Cette école s’inscrit dans la transition. La base ici c’est l’écologie, notamment l’écologie humaine. Nous réfléchissons beaucoup au devenir des enfants. Le plus important, c’est qu’ils soient heureux. C’est une bonne base pour la vie, quel que soit l’avenir qui les attend. Nous avons aussi à cœur qu’ils soient vraiment respectés et aient une liberté d’actions, de mouvements, de choix. C’est donc une école où les enfants sont libres de choisir leur apprentissage, de circuler d’un lieu à l’autre... Il y a peu d’exigence qui pèsent sur eux. Je me suis beaucoup inspirée du travail d’Alice Miller sur la transmission de la violence et la manière dont un être humain qui a subi de la violence, met en acte cette violence par la suite. Nous sommes dans des systèmes extrêmement violents que ce soit entre humains, entre nations, au sein des entreprises ou envers nous-mêmes. Le stress, la pollution, la malbouffe participent d’une maltraitance ordinaire. Notre rapport aux enfants repose sur une violence banalisée, un système de domination, un système punitif qui comprend beaucoup d’attentes : que l’enfant obéisse, qu’il donne satisfaction, qu’il soit performant, qu’il ait des bonnes notes, qu’il réponde aux idéaux de ses parents du mieux possible... S’il ne le fait pas ; il est sanctionné. Les adultes ont beaucoup de droits sur les enfants. Mais je ne crois pas qu’un monde équitable puisse se construire sur ces bases : l’enfant absorbe tout ce qu’on lui propose, il s’adapte. S’il doit fonctionner dans une logique de domination, ce n’est pas étonnant qu’il perpétue cette logique par la suite. Donc, nous travaillons beaucoup sur ces questions. Ici il n’y a pas de punitions, pas de sanctions, pas de récompense, pas de notes sauf à la demande pour ceux qui préparent un examen et qui souhaitent être évalués.