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Prospective du travail 4/7 : Transformations numériques

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Illustration d'une voile nautique composée de langage informatique

Étude

Des usages numériques toujours plus présents et indispensables au travail, mais aussi aliénants et nocifs pour la santé à long terme... Un regard de plus en plus exigeant posé sur la digitalisation du travail.

Comment le numérique a-t-il transformé le travail ?
Découvrez nos éléments de réponse à travers des points « à retenir » ci-après, et téléchargez sur cette page 6 fiches tendances :
• Automatisation des tâches : travailler « grâce » ou « malgré » les machines (robots, logiciels) ?
• Travail à distance et individualisation des conditions de travail : le travail peut-il toujours produire du lien social ?
• Transformation numérique du travail : vers une approche par métiers ?
• Vers des collectifs de travail virtuels : la coopération est-elle possible à distance ?
• Délégation du travail à l’usager: quels impacts sur le travail des agents publics territoriaux ?
• Usages numériques intensifs : quels dangers à long terme pour l’homme ?

Ce chapitre est le 4ème de l'étude « Mon travail et moi ». Découvrez les autres chapitres sur Millénaire 3 !

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Date : 29/11/2021

À retenir

 

Les technologies numériques pénètrent le travail de multiples façons : généralisation de l’usage des ordinateurs individuels et des smartphones, déploiement des systèmes d’information d’entreprise et des applications métier, développement de l’internet des objets (objets/outils connectés, RFID…), traitement automatisé des données, big data et données ouvertes, intelligence artificielle et deep learning, robotisation… Leurs effets sur notre santé préoccupent - sur sollicitation, exigence de disponibilité permanente, poids du contrôle social implicite… - et commencent à faire l’objet de régulations plus ou moins contraignantes (droit à la déconnexion, bonnes pratiques de communication virtuelle)...

 

→ L'automatisation des tâches s'inscrit dans une approche techno-centrée

Les deux premières fiches explorent l’évolution de la division du travail, manuel ou intellectuel, entre l’homme et la machine. Elles montrent que l’automatisation des tâches s’inscrit dans une approche techno-centrée du travail : chaque occasion de transformation numérique semble en effet saisie sans véritable réflexion préalable sur le travail humain, ce qui n'est pas sans impact sur le contenu du travail et finalement sur les fonctions qu’il remplit pour l’individu et pour la société (fiche 1). Pourtant des alternatives existent : c’est en particulier le cas de l’approche métier, qui part des pratiques professionnelles pour procéder à la transformation numérique (fiche 2).

 

→ La médiation des outils numériques modifie radicalement les façons de communiquer et d’être ensemble, sans provoquer d’effets univoques

La fiche suivante traite des effets de la généralisation du travail à distance sur l’individualisation des conditions de travail (fiche 3). Tel qu’expérimenté depuis le début de la pandémie, le travail à distance a creusé les inégalités sociales et de genre en termes d’environnement de travail. Cela montre l’importance d’une régulation du télétravail pérenne qui risquerait autrement de fragiliser la fonction intégratrice du travail en privant les sujets d’une sphère de construction de leur identité sociale séparée de la sphère domestique. Deux fiches abordent l’impact du numérique sur les relations humaines au travail, entre collègues (fiche 4) et dans la relation agent/usager (fiche 5).La médiation des outils numériques modifie radicalement les façons   de   communiquer et d’être ensemble, sans provoquer d’effets univoques pour autant. Au sentiment d’isolement parfois ressenti répond la satisfaction également éprouvée d’une meilleure maîtrise de la distance avec les collègues ou les usagers ; à la perte des informations non verbales et à la raréfaction des échanges informels liée au mode distanciel répondent une rigueur parfois accrue dans la conduite des réunions. À l’évidence, la bascule vers le télétravail mériterait des enquêtes et des analyses fouillées pour dépasser le stade des appréciations générales.

 

→ L'enjeu d'une réelle prévention santé en lien avec les usages numériques

La dernière fiche évoque l’impact de l’usage des outils numériques sur notre organisme et notre psychisme (fiche 6). Si des symptômes commencent à être repérés (troubles de concentration, tendinite du pouce...), on manque encore d’une vision d’ensemble des effets d’un usage prolongé des outils numériques sur la santé. Ces effets, sur lesquels alertent des recherches récentes, ont de quoi interpeller. Alors que la transformation numérique s’accélère dans tous les compartiments de la vie, et singulièrement de la vie professionnelle, l’enjeu d’une réelle prévention santé en lien avec les usages numériques devient central, au-delà des chartes de bonnes pratiques numériques qui tendent à faire peser la responsabilité des usages sur les épaules des professionnels.

 

Ces tendances interrogent l'évolution des organisations publiques

 

➞ Comment réduire la distance entre l’organisation et le récit porté par le numérique (ses promesses d’agilité, de fluidité, de productivité, de solution à une multitude de blocages communicationnels, administratifs, organisationnels, etc.) ?

La promesse d’un “Grand Soir” numérique est très présente dans les discours et les représentations. Dans ce récit, les technologies apportent le progrès au travail et au travailleur qu’elles assistent et déchargent de la pénibilité. Cette tendance au « solutionnisme » numérique tend à imputer aux seuls mésusages, ou à une implémentation incomplète, les impacts négatifs d’avancées comme l’automatisation ou de la dématérialisation. Il s’agit à l’inverse de dépasser une approche purement technique (limitée au choix d’outils par les services informatiques et à la formation aux outils) et d’adopter une pensée systémique pour modeler cette transition numérique (projet d’administration 2.0., accompagnement des publics, mutualisation des démarches).

 

➞ Comment préserver le sens de l’activité pour les équipes ?

En modifiant à la fois les tâches qui incombent aux professionnels et les moyens dont ils disposent pour les effectuer (outils, ressources collectives, environnement physique de travail…), le numérique change en profondeur le travail et les métiers des collectivités. Son impact n’est pas univoque: le numérique peut transformer le travail pour le pire (si le sens s’efface derrière la technique) comme pour le meilleur (si les gains de productivité qu’il permet sont mis au profit d’une meilleure qualité de service). Comment promouvoir une transition numérique qui ne déstructure pas mais, au contraire, développe les métiers ?

 

➞ Comment préserver l’essence du service public ?

De par leur qualité de pourvoyeuses de service public, les collectivités sont engagées auprès des usagers par les principes de continuité, de gratuité et d’égalité d’accès au service. En modifiant la relation avec les usagers, la transformation numérique redéfinit la façon dont ces principes peuvent être mis en œuvre. En positif, elle ouvre des possibilités nouvelles, en termes de consultation, de participation, de dématérialisation des procédures… En négatif, elle peut induire une déshumanisation des relations entre les citoyens et l’administration et un creusement des inégalités d’accès au service public. Comment faire en sorte que la transition numérique rapproche l’action publique des citoyens plutôt qu’elle ne constitue entre eux un écran ?