Cet article veut traiter d'un moment particulier de l'histoire de l'affirmative action en Afrique du Sud : celui de son entrée sur les espaces publics sud-africains. La délimitation du sujet va procéder d'une certaine violence méthodologique, dont la part d'arbitraire pourra être discutée. Ainsi, l'idée que l'apartheid contenait déjà une sorte d'affirmative action pour les Afrikaners n'est pas reprise ici, bien que cet argument ait parcouru la rhétorique politique sud-africaine récente. Il est vrai qu'une certaine forme du "black empowerment" des années quatre-vingt-dix a pu rappeler, par ses fondements et par ses montages financiers, l'"Afrikaner empowerment" des années cinquante - si ce n'est que celui-ci avait bénéficié d'un fort interventionnisme étatique . Mais, en ce qui concerne les politiques du travail, on ne pourra trouver une réelle continuité entre l'affirmative action d'aujourd'hui et les politiques de "civilised labour" du passé que si l'on perd de vue qu'à ces dernières, des règles de "colour bar" (barrières raciales) furent indissolublement liées. Sous l'apartheid et le régime de ségrégation qui l'a précédé , la promotion des Afrikaners s'est appuyée, dans son principe et dans ses méthodes, sur l'exclusion et l'exploitation des "non-Blancs". La politique préférentielle contemporaine en Afrique du Sud, qui exclut les quotas de ses méthodes, prétend à l'intégration sous un principe d'égalité restaurée...