Écoles privées : La dimension économique

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Étude

Déménagement de l’EM Lyon à Gerland pour un budget de 110 M€, entrée d’investisseurs financiers au capital de groupes privés, levée de fonds d’HEC de 200 M€, l’internationalisation des grandes écoles d’origine consulaire...
Cette ressource se penche sur les aspects purement économiques des établissements d'enseignement supérieur privé, un secteur d’activité en croissance et présentant souvent une bonne profitabilité, pour en cerner les logiques dominantes, tout en ayant une réflexion sur ce que cela peut induire dans les relations ou les échanges entre ce secteur et la Métropole.

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Date : 04/02/2021

L’essentiel

 

L’objectif est ici d’éclairer les aspects économiques du secteur de l’enseignement supérieur privé, sans aborder les sujets plus impliquants au plan humain, comme le montant des frais de scolarité, les sacrifices imposés aux familles ou aux étudiants eux-mêmes.

 

Principaux enseignements

 

De manière générale, en France, le secteur de l’enseignement supérieur privé peut être considéré comme économiquement autonome. Il s’agit d’un secteur :

  • En croissance : il accueille aujourd’hui 21 % des étudiants, avec une projection à 30 % dans 10 ans,
  • Partagé entre 3 grands types d’acteurs :
    • Écoles d’origine consulaire (exemple dans la Métropole : EM Lyon)
    • Écoles privées « pures » (exemple dans la Métropole : Institut Vatel)
    • Écoles d’origine confessionnelle (exemple dans la Métropole : Ecam)
  • Présentant une bonne rentabilité (6 à 8 % de Résultat Net pour certains acteurs privés « purs »), ce qui motive l’arrivée d’investisseurs financiers.

 

Dans la Métropole, l’enseignement supérieur privé a acquis une surface économique significative :

  • 37 000 étudiants accueillis, soit 23 % des étudiants
  • 500 M€ de CA annuel cumulé
  • 6000 emplois générés (salariat et autres formes)

En moyenne, les ressources des écoles sont apportées principalement par les frais de scolarité des étudiants (8 500 €/an/étudiant en moyenne).

 

 

La taxe d’apprentissage et les activités de formation continue sont deux autres postes importants, loin devant les subventions, les travaux de recherche et le fundraising. Le poste « autres », significatif, recouvre des prestations diverses ou encore les frais de concours.

Côté charges, les écoles assument des frais de personnel importants (salariés, vacataires, intervenants sur honoraires). Viennent ensuite les locaux et moyens généraux (incluant les systèmes d’information), la R&D (innovations pédagogiques et nouveaux programmes) et les dépenses de communication.

 

 

L’importance de ce dernier poste est due à une communication multiniveau (étudiants… et parents), intervenant dans un univers de concurrence frontale, avec des offres très semblables et des tarifs souvent proches.

 

Questions prospectives

 

Dans le champ économique, les questions générales posées à l’enseignement supérieur privé sont :

  • La concurrence internationale peut-elle impacter ce secteur, y compris dans des filières (ex : métiers de la santé) et cursus (ex : BTS) aujourd’hui très « franco-français » ?
  • L’augmentation régulière des frais de scolarité (8 500 €/an en 2020 et 10 000 €/an attendus en 2025)  peut-elle être disruptée par de nouveaux entrants comme cela a été le cas dans le transport aérien, l’automobile ?
  • La croissance de la part d’étudiants dans le secteur privé est-elle réellement inéluctable ?
  • La « financiarisation » du secteur, avec le poids grandissant des investisseurs, peut-elle peser sur les modèles pédagogiques ?

Toutes ces questions s’adressent aussi aux écoles privées de la Métropole : elles sont plus de 60 et couvrent une large gamme de cursus et domaines. Au plan local, on peut s’interroger sur les effets à terme de la concentration des écoles dans les métropoles, avec une tendance aux implantations en centre-ville : difficultés de logement des étudiants, locaux pédagogiques peu adaptés, etc.

 

Enjeux pour la Métropole

 

L’enseignement supérieur privé n’est pas aujourd’hui un secteur en difficulté au plan économique. Il dispose de plusieurs leviers de croissance et de profitabilité : regroupement et/ou rachat d’écoles, duplication de modèles efficaces, allongement des cursus pris en charge, extension des « marques » les plus fortes à de nouveaux services, partenariats internationaux… Pour porter cette croissance, les investisseurs privés sont déjà présents depuis quelques années, et le financement direct par la collectivité n’est pas ici déterminant.

Cependant, la métropole ne peut être seulement pour les écoles un lieu d’implantation, et doit favoriser des implantations mutuellement profitables. Une école qui s’implante dans la métropole :

  • Fait de sa localisation un atout marketing vanté à satiété sur sites web et plaquettes, mais contribue-t-elle à la visibilité internationale de la métropole, ce que fait par exemple l’EM ? Le tropisme pour le centre de la métropole n’est-il pas en contradiction avec certains schémas d’aménagement ?
  • Bénéficie de la densité et de la diversité du tissu économique local pour procurer des stages aux élèves, nouer des partenariats de recherche, collecter des fonds pour le fundraising, mais fait-elle venir de nouvelles compétences avec ses enseignants ou professeurs « visitants » ; apporte-t-elle une réponse, même partielle, aux besoins en compétences de la métropole ; permet-elle d’investir, en partenariat avec d’autres acteurs, dans des équipements autres que des m² de bureaux ?
  • A accès à un vivier d’étudiants et à un effet « débordement » (récupération des élèves qui n’ont pas été admis dans les autres écoles privées du même secteur), mais apporte-t-elle une offre originale, ouvre-t-elle des portes à de nouveaux publics étudiants ?

 

Pour favoriser ces équilibres d’intérêt, la Métropole, en tant qu’institution, peut jouer sur l’appui aux choix d’implantation, la mise en relation avec des partenaires publics ou privés, l’éclairage sur les besoins en compétences, le soutien à l’innovation dans les cursus ou les moyens pédagogiques.

 

Méthodologie

 

Pour réaliser cette étude, plusieurs sources documentaires ont été explorées :

  • Interviews de dirigeants d’écoles ou de groupes d’écoles de l’enseignement supérieur privé,
  • Données économiques accessibles sur des sites spécialisés tels que societe.com et infogreffe. Il faut cependant noter que les écoles à statut associatif sont dispensées de publier leurs comptes.
  • Données Quam sur les charges et frais généraux des entreprises du secteur tertiaire,
  • Étude Opale « Enseignement supérieur privé dans la Métropole de Lyon ». Cette étude de 2017 explore la diversité des écoles présentes sur le territoire ainsi que leur implantation. Au plan économique, elle caractérise la montée des investisseurs privés pour soutenir le développement des écoles.
  • Article publié par Espace Prépas by Studyrama, en 2015, intitulé « Budget des Grandes Écoles – les grands équilibres ». Cet article, rédigé sur la base d’une enquête directe auprès d’écoles, éclaire quels sont les grands postes des comptes de résultat de ces établissements.

On peut ici souligner la difficulté à établir une vue économique précise du budget de fonctionnement des écoles. Par exemple, le poste « salaires et traitements » dans les comptes publiés ne prend en compte que les salariés, et non les intervenants occasionnels payés sur honoraires, dilués dans le poste « autres charges ». De ce fait, les chiffres donnés ici ont été issus de recoupements et extrapolations.