Veille M3 / L’adaptation au changement climatique représente-t-elle un test pour les capacités de résilience de la démocratie ?
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Pour piloter la transition écologique, sur quelle forme de démocratie s’appuyer ?
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En 2021, le GIEC et l’IPBES avaient réuni leurs efforts pour publier un rapport de référence sur les liens entre biodiversité et changement climatique.
Deux ans plus tard, dans le cadre des travaux de la Stratégie française énergie climat, la Fondation pour la Recherche et la Biodiversité (FRB) pilotait une synthèse des connaissances sur ce même sujet, cette fois-ci recentrée sur les écosystèmes français.
Plus précisément, l’objectif de ce travail était « de réunir et vulgariser des éléments scientifiques sur les impacts du changement climatique sur la biodiversité et les services écosystémiques en France, y compris outre-mer, pour les niveaux de réchauffement climatique mondial +2 °C et +4 °C à horizon 2100 ».
Le changement climatique est, pour l’instant, une cause encore minoritaire de dégradation de la biodiversité — la première cause restant la destruction et la pollution des écosystèmes. Mais le réchauffement pourrait devenir le facteur majeur de détérioration du vivant une fois franchie la barre des +2 °C. Le rapport insiste donc sur l’intérêt de traiter les deux enjeux en parallèle, en cherchant des solutions gagnant-gagnant.
En effet, en s’appuyant sur de nombreux exemples, le rapport montre que « les liens entre biodiversité et climat sont faits de rétroactions respectives : la perte de biodiversité aggrave le changement climatique qui en retour dégrade la biodiversité qui perd ses facultés de réagir au changement climatique. »
En miroir de ces potentiels cercles vicieux, les auteurs montrent que des dynamiques vertueuses de co-bénéfices entre climat et biodiversité peuvent être enclenchées. Dès lors, la biodiversité n’apparaît plus seulement comme « une victime, elle peut aussi être une solution pour atténuer le changement climatique et s’y adapter. »
Ainsi, si l’intérêt majeur du rapport est de fournir une synthèse en langue française de la littérature sur les liens entre climat et biodiversité, les auteurs complètent cet état des lieux par une série de préconisations qui entrent en résonance avec ce message central. Ils invitent par exemple à questionner certaines techniques envisagées pour lutter contre le changement climatique, comme l’intensification de la production de bioénergie ou la diffusion de particules pour refroidir l’atmosphère, qui pourraient avoir des effets néfastes sur la biodiversité.
Les auteurs privilégient les solutions fondées sur la nature — comme la restauration des écosystèmes dégradés ou la végétalisation des villes — dont les études montrent qu’elles s’avèrent le plus souvent mutuellement bénéfiques pour le climat et la biodiversité.
Une limite évidente de ce type de travail concerne les lacunes de connaissances, la complexité des interactions entre systèmes et la grande incertitude qui en résulte. Mais les auteurs préviennent que ces lacunes « ne doivent pas être un frein à l’action, mais au contraire une indication sur les précautions à prendre. » Ils rappellent que, « plus les modèles diffèrent de la situation actuelle ou de référence, moins ils sont fiables », si bien que le principe de précaution nous invite à agir le plus vite possible pour éviter des situations qui pourraient devenir ingérables.
D’ailleurs, dans les annexes du rapport, les « recommandations pour des changements importants (4 °C) » font le plus souvent apparaître une case vierge, témoin de la difficulté à imaginer des solutions d’adaptation pour ces situations extrêmes. Dans ce cas, « de nombreuses espèces animales et la plupart des espèces végétales ne pourront pas déplacer leur zone de distribution assez rapidement pour suivre le déplacement de leur zone climatique optimale ».
Parmi les différentes recommandations opérationnelles identifiées dans la littérature, les auteurs retiennent deux catégories d’actions qui peuvent servir de principes pour soutenir l’adaptation des écosystèmes au changement climatique :
Ces deux principes inspirent d’ores et déjà de nombreuses politiques publiques de conservation de la biodiversité, que ce soit au niveau local ou national. Reste une question centrale : suffiront-ils pour permettre à la biodiversité de s’adapter à un réchauffement de 3 ou 4 °C, tel qu’anticipé par le nouveau Plan national d’Adaptation au Changement climatique ? À la lecture de cette synthèse des connaissances scientifiques, on peut légitimement se le demander.
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