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Prospective territoriale et gouvernance urbaine : quelles convergences à Lyon ?

Texte de Bernard Jouve

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Date : 01/01/2001

Depuis quelques années, la gouvernance est devenue un horizon d'action largement partagé par les professionnels de la chose publique, qu'ils soient élus, techniciens, cadres. Par gouvernance, on entend généralement un style de politique publique reposant, non plus comme auparavant sur la primauté de l'élu dans la décision, mais sur la concertation, la mobilisation de la société civile, … Gouvernance rime souvent, du moins dans les représentations dominantes, avec pluralisme politique.

On ne détaillera pas ici sur les conditions politiques, administratives et scientifiques  qui expliquent en grande partie l'engouement actuel autour de la gouvernance  urbaine (Jouve 2001 ; Le Galès 1995).

On se limitera à rappeler que la mise en œuvre des lois de décentralisation,
l'intégration européenne, la recomposition de l'Etat, une demande de participation  plus importante des " habitants/citoyens/usagers ", de même qu'une attention  plus forte des sciences sociales à la littérature nord-américaine, constituent  autant d'éléments qui favorisent la recherche de nouveaux modes d'action publique  pour les décideurs et de nouveaux schémas explicatifs pour les scientifiques.
La gouvernance urbaine en Europe s'est développée sur ce " terreau ".
La prospective territoriale, en tant qu'exercice politique et administratif
pluraliste conduisant à la confrontation de points de vue sur les futurs possibles  d'une collectivité locale, constitue en cela un terrain d'observation privilégié  pour mettre à jour et analyser ces nouvelles formes d'action publique.
C'est ce que cette contribution veut envisager en se focalisant sur l'agglomération  lyonnaise (1.3 million d'habitants), troisième métropole française après Paris  et Marseille, où à partir dans la seconde moitié des années 1990 plusieurs exercices  de prospective, visant des finalités différentes, ont été menés avec des succès  divers. L'objectif est ici de comprendre en quoi la prospective territoriale  peut constituer et à quelles conditions une forme aboutie de gouvernance urbaine  c'est-à-dire un mode de délibération dans lequel le politique ne se définit  pas à travers l'usage de la domination mais davantage par la recherche de la  concertation. On sait depuis les travaux d'A. de Toqueville sur la démocratie aux USA (Tocqueville  1842) ou encore ceux plus récents de R. Putnam sur la performance des régions  en Italie (Putnam, Leonardi, Nanetti 1993) que l'efficacité des collectivités  locales dépend en grande partie du degré de mobilisation de la société civile.
Le cas de Lyon et des travaux de prospective montrent que la question de la structuration de la société civile est centrale et que d'elle dépend à la fois  la réussite de ces travaux et l'avènement d'une nouvelle forme d'action publique  plus transparente et partagée.