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Quelles stratégies des collectivités locales face au secteur privé ?

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Étude

La présence d’une population étudiante aux besoins et modes de vie spécifiques, d’enseignants, de chercheurs, d’acteurs ayant des liens étroits avec le monde économique transforme les dynamiques territoriales et impactent les politiques publiques des différentes collectivités territoriales. Le fort développement de l’ESP [Enseignement Supérieur Privé] depuis une vingtaine d’années s’est traduit notamment par l’essor de pôles académiques essentiellement privés dans certains quartiers.

Bien que l’ESP ne représente qu’un étudiant sur six, il oblige les collectivités à regarder de plus près cet élément perturbateur des stratégies d’aménagement urbain et de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche pensées essentiellement avec les acteurs publics (universités, centres de recherche, etc.).

Face à ces évolutions, les collectivités territoriales réfléchissent à la manière dont elles peuvent dialoguer avec l’ESP : comment répondre aux sollicitations ? Comment anticiper ou amortir l’impact de l’installation de nouveaux campus privés ?

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Date : 18/03/2021

L’essentiel :

 

La forte croissance de l’enseignement supérieur privé (ESP) depuis une vingtaine d’années s’est traduite notamment par l’essor de pôles académiques essentiellement privés dans certains quartiers et/ou une part grandissante d’établissements privés sur les campus traditionnels. Bien que l’ESP ne représente qu’un étudiant sur six en France, il est un élément perturbateur des stratégies d’aménagement urbain et de développement de l’enseignement supérieur et de la recherche, pensées essentiellement entre acteurs publics. Son effet d’entropie est fort et va le rester dans la mesure où il répond à des demandes sur lesquelles les universités sont peu présentes : formations en commerce, management, ingénierie, arts appliqués, formations en alternance et formation tout au long de la vie.

 

Principaux enseignements

 

  • L’enseignement supérieur privé est un moyen pour les collectivités territoriales d’agir sur le contenu de l’offre de formation aux mains des acteurs de l’enseignement supérieur et de la recherche (ESR) et de l’État.
  • Région, département, intercommunalités, communes, chaque échelon a des marges de manœuvre spécifiques selon ses compétences. Cette imbrication des échelles et des acteurs complexifie une approche intégrée, rendue déjà difficile par la divergence des intérêts (une région peut vouloir équilibrer l’offre sur le territoire et être en conflit avec des stratégies locales).
  • S’il existe une littérature scientifique sur les relations entre ESR et collectivités territoriales, celle-ci s’intéresse peu à l’ESP. Avoir une vision structurée et globale de la diversité des positionnements demanderait un travail d’investigation au cas par cas (un territoire et ses différentes collectivités, ou une collectivité en particulier) et/ou par outils dans lesquels les collectivités peuvent être parties prenantes (ex. CPER, PRES…).
  • Des collectivités déploient quelques dispositifs : soit ciblés sur les étudiants de l’ESP suite à des conventionnements avec les établissements, soit ouverts à tous (Revenu minimum étudiant, bourses de mobilité, stages, etc.).
  • Qualité de vie, qualité du bâti (ancien rénové, moderne…) sont mis dans le « panier de la mariée » tendu aux établissements de l’ESP.
  • Proactives, certaines collectivités affichent leur ambition de peser sur l’offre académique en dépassant le clivage public/privé et lancent un Appel à manifestation d’intérêt (AMI). Cela leur permet d’attirer des établissements s’intégrant dans leur stratégie de développement territorial.

 

Question prospective : l’adéquation de l’offre initiale aux besoins locaux : la Fausse Bonne Idée ?

 

La Métropole doit-elle soutenir le développement d’une offre de formation initiale en adéquation avec les besoins du bassin d’emploi local ?

Tous les dispositifs, réformes et discours appellent à faire mieux correspondre l’offre de formation du territoire aux besoins locaux. La crise sanitaire, en remettant sur le devant de la scène la nécessité de rapatrier certaines industries, compétences et savoir-faire, repose aussi cette nécessité. Cette adéquation serait garante d’une bonne insertion professionnelle et du dynamisme économique local. Pourtant, rien ne prouve que la qualité de l’insertion sociale et professionnelle des jeunes dépende de la qualité de la relation entre la formation et l’emploi : tant les études empiriques (périmètre de première embauche largement national, mobilité voulue…), que théoriques peinent à articuler les deux. Faut-il alors sortir de ce cadre pour penser d’autres articulations entre formations supérieures privées et territoires ?

Privilégier une articulation autour de l’offre en alternance et/ou en formation tout au long de la vie qui articule par nature acteurs de formation et acteurs économiques ? Développer des offres co-construites avec les acteurs locaux ?

Réfléchir au développement d’une offre courte répondant en priorité aux attentes des étudiants du territoire, et non à celles des entreprises, dont le périmètre d’embauche n’est pas forcément local et les besoins très évolutifs, est une autre piste pertinente. L’offre métropolitaine en cursus courts (bac+2/+3) est relativement faible. Cela a des conséquences directes pour les jeunes du territoire, car les cursus courts accueillent davantage d’étudiants locaux et de boursiers que les autres. En l’occurrence, le territoire métropolitain, fort bien pourvu en cursus longs, accueille une majorité d’étudiants d’autres académies et à un faible taux de boursiers. Développer des cursus courts permettrait peut-être d’ouvrir des possibilités aux jeunes du territoire contraints de s’éloigner pour étudier, lorsqu’ils en ont les moyens (financiers, cognitifs, etc.). Si l’objectif est de se rapprocher des besoins des entreprises locales, une piste pourrait être de favoriser la co-construction de cursus. La réactivité de l’ESP serait alors un avantage pour faire évoluer l’offre en fonction des besoins. Coupler cursus courts et alternance pourrait aussi favoriser l’embauche locale, dans la mesure où cela répond aux aspirations des étudiants.

 

Enjeu pour la Métropole : rendre visible les synergies entre offres publique et privée

 

  • Les parcours étudiants sont complexes et non-linéaires. En réalité, il existe une complémentarité informelle forte entre offres supérieures publique et privée. Dans son rôle « d’assembleur », la Métropole pourrait-elle travailler sur la mise en visibilité de la complémentarité des deux secteurs ? En s’appuyant sur une cartographie des parcours étudiants entre public et privé, elle pourrait contribuer à améliorer l’information et l’orientation des étudiants, et fluidifier les parcours en identifiant les passerelles existantes ou à construire.
  • Quelle est le bon périmètre pour réfléchir aux relations avec l’ESP ? Le périmètre métropolitain est-il pertinent, ou est-ce celui du pôle métropolitain regroupant Métropole de Lyon, Saint-Étienne Métropole, ViennAgglo et la Capi ?