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Cycle Veille M3 / La « sobriété », contrainte à imposer ou horizon d’une société apaisée ?

Dossier

COP après COP, l’impératif de sobriété s’impose comme le préalable à toute forme d’adaptation au dérèglement climatique. Dans les prochaines années, il sera à n’en pas douter la pierre angulaire de nos débats politiques.

Indispensable, cette « fin de l’abondance » doit nous permettre de réduire notre impact sur le fonctionnement du système-Terre. Mais peut-on imaginer l’éventualité d’une sobriété qui assure « le bien-être de toutes et tous », comme l’énonçait le Groupe d'experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) en 2022 ? Une sobriété « heureuse », en somme…

Heureuse ou contrainte, la sobriété conduit à s’interroger sur nos besoins réels. Elle pose aussi la question de notre rapport à la modernité, spontanément associée à la surconsommation et à l’idée d’une croissance toute puissante.

En matière d’acceptabilité, l’ensemble des décideurs, en France ou ailleurs, devront choisir l’angle de vue à l’aune duquel ils justifieront les mesures prises : une redirection en forme de retour en grâce du traditionalisme, ou au contraire, un virage innovant pour imaginer des modes de vie moins voraces.

Le temps serait donc venu d’adopter des changements axés sur l’essentiel. Moins de matériel, plus de sens. Plus de collectif, moins de concurrence. Plus de respect pour le vivant, moins de numérique, alors que 60 % du trafic de données ne se justifie que par le seul visionnage de vidéos en ligne.

Déjà, des hommes et des femmes ont choisi de vivre autrement. S’agit-il de renoncements à un certain confort, ou de la mise en pratique de nouvelles échelles de valeurs, reformulant les enjeux du bien-être ?

Au pied du mur, des questions démocratiques et économiques seront à poser : peut-on réduire notre empreinte écologique, tout en réduisant les inégalités sociales ? Pour y parvenir, quelle serait la bonne échelle de gouvernance ?

À court ou moyen terme, allier l’utile au soutenable s’annonce comme le défi majeur lancé à notre société. Et s’il s’agissait bien de renoncements, en serions-nous vraiment plus malheureux ?

Bonne lecture !
Date : 10/01/2024