? Une omniprésence de l’idéologie capitaliste au cœur même de la période qui forme l’esprit critique ?
  • Les écoles qui forment des « acteurs de la transition » plutôt que des spécialistes d’une discipline vont-elles se multiplier ? Se heurter aux résistances au changement ? Détrôner les formations classiques ou s’en montrer complémentaires, par la création de passerelles entre différentes écoles ?
  • Comment, pourquoi et sur la base de quelle légitimité encadrer et réguler des formations économiquement indépendantes des institutions ?

 

Enjeux pour la Métropole

 

  • Comment la Métropole peut-elle se saisir des critères proposés dans cette étude comme d’une grille de lecture pour orienter l’enseignement supérieur sur son territoire ? Le rôle de la Métropole est-il plutôt d’aider les établissements à innover sur tous les critères identifiés, ou d’encadrer et de réguler l’innovation selon des partis-pris politiques ?
  • Comment soutenir et favoriser des établissements autrement qu’au cas par cas sur le territoire ? Faut-il privilégier la non-concurrence des établissements publics ? L’insertion de publics éloignés de l’enseignement et de l’emploi ? Des formations qui répondent aux besoins des entreprises locales ?
  • Comment la Métropole peut-elle aider les établissements à innover de manière éthique, sans que l’innovation ne soit une finalité en soi ?
  • Comment aider les établissements traditionnels, et en particulier l’université publique, à évoluer et à s’adapter aux nouveaux besoins des étudiants comme des entreprises ?

 

Méthodologie

 

Les cinq études de cas ont été réalisées sur la base d’une recherche documentaire et d’un entretien semi-directif avec un représentant de chacune de ces écoles. Chaque entretien a duré environ 1h30 et a permis de rassembler des informations sur l’origine du projet et ses caractéristiques : compétences mobilisées, contenus de la formation, recrutement des étudiants, partenaires et gouvernance, partis-pris pédagogiques, modèle économique, etc.

Chaque étude de cas fait l’objet d’une note d’analyse qui décrit le fonctionnement de l’école, qui met en évidence les enjeux soulevés par le projet, et qui interpelle la collectivité. Une analyse transversale des cinq cas nous a permis d’identifier les différentes formes que peut prendre l’innovation dans l’enseignement supérieur et de proposer sept axes de questionnement.