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Lyon et les religions : repères chronologiques

Étude

Contrairement à d'autres pays, la France interdit la production de statistiques nationales sur les groupes religieux. Cette interdiction est basée sur le droit, qui ne permet pas de recenser les citoyens ou résidents en fonction de leurs convictions religieuses. Le dernier recensement national posant la question de la religion d'appartenance date de 1872. Concernant l'islam, la connaissance des réalités sociales est rendue encore plus difficile encore en raison de la diversité des situations des populations au regard de l'acquisition de la nationalité française et de l'intégration.
On ajoutera de manière plus générale que le sentiment religieux renvoie à des réalités diverses, où la religion peut être le support d'une identité sociale et culturelle, sans aucune pratique, ou être le vecteur d'un engagement important.
Pour pallier à ces difficultés dans la connaissance du fait religieux, on apportera les estimations qui sont celles de démographes, historiens, sociologues, ainsi que des résultats d'enquêtes, et des repères chronologiques : quelles sont les pratiques et les croyances religieuses, comment évoluent-elles, quelle est la place des religions en termes de population, de lieux de culte, d'enseignement scolaire, ou encore de tourisme ? Quelles sont les lois qui encadrent les relations entre l'État et les cultes et définissent la laïcité ?
Ces données concernent l'agglomération lyonnaise, ainsi que le contexte français voire européen des phénomènes analysés.

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Date : 02/07/2004

Lyon et les religions : repères chronologiques

La mise en perspective des phénomènes religieux par le biais de deux chronologies semble trouver une utilité particulière aujourd'hui, alors que de multiples représentations stéréotypées profitent d'un manque de connaissance historique.
Une chronologie concerne le fait religieux à Lyon. Elle prend en compte l'ensemble des religions accueillies par la cité, en soulignant le lien entre religions et fait migratoire, entre religions et identités.

Pour établir la chronologie, nous avons utilisé des coupures de presse, ainsi que plusieurs ouvrages :
L'État et les Cultes, Administration, n°161, octobre-décembre 1993.
Battut Jean, La guerre scolaire a bien eu lieu, éditions Desclée de Brouwer, 1984.
Bayard Françoise, Cayez Pierre, Histoire de Lyon du 16ème siècle à nos jours, Le Coteau, éd Horvath, 1990 (4ème édition).
Gennerat Roland, Histoire des protestants à Lyon, des origines à nos jours, éditions Au Jet d'Ancre, 1994 .
Leveau Rémy (sous la direction de), L'Islam en France et en Allemagne. Identités et citoyennetés, La Documentation française, N°5138, août 2001.
Zyzek Léon (sous la direction de), Présence juive dans la cité. Contribution juive à l'essor de Lyon et sa Région, Lyon, B'nai B'rith Rhône-Alpes, 2001.

Plutôt que d'aborder le fait religieux, tous cultes confondus, à travers ses divers fonctions (pratique, rôle social, enseignement, spiritualité, etc.), nous avons choisi de souligner la pluralité religieuse, et de distinguer l'histoire des différents cultes à Lyon. Pour autant, nous gardons quelques catégories transverses aux religions, comme l'action sociale et d'enseignement des communautés religieuses. Ces catégories transverses doivent être consultées pour connaître l'évolution des religions. Le catholicisme occupe dans ces catégories une place encore considérable, en lien avec des permanences historiques et son poids démographique :

Rapport des religions aux pouvoirs politiques, place dans l'espace public, laïcité
OEcuménisme
Religions et action sociale, religions et laïcité dans l'enseignement, développement culturel
Peuplement et migrations, intégration des populations
Catholicisme
Judaïsme
Églises dites réformées (protestantes)
Islam
Autres religions et courants (bouddhisme, églises arménienne, grecque, anglicane, franc-maçonnerie, etc...). Mouvements sectaires.

43 av. JC : Fondation de la colonie romaine de Lugdunum, sur la colline de Fourvière. Le sanctuaire fédéral des Trois Gaules est situé sur les pentes de la Croix-Rousse, et donnera à la cité le titre de capitale des Gaules. Une troisième implantation, Condate, est située au confluent du Rhône et de la Saône.

Syncrétisme religieux et tolérance réciproque. Le peuple gaulois préserve sa religion (éléments archaïques venant du fond indo-européen et de la Préhistoire et éléments celtiques, avec de nombreuses divinités associées aux éléments naturels). Les Romains attribuent le nom de leurs dieux aux divinités celtiques et les Gaulois vénèrent également leurs dieux sous l'imagerie romaine.

12 av JC : Fondation d'un sanctuaire fédéral. Les notables des 60 civitates, peuples gaulois réorganisés, sont réunis par les Romains pour célébrer le culte de Rome et d'Auguste. Sur le site du sanctuaire, les représentants des peuples de Gaule répartissent le cens (recensement des hommes et des biens, prélèvements fiscaux) et tiennent conseil. Les assemblées et le culte sont associés à des jeux.

177 (date approximative) : Massacre des premiers chrétiens, dans l'amphithéâtre des Trois Gaules, sans doute en lien à une réaction populaire de rejet face à un groupe qui ne participe pas aux fêtes officielles. L'esclave Blandine est la plus connue des martyres. Pothin, à la tête de la communauté chrétienne, meure en prison. Les martyres sont pour la plupart d'origine orientale.
Naissance d’un culte des martyrs. L’Église de Lyon est pionnière dans la christianisation de la Gaule et Lyon devient capitale du christianisme en France. L’archevêque de Lyon porte depuis le titre de "primat des Gaules". L’identité lyonnaise est dès lors attachée au catholicisme.
Mais la pénétration du christianisme est lente, et se maintiennent des survivances païennes dans le christianisme, surtout dans les campagnes.

A Lyon coexistent plusieurs religions : cultes romains classiques et gaulois, cultes venus d'Orient (on compte à Lyon une trentaine de nationalités), dont le culte de Cybèle est important jusqu'au 4ème siècle. Une présence juive est attestée à Lyon, mais également à Vienne.

552-573 : Épiscopat de Saint Nizier.

816-840 : Épiscopat d'Agobard.

Jusqu'au 12ème siècle, le pouvoir local, politique, judiciaire, culturel, est essentiellement aux mains des évêques, des abbayes de Savigny, Ainay, l'Ile-Barbe, du chapitre Saint-Just. Lyon est une cité religieuse.

9ème siècle : Essor de la communauté juive, installée sur la rive droite de la Saône. Les juifs permettront l'essor du commerce et des échanges entre l'Europe occidentale et l'Orient.

Renouveau intellectuel lyonnais, lié à la formation donnée aux clercs par les religieux.

XIIe et XIIIème siècles (1129-1246) : En lien avec l'essor démographique lyonnais, création de nombreux hôpitaux qui sont des maisons particulières transformées en asiles pour les miséreux, pèlerins, voyageurs pauvres. Ces hôpitaux ont un personnel réduit (quelques religieux et domestiques). Ils sont placés sous la tutelle de l'Archevêque, puis des Consuls (ou Échevins) de la Ville au 15ème siècle, puis des Recteurs (notables de la ville) de 1533 jusqu'à la Révolution Française.

1173 (vers) : Début de l'action de Pierre Valdo (ou Valdès), né à Lyon, fondateur de la secte chrétienne des Vaudois, ou "Pauvres de Lyon", qui refusent la hiérarchie ecclésiastique, les sacrements, et prônent le partage des biens. L'archevêque excommunie et bannit Valdo et ses disciples (1182-1183) qui essaiment en Dauphiné, Provence, Languedoc, Italie.

13ème siècle : Conflits fréquents entre l'Église et les bourgeois en lien avec le mouvement d'émancipation urbaine.

1245 et 1274 : Conciles œcuméniques de Lyon .

1307 : Lyon est intégrée dans le Royaume de France.

1320 : La ville s’affranchit de la tutelle ecclésiastique : l’archevêque accorde, par une charte, des franchises aux Lyonnais, dont celle de nommer les consuls qui exercent le pouvoir municipal. A côte du pouvoir local (Consulat et archevêché), le gouverneur et ses intendants représentent le pouvoir royal.

1420 : La communauté juive de Lyon est bannie de Lyon comme du Royaume de France. Elle s'installe d'abord à proximité de Lyon (à Trévoux et en Dauphiné), puis émigre en Italie.

Première moitié du 16ème siècle : Pour secourir la misère, la vieillesse, limiter la mendicité, dans un contexte de fort accroissement démographique, création de nouvelles structures hospitalières, dont l'Hôtel-Dieu. L'institution des "sœurs hospitalières" lui donne une importance croissante à compter de la fin du 16ème siècle.
 

1527 : Fondation du collège de la Trinité.

1562-63 (13 mois) : Occupation protestante de Lyon et du Lyonnais, du Beaujolais, du Forez. Iconoclasme, interdiction du culte catholique.
Vers 1560, à l'apogée du mouvement protestant, le tiers de la population lyonnaise serait convertie, selon Nathalie Davis (Bayard et Cayez, 1994).

1572 (31 août-1er septembre) : Dans le prolongement de la Saint-Barthélemy parisienne, des réformés sont massacrés par centaines lors des "Vêpres lyonnaises".
 

1598 : A partir des années 1540, les protestants s'affirment comme église et comme parti. Tous les milieux, sauf celui des marchands italiens, sont touchés par le prosélytisme protestant. La répression est modérée, car la municipalité entend favoriser le commerce. En 1598, l'Édit de Nantes, édit de pacification, traduit la légalisation relative des protestants (jusqu'en 1685), mais continue à exclure l'exercice du culte protestant à Lyon, ville épiscopale.Début du 17ème siècle: Contre-réforme et régénération du catholicisme. Grande activité des jésuites et essor des communautés religieuses. On compte à Lyon une vingtaine de fondations (les principales sont les capucins et minimes pour les hommes, les ursulines et visitandines pour les femmes) qui organisent la direction de conscience, l'aide aux pauvres et malades, le culte, des missions d'instruction, d'éducation des enfants, de catéchisme, confessions et communions.

1630-1731 : Le groupe de pression dévot entend moraliser la société, et développe des activités d'entraide.

8 septembre 1643 : Les échevins de la ville décident de confier la ville à Marie pour la protéger de la peste mais aussi pour calmer les peurs de la population et plaire à la couronne. Un pèlerinage est organisé le 8 septembre sur la colline de Fourvière.

1685 : Révocation de l'Édit de Nantes, retour des protestants à la clandestinité (jusqu'en 1787).

1739 : Première loge maçonnique à Lyon. L'influence des loges maçonniques, nouvelle forme de sociabilité élitaire, se manifeste dans la vie intellectuelle. Lyon apparaît comme une capitale de la franc-maçonnerie .
Au début du 19ème siècle, on compte environ 1500 affiliés de la Franc-Maçonnerie répartis entre de nombreuses loges. Implantation du courant mystique et illuministe, qui annonce l'école mystique lyonnaise d'Ampère et de Ballanche.

1750 (vers) : Les juifs reviennent à Lyon, ashkénazes d'Alsace, séfarades du Comtat Venaissin et du Bordelais. Un cimetière est acquis par la communauté en 1795 dans le quartier de la Guillotière.

1787 : Réintégration par un édit des protestants dans la société française (liberté de conscience). La liberté de culte est attribuée en 1791, puis les "articles organiques" de 1802, permettent l'organisation des cultes la célébration publique du culte réformé interdit depuis 1567.
A Lyon, de 1800 à 1870, les protestants passent de 5 000 à 10 000.

La communauté juive s'agrandit (de 200 à 1 400 personnes de 1800 à 1870).

1789-90 : La période révolutionnaire voit la vente des biens de l'église, et un mouvement de déchristianisation, avec de nombreuses mesures antireligieuses.
L'application de la constitution civile du clergé produit des clivages au sein du clergé : des prêtres soutiennent la prestation de serment, d'autres organisent des réseaux concurrents à l'église conventionnelle, et soutiennent le royalisme dans les campagnes. Les Monts du Lyonnais prennent des aspects de "petite Vendée", mais sans conflit armé.

1793-94 : Massacres de 135 ecclésiastiques après la chute de Lyon devant les armées de la Convention. Des mascarades sont organisées en 1794 à Lyon par Fouché, où des ânes sont revêtus de mitres.

1796 : Création des Hospices Civils de Lyon (HCL) par la réunion de l'Hôpital de la Charité et de l'Hôtel-Dieu. Ils prennent un essor considérable. Dans les hôpitaux ouverts dans les années 1830-1861 sont affectés des sœurs dont l'effectif global atteint 450 en 1850, 900 en 1900, et près de 1000 jusqu'en 1940. Leur nombre baissera ensuite à 600 en 1950 et 250 en 1980.

1802 : A Lyon, près du tiers des lieux de cultes sont inutilisables (détruits, alloués à un autre usage, endommagés). Début de la réorganisation de l'église de Lyon.

1845 : On compte à Lyon 15 écoles de garçons (tenus par les pères) et 22 écoles de filles (tenues par les sœurs). Les protestants disposent d'une école de garçons et d'une écoles de fille, de même que la communauté juive à compter de 1860-65. Les écoles religieuses et congrégations se développent particulièrement de 1830 jusqu'en 1870.

8 décembre 1852 : Une statue dédiée à Marie est inaugurée le 8 décembre, jour de l’Immaculée conception. Un grand nombre de laïques illuminent leurs fenêtres. Lutte entre laïcité et références religieuses dans l’espace public.
La fête est utilisée par les commerçants à partir des années 1960, puis devient un outil de communication pour la municipalité dans les années 1970. La "fête des Lumières" a, pour les Lyonnais et en fonction du regard des uns et des autres, soit un caractère sacré, soit un caractère strictement laïque.

1854 : Implantation de l'Église anglicane de Lyon.

1864 : Après la création d'un Consistoire à Lyon en 1857, est inaugurée la grande synagogue du quai Tilsitt.

1877 : Création de l'"Université Catholique de Lyon" (UCL), après que, le 12 juillet 1875, le législateur ait reconnu la liberté de l'enseignement supérieur, et que se soit ouvertes la Faculté de Droit en octobre 1875, la Faculté de Lettres et des Sciences en 1877 (la faculté de théologie ouvrira en 1878). L'université catholique compte 151 élèves en 1908, et les facultés d'État 2000.

1880-1914 : En mars 1880, des décrets ordonnent la dissolution de la Compagnie de Jésus et l'évacuation de ses établissements. La municipalité de Lyon laïcise les écoles primaires publiques congrégationalistes. Les catholiques organisent des souscriptions et créent des écoles libres, avec le même personnel, dans d'autres bâtiments; création d'écoles secondaires (école de La Salle, écoles mariste, lazariste en plus des écoles existantes comme les Chartreux). En 1900, on compte 2100 élèves à Lyon dans le secondaire religieux, 1600 dans l'enseignement public et libre laïque.

Renforcement du camp républicain et anticlérical à Lyon. Sécularisation de la vie publique, du nom des rues, interdiction des processions, laïcisation du personnel des hospices. Des heurts ont lieu avec l'église catholique, qui adopte une attitude plus modeste et tournée vers l'action sociale.

1892 : Création par Marius Gonin de la Chronique sociale, groupe d'étude, centre de formation et de publication, orienté vers l'action sociale (toujours actif aujourd'hui). En août 1904, organisation de la première "Semaine sociale".
Si le catholicisme social et libéral n'a pas une position majoritaire dans le catholicisme lyonnais, il a une forte influence sur le paysage politique et par ses réalisations, et ceci durant tout le 20ème siècle.

1896 : L'inauguration de la Basilique de Fourvière (réalisation du vœu de 1870, action de grâce à Marie pour avoir épargné à Lyon les guerres étrangères et civile) conforte l’identité catholique de la ville et son attachement à Marie.

1906 : Création sous forme associative de l'Église réformée de Lyon, qui appartient à la Fédération Protestante de France (organisation du culte, formation, réflexion, activités à destination de la jeunesse).

1915 : Génocide arménien en Turquie. La communauté arménienne, arrivée à Lyon (Décines, La Guillotière...) à la fin de la première Guerre Mondiale, crée une première communauté cultuelle dans les années 1930-55 et inaugure en 1963 l'église apostolique arménienne de Lyon (courant minoritaire de religion chrétienne).

1914-1918 : Les premiers Algériens de la Guillotière arrivent pendant la guerre pour palier à la pénurie de main d’œuvre, dans le contexte du recours aux populations dites "coloniales".

Une importante communauté séfarade, en majorité marocaine, s'installe à Saint-Fons après la première guerre.

1922 : Fondation de la paroisse de l'église hellénique orthodoxe par des réfugiés grecs d'Asie Mineure et de Grecs recrutés pour les besoins de main d'œuvre du premier conflit mondial. L'église est édifiée en 1948.

1921-31 : La population de Saint-Priest double, du fait de l’immigration, appelée pour les besoins locaux de main d’œuvre industrielle. Alors que la commune compte 2617 habitants en 1921, essentiellement ruraux, 1267 Italiens arrivent entre 1922 et 1936, ainsi que 553 étrangers d’autres nationalités, surtout Espagnols. Ce double processus (passage de la ruralité à l’industrie, fort apport de populations immigrées) concerne la plupart des communes de la périphérie lyonnaise.

1926 : 28 450 Italiens à Lyon (manœuvres de Berliet, maçons). Ils sont également nombreux dans le bassin minier et industriel du sud est, Grenoble, Ugine...).
L’image de l’étranger sale, porteur de maladie, dangereux, violent, se déplace vers les Nord-africains. Cette image négative se transpose sur le quartier de la Guillotière, affublé de divers noms ("petite Mecque"), où étrangeté rime avec dangerosité. Montée en France d’un nationalisme xénophobe (l’antisémitisme est répandu). Discriminations à l’égard des étrangers.

1930-1960 : Lyon est un terrain d'expérimentation pour le catholicisme, et de réflexion biblique et théologique. Le centre Unité Chrétienne (toujours actif) diffuse la démarche œcuménique de l'abbé Couturier. Création des Sources chrétiennes qui édite des textes anciens, renommée de la faculté de théologie, développement de l'Institut du Prado.

1941 : Parution dans la clandestinité de Témoignage chrétien.

Fondation d'Économie et Humanisme, par Louis-Joseph Lebret pour promouvoir une vision humaniste et sociale de l'économie. L'association mène une réflexion, des recherches de haut niveau et édite la revue Économie et Humanisme.

1950-60 : Migrants du Maghreb, de Yougoslavie, du Portugal.

1953 : Création du centre Sainte Irénée (toujours actif) par le père Beaupère, avec l'objectif de promouvoir l'œcuménisme et le lien entre les religions, par des débats, publications, cours, voyages.

Années 1960 : Lyon est à l’avant-garde du Concile de Vatican II, laboratoire d'idées religieuses, placé sous le signe de l’ouverture.

1962 : Les rapatriés d'Algérie s'installent en France.

Les juifs d'Afrique du Nord renforcent la communauté juive de Lyon. Création de synagogues : Villeurbanne (1964), quartier États-Unis (1972), la Duchère (1974), Rillieux (1976), rue Duguesclin (1978), Saint-Fons (1981).

1975 (à partir de) : Accueil de familles du Sud-est asiatique. On compte aujourd'hui 30 000 bouddhistes en Rhône-Alpes, surtout Vietnamiens et Cambodgiens.

1976 : Le Centre Culturel Œcuménique de Villeurbanne (CCO), aumônerie universitaire, devient une association destinée à accueillir d'autres associations, notamment issues de l'immigration. Le CCO se trouve aujourd'hui au centre d'une constellation d'acteurs.

1978-1979 : Naissance du Mouvement des Jeunes Arabes de Lyon et Banlieue (JALB), dont un des leader est Djida Tadzaït, future députée européenne. Les associations issues de l'immigration ne se définissent pas, jusqu'à la fin des années 1980, sur un plan religieux. Néanmoins, l'identité culturelle des populations d'origine maghrébine se dissocie difficilement de l'identité religieuse, d'où un fonctionnement des associations issues de cette immigration qui reste peu conforme avec le principe français de laïcité.

Début des années 1980 : Passage d’une immigration de travail à une immigration de peuplement. La question dominante n’est plus celle des années 70, à savoir "comment loger les travailleurs immigrés" (dans les bidonvilles, structures de transit, dans les foyers Sonacotra), mais comment "accueillir des familles et intégrer les enfants".

1980 : Naissance de l’ACLIF (Association Communautaire Lyonnaise pour l’Islam de France).

1981 (été) : Grèves de la faim des jeunes des Minguettes contre la double peine (c'est-à-dire la peine de prison suivie de l'expulsion pour les étrangers).
Les rodéos (apparus dès 1979) marquent l'exaspération et le désœuvrement de bandes de jeunes.
Création du CRARDDA (Comité Rhodanien d’Accueil des Réfugiés et de Défense du Droit d’Asile).

1981 (5 novembre) : Albert Decourtray, nouvellement élu à la vice-présidence de l'épiscopat français, est nommé archevêque du diocèse de Lyon (jusqu'en 1994).
Nommé en 1985 cardinal par le Saint-Père, il accorde une grande importance aux actions permettant de réduire les multiples fractures économiques, sociales et culturelles dans l’agglomération.
Il encourage l'action de Christian Delorme (vicaire à Saint Fons) en matière de dialogue avec les jeunes issus de l’immigration et de Bernard Devert (Habitat et Humanisme) pour développer des formes d’habitat social intégré à la ville.
Il se fait connaître par ses prises de position (déclaration contre le racisme en 1985, soutien en juin 1986 la grève de la faim des immigrés qui protestent contre la loi Pasqua). Appelé l'"Évêque Rouge" par ses détracteurs, il veille pourtant à échapper à un positionnement droite-gauche.

1981-82 (et ensuite) : Profitant de la libération des ondes, des radios liées à des groupes religieux ou communautaires se créent : Radio Trait d’Union et Radio Pluriel liées aux minorités de l'est lyonnais (1981), Radio Fourvière (1982) devenue en 1986 le siège de Radios Chrétiennes en France (RCF), Judaïca, puis Radio Salam (population originaire du Maghreb) en 1991, et Radio Italienne.

1982-1984 : Développement d’un mouvement éducatif musulman à Rillieux la Pape.

1983 (novembre-décembre) : Marche des Beurs pour l’égalité et contre le racisme, qui part de Lyon.

1984 : Ouverture d'une pagode de tradition mahâyâniste (bouddhisme du Viêt-nam, de la Chine et du Tibet) à Sainte Foy-lès-Lyon, à l'initiative de la communauté vietnamienne.

1984 : Apparition de la revue Golias (catholicisme progressiste). Elle bénéficie de l'appui d'organisations qui se placent dans la même mouvance, comme le Centre Latreille, Agora Tête d'Or, le Centre Thomas More.

1985 : Création d'Habitat et Humanisme par le père Bernard Devert, professionnel du logement devenu prêtre. L'association a pour objectif de permettre à des familles en difficulté d'accéder à un habitat décent.
Implantation à Lyon de la Faculté libre de théologie évangélique de Lyon (protestante).

Émergence d’un mouvement des jeunes musulmans dans les communes de l’est lyonnais et dans les villes ouvrières proches (Villefranche, Givors …).
Conférence de Roger Garaudy, converti à un islam radical, au Centre Culturel Œcuménique (CCO) de Villeurbanne.

1987 : Naissance de l’UJM (Union des Jeunes Musulmans), qui regroupe des jeunes qui se revendiquent à la fois français et musulmans et mettent en œuvre des actions de solidarité au niveau des quartiers. Des rassemblements nationaux sont organisés à l'initiative de l'UJM. Le prêche en français est l'une des batailles de ce mouvement qui milite pour la défense de l'identité religieuse des musulmans.

1988 : Création d'Agora Tête d'Or, sous l'impulsion des dominicains, lieu d'échange entre religieux et laïcs.

1989 : Installation à Saint-Fons de l'association des Hmongs catholiques du Laos (peuple qui habite le nord-ouest du Viêt-nam, le sud de la Chine et de la Birmanie, le nord de la Thaïlande, le nord du Laos).

1989 : La chute du mur de Berlin constitue un tournant par l’exposition de l’agglomération à des arrivées régulières de réfugiés politiques ou économiques de l’Europe de l’Est et des Balkans (albanais en 1991, bosniaques en 1992-93, roumains en 1995-97, kosovars en 1999-2000, kurdes en 2001).

1990 : Montée d’une sensibilité islamique extrémiste en lien avec la guerre du Golfe. Les jeunes "prennent le pouvoir" à la communauté musulmane de la Duchère.

1990 : Création de la Communauté Juive Libérale (CJL) de Lyon, composante du judaïsme lyonnais; cette tendance n'est pas reconnue par le Consistoire. Elle dispose d'une synagogue.

(octobre) : Journées d'émeutes à Vaulx-en-Velin (Mas-du-Taureau), et ailleurs en France (1990-1991).
Fabrication d'une image des "banlieues violentes" par les média.
Surgissement d'associations dans les banlieues (Comité Thomas Claudio, puis, dans sa continuité, association Agora) . Ces associations revendiquent une reconnaissance en tant qu'acteurs du développement local et partenaires éducatif dans les quartiers.

1990-91 (environ) : Multiplication des associations musulmanes de loi 1901 dans la banlieue de Lyon (soutien scolaire, loisirs, bibliothèques, scoutisme..), issues souvent de mouvements des années 80 pour l'égalité des droits, et à la suite du discrédit ou de l'impact limité de France Plus, SOS Racisme, JALB. Les jeunes militants religieux, porteurs de projets en faveurs des jeunes désœuvrés, refusent l'étiquette de l'extrémisme qui leur est souvent accolée.
Influence de Tariq Ramadan, professeur de philosophie à Genève, petit-fils du fondateur des Frères Musulmans (confrérie apparue dans les années 20 en Égypte). Son charisme, sa position d'intellectuel, ses analyses, ont une influence forte dans la région lyonnaise.
Pratique grandissante du culte et du ramadan. Selon Hadj Sagani, alors imam de la place du Pont, arrivé à Lyon en 1962, "au début des années 60, 5% du quartier faisait le carême, aujourd'hui c'est l'inverse, ceux qui ne jeûnent pas ne sont que 5%" (Libération, 7.9.1994)

1992 : Le Front National recueille 21% des voix aux élections régionales, et de 25 à 35% dans les communes de l'Est lyonnais (33% à Vaulx-en-Velin).

1993 : Création de l’Union des Familles Musulmanes de France par Charles Djoudi, élu du troisième arrondissement de Lyon.

1994 : Création de la Fédération Protestante du Lyonnais pour regrouper différentes structures liées au protestantisme.

1994 : Création de l'association lyonnaise du mouvement national Chrétiens et Sida.

1994 (30 septembre) : Inauguration de la Mosquée de Lyon par Charles Pasqua, Ministre des Cultes. Son ouverture a été précédé de 15 ans de conflits et oppositions avec les riverains, et concernant ses financements, sa gestion, le choix de son imam, et celui de l'association qui la gère. Son ouverture a d'abord été soutenue par des milieux catholiques (Alexandre Renard, primat des Gaules), puis repris par la classe politique locale et nationale. En novembre 1983, Francisque Collomb, maire de Lyon, fait voter à l'unanimité par le conseil municipal l'octroi d'un terrain de huit hectares boulevard Pinel. Il est confié, pour un franc symbolique, à l'Association culturelle lyonnaise islamo-française. Abdelhamid Chirane est nommé mufti de la Grande mosquée et Kamel Kabtane directeur.

1995 : Multiplication des audits et diagnostics sur la sécurité, dans les communes de l'Est lyonnais.
 

(octobre) : Vague d'attentats islamistes.
Khaled Kelkal tombe sous les balles de la gendarmerie.

1997 : Naissance à Lyon de l’Association pour la Conférence des Musulmans de France sous l’impulsion d'Ali Mérad, professeur des universités.
 

5 décembre 1998 : Inscription du site historique de Lyon sur la liste du Patrimoine Mondial de l’UNESCO.

31 mars 2002 : Attaque de la synagogue de la Duchère par des voitures-bélier.