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Le temps passe pour les politiques temporelles

Photo de personnes qui marchent dans un centre de gare
© Anna Dziubinska

Dossier

Depuis ces 25 dernières années, rien ne semble avoir beaucoup changé des débats qui secouent notre société en termes de rapport au temps, que ce soit sur les rythmes du travail, la ville la nuit, l’ouverture des commerces, l’information en temps réel ou l’allongement de la retraite... La nuit est de plus en plus colonisée par le jour et les riverains des terrasses se mobilisent contre ces nouvelles nuisances, les commerces peuvent ouvrir 12 dimanches par an et 24h/24 en ligne, les limitations de vitesses font se lever différentes catégories de lobby, les fake-news en temps réel n’ont pas le temps d’être « débunké » qu’elles ont déjà fait le tour du monde, les rythmes scolaires sont remis sur la table régulièrement tout comme le débat des retraites. Quant aux rythmes du travail, qui structurent fortement nos rythmes de vie, la tendance à son morcèlement ne faiblit pas.

Si depuis 1970 la durée annuelle effective du travail a diminué en France de 17 % et que le temps de loisirs a augmenté pour tous, cadres comme ouvrier, les inégalités s’observent dans l’émiettement du temps de travail. Plus d’un quart des salariés déclarent avoir travaillé le dimanche en 2016, contre 12 % en 1974. La proportion d’employés déclarant travailler habituellement le dimanche à elle aussi augmentée, passant de 5 % en 1984 à 20 % en 2016. Dans le même temps, la part d’ouvriers travaillant habituellement la nuit est passée de 3 % en 1984 à 13 % en 2016. Dans ces évolutions globales, on note des différences temporelles. Si les cadres sont plus enclins à faire plus d’heures que les ouvriers ou employés, ils ont aussi plus de liberté dans l’organisation du temps. Si le temps de travail des femmes croit, leurs journées sont encore sous tension en assumant encore la majorité des tâches domestiques et liées aux enfants. Si le temps partiel a augmenté globalement, les jeunes et les travailleurs étrangers y sont surreprésentés dans des situations plus souvent subies que choisies.

Ces évolutions démontrent l’intérêt de la pensée temporelle pour envisager des arbitrages et choix de politiques publiques face à la désynchronisation des individus, le sentiment d’accélération et les nouvelles inégalités ordinaires. Les politiques temporelles qui découlent de cette pensée existent depuis 25 ans en France. Elles ont fait leurs preuves à plusieurs reprises de leur capacité à penser des sociétés et des villes plus vivables et durables via des actions concrètes malgré ou en accompagnement de l’individualisation des modes de vie, de la mondialisation des échanges et des transformations des économies.

Retour sur plus de 25 ans de réflexion et d’expérimentations mettant en jeu le temps à travers une synthèse des ressources Millénaire 3 sur ce thème.
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Date : 12/09/2022