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La communauté arménienne de Décines : un siècle de présence dans l'agglomération, de la survie à l'affirmation d'une culture singulière

Photographie de la façade du CNMA à Décines
A Décines, le CNMA© France3 RA

Étude

Au début du XXe siècle, l'agglomération lyonnaise entre dans une phase de fort développement, les mutations technologiques, le taylorisme et la grande industrie bouleversent les structures urbaines et sociales.

Le patronat, en quête de main d’oeuvre, peine à trouver des ouvriers dans un pays décimé par les pertes de la Première Guerre mondiale.

Coïncidence dramatique, la communauté arménienne vient de subir des massacres systématiques et une déportation chasse les survivants de ses terres.

Un industriel du textile va alors opportunément faire venir une « colonie » de travailleurs.
Date : 01/03/2012

Commune de l'Est du Grand Lyon, "Décines fut un nom sur une carte où échouèrent des rescapés du malheur du monde" (1). La communauté s'organise autour d'une vie rythmée par le travail à la Soie, immense usine de textile artificiel. Sortant d'une épreuve terrible, les premières années sont consacrées à la reconstruction et à l'adaptation à la société française. Après-guerre, la croissance économique accélère une assimilation réussie de la communauté arménienne à la société française.

A Décines, « petite Arménie », noyau dur de l'immigration régionale, une présence militante, engagée, s'investit dans la préservation de la culture arménienne de la diaspora, en voie de disparition. Près d'un siècle après l'arrivée des premiers arrivants et la construction du foyer du peuple, la communauté a su s'organiser et s'apprête à interroger aujourd'hui sa mémoire et son identité afin d'entrer pleinement dans l'histoire de France du XXe siècle.

 

Sommaire

● Décines, territoire de la grande industrie
● La politique de recrutement du personnel de la SLSA
● Vivre et travailler en France, sous le contrôle du patronat, des services de l’État et de la municipalité

● La perception de la France chez les immigrants
● La vie quotidienne à la cité, communautarisme et paternalisme
● Quitter la cité, bâtir sa maison, les premiers pas vers une autonomie
● Les immigrés arméniens vus par la population locale, les puissants et les intellectuels 

● La fermeture de l'usine force la communauté arménienne à sortir d'une vie autarcique et la pousse à l'assimilation 
● Revendiquer une culture singulière ou disparaître 
● Organiser le recueil de la mémoire, vers une « intégration créatrice »

 

 (1) Videlier Philippe, Décines, une ville, des vies, Vénissieux, éditions Paroles d’Aube, 1996