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« Ville perméable » : une nouvelle approche, mais au service de quels enjeux ?

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400 m2 de pleine terre pour infiltrer l’eau qui ruisselle sur 4000 m2 : les arbres de pluie sont une solution pour que l’eau redevienne une ressource.

Dossier

La notion de « ville perméable » consiste à laisser s’infiltrer la pluie au plus près de là où elle tombe. Différentes problématiques interdépendantes convergent vers cette notion :
• La déconnexion des eaux pluviales des réseaux d’assainissement, grâce à l’infiltration directe des eaux pluviales dans les sols, qui permet de limiter les risques d’inondation et de lutter contre les pollutions aux milieux aquatiques, tout en réduisant les coûts du traitement mis en œuvre par les stations d’épuration ;
• L’amélioration de la recharge des nappes phréatiques (seulement 5 % de l’eau pluviale s’infiltre dans les sols urbanisés contre 25 % en milieu naturel) ;
• La désimperméabilisation des sols et la végétalisation qui permettent, en plus de favoriser l’infiltration, de lutter contre les îlots de chaleur urbains, de préserver la biodiversité urbaine, et d’améliorer le cadre de vie.

Le projet d’une ville perméable, en apparence simple, implique en réalité des transformations importantes sur le territoire (espaces public et privé) et une nouvelle manière d’aménager la ville en lien avec la ressource en eau. Il revient sur le réflexe de renvoi des eaux pluviales dans les canalisations, alors qu’il s’agit d’une ressource précieuse, ainsi que sur certaines habitudes de revêtement des sols.

Globalement, il nous invite à repenser la gestion des eaux pluviales de manière décentralisée, en surface et à l’aide de solutions d’adaptation fondées sur la nature. Il s’agit là d’une véritable stratégie sur le long terme de restauration du cycle de l’eau et d’adaptation au changement climatique.

Au service de ce projet, différents outils sont disponibles. Au niveau législatif, la loi Climat et Résilience adoptée en août 2021 fixe l’objectif d’atteindre le « zéro artificialisation nette des sols » en 2050.

Au niveau technique, de nombreuses solutions existent et permettent d’infiltrer les eaux qui ruissellent sur les surfaces imperméabilisées (noues, jardins de pluie, arbre de pluie, tranchées d’infiltration, etc.) et divers matériaux perméables sont désormais disponibles. De même, les surfaces revégétalisées favorisent l’infiltration et participent au rafraichissement des villes.

Dans les années 90, la Communauté urbaine de Lyon, devenue Métropole, a amorcé une politique de gestion des eaux pluviales dite à la source.

Depuis, de nouvelles mesures volontaristes accompagnent un changement d’échelle de cette stratégie. Un plan Ville perméable fut lancé en 2017, et renforcé en 2022 par un budget de 18 millions d'euros visant à déconnecter les eaux pluviales et/ou désimperméabiliser sur 400 hectares d'ici 2026 dans les espaces publics et privés.

Les Schémas directeurs d’assainissement, la Charte de l’arbre de la Métropole et le Plan Nature viennent compléter ces efforts, pour une action transversale efficace.

Pour éclairer les enjeux qui entourent cette tendance à remettre l’eau au cœur de la fabrique de la ville, vous trouverez différents articles qui reviennent sur chaque dimension concernée par la mise en œuvre de la ville perméable, du bien-être des habitants jusqu’au respect du vivant dans toutes ses formes.

Bonne lecture !
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Date : 17/10/2023