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Firminy, un site exceptionnel pour le rayonnement culturel et touristique

Interview de Norbert CROZIER

<< Pour développer le tourisme dans l’agglomération nous devons apprendre à travailler à de nouvelles échelles et avec de nouveaux partenaires >>.

A l’heure où les territoires sont à la recherche d’une cohérence d’image, de visibilité et tentent de déployer une panoplie d’activités, de parcours et d’événements d’envergure, Norbert Crozier,chef de projet en 2007, pour le site Le Corbusier de Firminy au sein de Saint-Étienne Métropole, nous parle de la place du site exceptionnel de Firminy dans le rayonnement culturel et touristique de l’ensemble de l’agglomération.

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Date : 12/09/2007

Pourquoi avoir choisi le site de Firminy pour asseoir le rayonnement culturel et touristique de l’agglomération ?
La communauté d’agglomération, dès 2002, a choisi de faire de l’église Le Corbusier un équipement communautaire, parce qu’il répondait de manière très pragmatique aux trois critères suivants : la rareté, la notoriété internationale de Le Corbusier, et puis la possibilité de programmer du développement culturel à partir de ce site. Il faut aussi rappeler qu’à ce moment-là, l’agglomération était en train de construire son positionnement autour des thèmes de la modernité et du design. Ce site de Firminy s’intégrait bien au dispositif et le projet «  Saint-Étienne Métropole Design » a pu s’articuler autour d’un triptyque constitué par le Musée d’Art Moderne de Saint-Étienne, la future Cité du Design et le site Le Corbusier. Avec ce dernier, nous avons un de nos trois piliers et la possibilité de mettre en valeur la dimension architecturale et urbaine de notre positionnement. Le Musée d’Art Moderne, lui, porte la dimension artistique, et la Cité du Design met en scène le champ industriel. L’ensemble est cohérent, il fonctionne bien en termes d’image et d’identité mais aussi d’un point de vue touristique : on a là des arguments, une offre claire et attractive pour développer du tourisme culturel et urbain. Pour rester dans le domaine touristique, je pense aussi qu’il est important de pouvoir se différencier des autres territoires en tant que destination originale et attractive. C’est là que le site Le Corbusier peut jouer un rôle important : nous avons vraiment une offre touristique qui se distingue au niveau national et international et qui nous permet d’être repérés comme un site valant le détour. Bien entendu, Saint-Étienne a d’autres atouts et un patrimoine varié avec par exemple des parcs naturels exceptionnels, mais sur lesquels il est peut-être moins facile de faire valoir nos spécificités.

Comment préparez-vous la mise en tourisme de ce site ?
La mise en tourisme du site est à présent du ressort de l’Office du Tourisme de Saint-Étienne Métropole : la politique marketing, la communication, la billetterie, l’accueil, la gestion du site, l’événementiel. La Direction des Grands Equipements de Saint-Étienne Métropole reste en charge de tout le contenu scientifique et culturel. Cela se fait en lien avec le Musée d’Art Moderne, qui est pour nous le garant scientifique du projet au travers des expositions proposées par le centre d’interprétation dans les différents lieux du site. A travers ce site, nous avons vraiment à coeur de rapprocher les dimensions touristiques et culturelles avec le souci de ne pas se cloisonner. En effet, les enjeux sont souvent communs : développer l’image de l’agglomération, attirer des visiteurs, donner des clés de compréhension au grand public, sans remettre en cause tout le travail culturel de fond fait en lien avec des spécialistes. Par exemple, sur ce site de Firminy nous souhaitons bien sûr attirer des touristes mais aussi accueillir des résidences d’artistes et de chercheurs. Cela sera l’occasion de faire se rencontrer ces deux types de publics et peut être de faire jouer de nouvelles complémentarités. Pour contribuer à la mise en tourisme du site nous sommes aussi impliqués dans un projet piloté par la Région Urbaine de Lyon qui consiste à mettre en réseau plusieurs grands sites du patrimoine architectural du XXème siècle dans la métropole Lyon – Saint-Étienne sous le titre  «  le XXème siècle : les utopies réalisées ». Cette approche est innovante et elle répond bien aux nouveaux enjeux pour le développement du tourisme aujourd’hui dans l’agglomération ; nous devons apprendre à travailler à de nouvelles échelles et avec de nouveaux partenaires. Il s’agit de relier les territoires de la métropole, de combiner les offres touristiques entre elles et de rapprocher tourisme, patrimoine et culture.

Combien de touristes vont venir visiter ce  site ?
Je n’ai pas encore de données car c’est notre première année de fonctionnement et nous sommes dans une période de rodage et de transition. Nous ferons à la fin de l’année un bilan sur la fréquentation du site, qui n’a ouvert ses portes au public que depuis la fin novembre 2006. Il est trop tôt pour parler d’objectifs précis, mais on peut avoir certains éléments de comparaison : le site du palais du facteur Cheval avec plus de 100 000 visiteurs par an, ou la Chapelle de Ronchamps qui attire environ 80 000 visiteurs. L’objectif est, à terme, de se situer à ce niveau. Pour l’heure, tout n’est pas encore complètement prêt pour accueillir autant de visiteurs : fin 2007 début 2008, nous finirons de mettre en place des services complémentaires, comme l’audio-guidage, l’accueil des personnes handicapées, ou encore un véritable centre d’accueil avec une cafétéria, une librairie, une boutique… Le site devra de toute façon répondre aux critères fixés par l’Unesco et nous nous y préparons activement. Nous allons répondre à cette charte point par point, que ce soit au niveau de la conservation, du contenu des expositions, du travail auprès des enfants, et de la question de la mise en tourisme. En outre, comme je vous le disais précédemment, ce site ne sera pas une offre isolée : pour attirer d’avantage de touristes et leur permettre de rester plus longtemps, nous mettrons en valeur d’autres aspects du patrimoine autour de Saint-Étienne, je pense en particulier à la Chartreuse de Sainte Croix en Jarret, le patrimoine naturel avec les Gorges de la Loire… L’office du tourisme travaille sur l’articulation entre la culture, le sport, les loisirs, la nature, pour pouvoir proposer une offre cohérente et complète aux visiteurs de la région.

Qu’attendez-vous justement du label « patrimoine mondial » de l’Unesco ?
Pour nous, c’est vrai que ce serait un peu la cerise sur le gâteau. C’est à la fois la reconnaissance du positionnement international du site, de sa qualité architecturale et de sa capacité à transmettre aux générations futures des valeurs sociales, techniques et culturelles…. Pour le développement touristique de la région, c’est aussi une reconnaissance internationale très importante et donc, forcément, la perspective de flux touristiques complémentaires. Le label «  patrimoine mondial » est en soi une distinction qui pour certains touristes justifie un déplacement ou une étape. L’originalité de notre dossier pour l’Unesco, c’est aussi qu’il est transnational : c’est un ensemble de sites Le Corbusier qui se porte candidat ce qui offre aussi la perspective de renvois de clientèles entre les différents sites. Par sa dimension internationale et les réseaux culturels qu’il active, le site de Firminy sera peut-être aussi l’occasion d’ouvrir l’agglomération à d’autres types d’échanges, économiques ou scientifiques. Nous avons par exemple des pistes de travail très intéressantes avec la ville indienne de Chandigarh. C’est le premier site Le Corbusier au monde, créé par celui-ci dans les années 50 dans l’état du Punjab. Avec eux, nous avons monté une exposition croisée de photos de nos sites et, au-delà de l’architecture, les Indiens se sont notamment montrés intéressés par notre approche de la mise en tourisme d’un patrimoine du XXème siècle. Ils ont peu travaillé sur ce sujet jusqu’à présent mais cela leur ouvre de nouvelles perspectives et nous pourrions collaborer avec eux. Je pense aussi aux opportunités d’échanges entre les universités, l’enseignement supérieur…