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Lyon et le catholicisme social

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Illustration représentant une sainte

Interview de Hugues PUEL

<< Le mouvement du catholicisme social et la pensée d'une économie humaine sont tout à fait d'actualité >>.

Pour Hugues Puel, ce qui caractérise le catholicisme social lyonnais, c’est son attachement à la démocratie et aux lois sociales.

Hugues Puel est né en 1932 à Bordeaux où il a fait des études de droit, de sciences politiques et d'économie à l'université de Bordeaux. Entré dans l'Ordre des Prêcheurs en 1957, il s'engage dans le mouvement Economie et Humanisme (E&H) fondé par un autre Dominicain, Louis-Joseph Lebret, dont il sera le directeur général de 1969 à 1973. Il sera également le directeur de la revue du même nom de 1968 à 1979, maître de conférences à la faculté des sciences économiques et de gestion à l'université Lumière (Lyon II) de 1968 à 1993.

Il est actuellement chroniqueur au Forum du quotidien La Croix. Il est l'auteur de plusieurs ouvrages, notamment aux Editions du Cerf, sur le chômage et le système de l'emploi, sur l'économie et l'éthique économique. Il est un animateur actif de l'Antenne Sociale, membre du Conseil d’administration de la MRIE et de celui de l’ALPES.

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Date : 12/01/2010

Préambule : Doctrines lyonnaises : où en sommes-nous ?

 

Chronique sociale, Semaines Sociales de France et Antenne sociale, les organes actifs du catholicisme social lyonnais : bref historique d’une grande pensée.

Dans les années 1830, Lyon va connaître deux importantes  grèves de canuts, l’une en 1831, qui tourne à l'insurrection et qui sera particulièrement violente, et une autre en 1834. Ces événements conduisent Frédéric Ozanam à fonder les Conférences de Saint-Vincent-de-Paul dont le but initial est de faire prendre conscience de la misère ouvrière à des jeunes gens issus de milieux aisés. Quelques années plus tard, en 1859, le Père Antoine Chevrier fonde le Prado, un lieu d'accueil et d'éducation d'enfants pauvres de ce milieu. Ces initiatives marquent le début, à Lyon, d’une pensée « sociale » de l’Eglise qui prendra toute son ampleur dans le courant du XXème siècle. En 1909, à l’initiative de deux laïcs, un ancien employé des soieries, Marius Gonin, et un grand bourgeois, Victor Berne, la Chronique sociale de France succède à la Chronique des comités du Sud-Est créée en 1892, pour dans un premier temps soutenir la diffusion de La Croix de Lyon, puis lors du rapprochement de l’Eglise et des républicains, devenir un organe d’animation sociale. La création de la revue suscite de vives réactions dans le milieu catholique, mais le primat des Gaules soutient la revue à laquelle collaborent activement l'avocat et penseur politique Auguste Crétinon, le juriste Emmanuel Gounot et le philosophe Joseph Vialatoux, disciple de Blondel et de Bergson, qui sera pendant plus d'un demi-siècle l'un des grands penseurs du catholicisme social.

En 1904, Marius Gonin et Adéodat Boissard, fondent les Semaines Sociales de France, et la première Semaine sociale qui réunira 600 auditeurs se déroule à Lyon du 1er au 7 août 1904.

Les mondes du travail et de l’Eglise, des ouvriers et des bourgeois, des laïques et des chrétiens, se rencontrent et se mêlent dans une volonté partagée de reconnaissance de la dignité humaine et de justice. Il s’agit de mesurer et de lutter contre les causes fondatrices de la misère ouvrière. Le travail ne doit plus réduire l’ouvrier à une vie d’esclavage et l’économie doit se concevoir comme étant avant tout au service de l'homme.

Depuis, les Semaines Sociales de France ont œuvré pour alimenter la réflexion sur les grands enjeux de société, sociaux, économiques et politiques. Ce réseau animé, après la mort de Marius Gonin en 1937, par le résistant Joseph Folliet s’est notamment exprimé contre l'utilisation de la torture par les forces françaises et pour la légitimité des aspirations à l'indépendance du peuple algérien. Après la décolonisation, Joseph Folliet prône la coopération avec les pays du Sud pour aider à leur développement. Dans ce but, il participe à la création de la revue Croissance des Jeunes Nations au sein du groupe des Publications de la Vie catholique dont il avait été en 1945 l'un des cofondateurs, et avec Gilbert Blardonne, il ouvre à Lyon un centre portant le même nom que ce mensuel. En 1964, il participe à la Semaine sociale de Lyon qui réunit 5400 semainiers sur le thème : "Le travail et les travailleurs dans la société contemporaine". À partir de 1965, c’est Jean Lacroix membre du groupe "Esprit" lyonnais, ami proche d'Emmanuel Mounier et de l'économiste chrétien et lyonnais François Perroux dont il accompagnera la recherche d'une "économie au service de l'homme", qui va profondément marquer le mouvement. Dans les années 1990, la Chronique sociale a organisé trois semaines sociales régionales.

Aujourd’hui, la Chronique sociale, qui compte 350 adhérents dont une cinquantaine de communautés ou d'associations et une trentaine de militants actifs, publie une lettre trimestrielle, des notes d'actualité et réunit des colloques. Elle organise également des week-end destinés aux jeunes. Après Maurice Sadoulet, René Valette, alors vice-recteur de l'Université catholique et ancien président du CCFD en a assuré la présidence en 1996. Il a mis l'accent sur l'attention aux plus petits, l'action avec et non pas seulement pour les plus pauvres. Luc Champagne a pris sa succession en 2001.

 

… pour en savoir plus "Lyon, haut lieu du catholicisme social" article d’Aimé Savard, La Lettre n°37, Semaines Sociales de France, janvier 2005