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L'urbanisme était géré par la voirie aux débuts de la Communauté urbaine de Lyon

Interview de Félix ROLLET

Carte du quartier de la Presqu-île, Lyon
© Grand Lyon Magazine n°14, mars 2006

<< Quand je suis arrivé à la mairie en 1953, tous les problèmes, ressortant de l’urbanisme étaient résolus par la Direction de la voirie >>.

Interview de Félix Rollet, ancien adjoint à l’urbanisme de la ville de Lyon (sous les mandatures d’Edouard Herriot, Louis Pradel et Francisque Collomb).

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Date : 12/12/2008

Quand avez vous commencé votre carrière politique ?

Je suis arrivé à la mairie en 1953. A cette époque, on prononçait le mot «  urbanisme » mais on ne savait pas bien ce que c’était ! Tous les problèmes ressortant de l’urbanisme étaient résolus par la direction de la voirie. Mon titre officiel était « adjoint à la voirie ». J’ai connu Édouard Herriot à la fin de son mandat. Je n’ai pas eu le sentiment qu’il avait une vision d’avenir pour Lyon. « Voir loin », « Est ce que Lyon devait être une métropole ? » n’était pas du tout dans l’optique d’Herriot ! Je pense qu’Édouard Herriot a été trop encensé. Ce fut une personnalité politique pendant une vingtaine d’années en France. Il a eu un rôle important mais un rôle uniquement politique. A Lyon, il faisait le travail courant. Il était d’ailleurs souvent à Paris, en tant que Sénateur ou Député ou Président de l’Assemblée. 

A la mairie, j’ai eu l’impression qu’on administrait la ville de Lyon encore comme avant la guerre de 1914/18. Les problèmes paraissaient simplement d’ordre administratif. Il fallait que ce soit bien fait, suivant les règlements, etc. On n’allait pas chercher une conception humaine de problèmes, c’est-à-dire penser à ceux qui habiteront la ville. Nous n’avons commencé à parler d’urbanisme qu’après la création de la COURLY. Auparavant, c’était la voirie ! Les décisions importantes étaient prises par le ministère (de la Reconstruction, de la Construction puis de l’Équipement) et l’exécution des travaux était réalisée par le service de la voirie. Le jour où on a parlé à Louis Pradel d’urbanisme, il ne savait pas du tout ce que c’était, il a dit « Voyez avec Rollet ! » C’est comme ça que ça s’est fait !

 

Croyiez vous à l’intercommunalité quand l’État impose la création de la COURLY ?

Je crois que c’était une décision indispensable. Il fallait obligatoirement que l’on pense agglomération et non plus uniquement ville. La communauté urbaine a été imposée par Paris, il n’y a pas eu un grand débat. Je me suis attelé à ce travail quand je suis arrivé aux responsabilités. Pour vous donner une idée, avant l’intercommunalité, les problèmes techniques étaient résolus avec les services techniques des autres communes. Par exemple, on avait des relations d’amitié personnelle avec les services techniques de Villeurbanne. Par contre il n’y avait rien de prévu comme procédure et détermination de solutions politiques.

Tout le monde était d’accord pour dire que la commune de Lyon avait besoin pour son développement d’un « entourage » qui lui appartienne. Par contre, quand il s’agissait de céder un bout de terrain pour permettre la réalisation de cet entourage, les difficultés commençaient, généralement d’ordre électoral. En engendrant d’importants problèmes, le développement de la banlieue lyonnaise a également rendu nécessaire la création de la COURLY.

 

Est-ce que Louis Pradel avait une vision à long terme pour l’agglomération ?

Je n’ai pas l’impression qu’il se soit posé des problèmes. Avec lui, on réglait les difficultés au fur et à mesure.Le plus gros chantier fut certainement la Part-Dieu encore qu’il ne faille pas parler de chantier car l’ensemble ne s’est pas fait en une seule opération. C’était un homme de chantier et non un homme de bureau. Louis Pradel venait nous chercher le dimanche matin  et nous allions visiter les nombreux chantiers en cours ! A la Confluence se trouvait le marché au gros et la malheureuse gare d’eau de Perrache.

Les difficultés actuelles du site s’expliquent parce qu’on a eu l’imbécillité de couper la Presqu’île par la ligne de chemin de fer. A l’époque, la gare de Perrache a été construite dans un demi « no man’s land ». J’ai d’ailleurs toujours été admiratif de la prouesse technique des PLM pour être arrivé à mettre la ligne de Genève à 4 mètres du sol ! Une fois la gare construite, faire de l’urbanisme au delà relevait de la gageure !Même si j’étais à la mairie à l’époque, je n’ai pas été à l’origine des grands projets d’urbanisme. Ils ont été amenés à Lyon par Jacques Foch, le DDE du Rhône. Auparavant, les opérations de constructions étaient bien plus modestes et se limitaient aux opérations relevant du permis de construire.