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Eau/3 - La responsabilité individuelle

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© Céline Ollivier Peyrin - Métropole de Lyon

Étude

Le rôle que joue l’eau dans la vie et sa place dans notre quotidien influencent les représentations que nous en avons.

Mais il est souvent difficile de trouver les bons repères pour parler de ce sujet : entre eaux « bleue », « verte » et « grise », on ne parle pas de la même « ressource », et la façon de raisonner dépend de l’échelle à laquelle nous nous plaçons (petit cycle de l’eau domestique ou grand cycle naturel).

Alors, pour mieux étayer un débat public sur l’eau, quelles sont les informations scientifiques à notre disposition ?
Que sait-on de la situation sur le territoire de la métropole de Lyon aujourd’hui et des prévisions dans le futur ?

Cette fiche revient sur l’eau consommée par chaque secteur (agriculture, industrie, ménages) aux niveaux mondial et national, en distinguant les différents types d’eaux (verte, bleue, grise).

Cette fiche est la troisième sur une série de neuf. Retrouvez l’intégralité de la fiche dans l’article ci-dessous et également en téléchargement sur cette page.

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Date : 30/09/2021

«La lutte contre le gâchis d’eau, c’est d’abord l’affaire des agriculteurs et des industriels » ?

 

Comment les habitants se posent-ils cette question ?

Les secteurs de l’industrie et de l’agriculture sont désignés chacun par un quart des Français comme étant le secteur utilisant le plus d’eau. Un autre quart des Français considère que les quatre usages (agricole, industriel, énergétique et domestique) utilisent autant d’eau les uns que les autres (CGDD, 2014).

Cela étant dit, la plupart des gens (86 % des Français) pensent que les consommateurs ont un rôle à jouer sur la préservation des ressources en eau mais une moindre proportion (65 % seulement en 2020) se sent responsable de la pollution de l’eau : s’il y a vraiment un problème à résoudre, la problématique relève davantage des autorités publiques et des gestionnaires privés que des particuliers (CIEAU, 2020).

 

Ce qu’il faut retenir :

L’eau captée pour les activités humaines (« l’eau bleue », cf. sujet 2) est pour plus de la moitié utilisée en France par les activités économiques comme l’agriculture et l’industrie, qui ont de ce fait un rôle important à jouer dans une meilleure gestion de la ressource. Mais cette eau est la plupart du temps captée en surface puis rejetée et ne nécessite pas d’être potable. Au contraire, l’eau potable est généralement plus difficile d’accès et majoritairement souterraine. Elle est distribuée par les collectivités et prioritairement destinée aux ménages, qui ont donc eux aussi un rôle à jouer dans sa préservation.

 

70 % de l’eau douce est utilisée par le secteur agricole

On estime que l’agriculture représente 70 % de l’utilisation d’eau douce à travers le monde, contre 20 % pour l’industrie et 10 % pour les habitants (ADEME). Mais si l’agriculture est un secteur grand consommateur d’eau, c’est avant tout parce qu’elle capte une partie de l’eau de pluie (l’« eau verte », cf. sujet 2). L’eau prélevée dans les rivières, les cours d’eau et les nappes phréatiques, aussi appelée « eau bleue », est en revanche majoritairement utilisée pour d’autres usages.

 

50 % de l’« eau bleue » est, en France, utilisée par l’agriculture et l’industrie

En France, un peu plus de 30 milliards de m3 d’eau sont ainsi prélevés chaque année pour satisfaire aux activités humaines (SoES, 2017). Mais la grande majorité de cette eau a un usage très spécifique puisqu’elle n’est pas consommée mais simplement dérivée afin de refroidir les centrales nucléaires ou alimenter les canaux de navigation.

Au-delà de cette eau « dérivée », le reste de l’eau prélevée qui est réellement consommée représente 10,7milliards de m3 (SoES, 2017). Cela équivaut à ce que les spécialistes appellent l’« eau bleue » (cf. sujet 2) c’est-à-dire l’eau captée dans les milieux et utilisée afin de répondre à trois fonctions :

💧   Les usages industriels (2,7 milliards de m3/an).

💧   Les usages agricoles (2,7 milliards de m3/an) comme l’irrigation.

💧   L’eau potable (5,3 milliards de m3/an).

Au final, l’eau potable représente donc un peu moins de 50 % du total de la consommation d’« eau bleue ».

 

Répartition des préléèvements d'eau douce par grands usages et milieux prélevés en France métropolitaine en 2013© SoES, 2017, p.21

 

+ de 2/3 de l’eau potable est issue du sous-sol

Les usages industriels et agricoles utilisent de l’eau douce mais ne nécessitent pas forcément de faire appel à une eau potable. C’est la raison pour laquelle la majorité de l’eau utilisée par ces secteurs économiques est captée en surface (rivières, lacs, réservoirs). Au contraire, l’eau potable est issue pour plus de deux tiers du sous-sol (nappes phréatiques), souvent de meilleure qualité que l’eau de surface pour s’hydrater.

 

80 % de l’eau potable serait destinée aux ménages

Les ménages ne représentent pas tous les abonnés au réseau d’adduction d’eau potable. Entreprises, commerces et administrations utilisent également cette ressource. Mais en réalité, les ménages en sont de très loin les premiers destinataires : même si les proportions sont difficiles à évaluer, on estime ainsi qu’environ 80 % de l’eau potable serait destinée aux besoins de la population (SISPEA, 2021).

Au-delà de la consommation d’eau à l’étranger issue de nos modes de vie (cf. sujet 2), et de l’eau de pluie (eau verte) essentiellement consommée par l’agriculture, la préservation de la ressource en eau bleue sur le territoire comporte 2 enjeux, qui mobilisent chacun des acteurs différents et qui se complètent :

  • La ressource en eau douce de surface, pour laquelle les agriculteurs et industriels sont en première ligne, mais aussi les pouvoirs publics par les aménagements qu’ils autorisent ;
  • La ressource en eau potable issue essentiellement des nappes phréatiques, dont les stocks dépendent pour une grande partie de la consommation des habitants d’une part, et des aménagements autorisés par les pouvoirs publics d’autre part (capacité à renouveler le stock en facilitant l’infiltration d’eau).

 

Et demain ?

En France, l’industrie réduit depuis plusieurs décennies son usage d’eau (environ -20 % de 1994 à 2013) (SoES, 2017), et l’agriculture suit depuis quelques années le même chemin (après avoir beaucoup augmenté sa consommation dans les années 1980-90 du fait de l’accroissement des surfaces irriguées).
La consommation d’eau potable, dont plus de 80 % est consommée par les habitants, a également enclenché une baisse depuis une vingtaine d’années.
Ces tendances sont encourageantes, mais elles ne suffiront pas forcément pour faire face aux évolutions à venir, que ce soit en termes de raréfaction de la ressource (cf. sujet 5) ou de pollution (cf. sujet 6).

 

Et dans le Grand Lyon ?

→ L’eau potable distribuée par le réseau d’adduction de la Métropole de Lyon provient très majoritairement du sous-sol, et plus particulièrement des nappes phréatiques situées sous le champ captant de Crépieux-Charmy (91 % de l’eau distribuée), au Nord-Est de la métropole (communes de Vaulx-en-Velin et Rillieux-la-Pape).

→ Les consommations domestiques représentent l’essentiel des abonnés du réseau.

→ En revanche, l’équilibre s’inverse pour la nappe de l’Est lyonnais : 47 % des prélèvements sont destinés à l’agriculture, 33 % à la consommation d’eau potable et 20 % à l’industrie (Grand Lyon, 2021).

→ L’artificialisation des sols a progressé de +98,5 ha/an entre 2000 et 2015, ce qui contribue à perturber l’infiltration des eaux de pluie dans les nappes et donc la recharge en eau bleue. L’eau est alors évaporée ou s’écoulent dans les eaux de surface (Grand Lyon, 2021).

 

Pour en savoir +

• ADEME, non daté, Cycle de l’eau, attention aux fuites, (infographie).

• CIEAU, 2019, Les Français et l’eau. Enquête nationale 2019, TNS Sofres.

• CIEAU, 2020, Baromètre annuel d’opinion 2020, Kantar.

• CGDD, 2014, Ressources en eau : perceptions et consommation des Français.

• Grand Lyon, 2019, Rapport annuel 2019 sur le prix et la qualité des services publics de l’eau potable et de l’assainissement.

• Grand Lyon, 2021, Schéma Général d’alimentation en eau potable, document interne.

• SISPEA, 202, Observatoire des services publics d’eau et d’assainissement

• SoES, 2017, Les prélèvements d’eau douce en France : les grands usages en 2013 et leur évolution depuis 20 ans.

 

Retrouvez toutes les fiches Eau :

Sujet n°1 – La disponibilité de la ressource en eau douce « La planète bleue ne peut pas manquer d’eau » ?

Sujet n°2 – Les consommations visibles… et invisibles « J’ai un comportement responsable, je fais attention à l’eau que je consomme au robinet » ?

Sujet n°3 – La responsabilité individuelle « La lutte contre le gâchis d’eau, c’est d’abord l’affaire des agriculteurs et des industriels » ?

Sujet n°4 – Les marges de manœuvre individuelles « Pour réduire ses consommations d’eau potable, il suffit de prendre des douches à la place des bains » ?

Sujet n°5 – La quantité d’eau douce disponible « Il y aura toujours assez d’eau dans le Rhône et la Saône » ?

Sujet n°6 – La qualité de l’eau potable « On trouvera toujours le moyen de rendre l’eau potable » ?

Sujet n°7 – Les nombreux effets du changement climatique « Avec le changement climatique, c’est surtout le littoral qui sera touché par la montée des eaux » ?

Sujet n°8Le prix et le coût de l’eau « L’eau devrait être gratuite » ?

Sujet n°9 – Les différentes fonctions de l’eau « Le plus important, c’est l’eau pour boire et pour se nourrir » ?

 

 

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Pour tout savoir sur la démarche Eau futurE et ses suites, rendez-vous sur jeparticipe.grandlyon.com.

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