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Écoles privées : les enseignements du contexte genevois

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Étude

Si les universités publiques locales (Université de Genève, Haute École de Suisse Occidentale, Graduate Institute) jouissent d’une bonne réputation dans les classements internationaux, mais aussi pour l’insertion professionnelle de leurs anciens étudiants, les universités privées ont pris ces dernières années un poids croissant.
Sur la base d'une enquête à propos du cas genevois, l'objectif de cette mini-étude consiste à décrypter les ressorts du développement de l’enseignement privé sur ce territoire. Plus spécifiquement, il s'agit de proposer une typologie des formes en présence, et de décrire les forces et faiblesses de ces institutions, leur positionnement, mais également les problèmes ou points de vigilance notables à leur propos.

Découvrez l'étude complète en téléchargement, et son essentiel sur cette page.

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Date : 17/02/2021

L’essentiel

 

Afin d’anticiper ou de mettre en lumière des enjeux liés au développement de l’enseignement supérieur privé à Lyon, Near Future Laboratory a réalisé une étude de cas à propos de Genève. En analysant l’offre de formation de cette ville voisine, l’objectif était de souligner risques, opportunités et points de vigilance pour la Métropole, tout en montrant les spécificités de chaque territoire.

 

Principaux enseignements

 

L’analyse des établissements d’enseignement supérieur genevois privés a mis en lumière trois enjeux :

1. Un risque sur la qualité des formations, des diplômes et donc une insertion professionnelle hasardeuse, du fait du contrôle limité sur ces organisations.

2. L’existence d’un système d’enseignement parallèle aux structures publiques, un système hors-sol reposant sur des cours uniquement en anglais, à des prix élevés, et certifiés par des organismes étrangers (nord-américain notamment).

3. La force de frappe et le réseau des institutions privées qui nouent de manière croissante des partenariats avec des institutions locales (organisations onusiennes, grandes entreprises privées…) se font au détriment progressif des universités et écoles publiques. Lesquelles n’ont pas non plus la souplesse pour ouvrir rapidement des formations plus en prise avec l’actualité (relations internationales, cybersécurité, blockchain).

 

Du point de vue lyonnais, le cas genevois est intéressant en ce qu’il révèle :

  • Un système d’enseignement supérieur différent, et qui ne semble pas connaître l’ébullition et les ruptures présentes en France et à Lyon (cf. note Nova7).
  • Un système éducatif différent, dans lequel les établissements publics sont en position de force, grâce à une coordination forte avec les milieux économiques, particulièrement pour la formation professionnelle non-universitaire. L’importance toute relative d’organismes privés de formations par rapport aux forces en présence à Lyon montre moins une faiblesse des besoins genevois, mais plutôt la qualité des liens entre structures étatiques et entreprises en Suisse, qui savent coopérer pour organiser le système éducatif.
  • Les trois enjeux évoqués plus haut ne se présentent pas exactement de la même manière. Si les risques de formations de mauvaise qualité existent dans les deux villes, le fait d’avoir un système d’enseignement supérieur parallèle et très onéreux pour expatriés ne se pose pas dans les mêmes termes à Lyon. La comparaison des deux territoires montre néanmoins la difficulté, et le manque de maitrise dans la formation professionnelle supérieure en France.
  • La manière d’évaluer la crédibilité des établissements d’enseignement supérieur en Suisse interroge également en retour les institutions lyonnaises, notamment sur l’importance donnée à Genève aux activités de recherche pour obtenir une accréditation d’université généraliste.

 

Questions prospectives – Quels points de vigilances liés à ces établissements privés doivent interpeller la Métropole ?

 

Cette étude du cas genevois met en avant différents points de conclusion :

  • L’importance de valoriser des expériences lyonnaises singulières et inexistantes sur un territoire pourtant dynamique comme la métropole genevoise. Ce caractère innovant devrait être a minima reconnu (labellisé ?) et encouragé, par exemple dans des critères de soutien.
  • Le caractère potentiellement repoussoir du système libéral suisse et genevois qui laisse s’installer d’un côté quelques établissements pertinents, mais une majorité d’établissements de qualité très disparate, voir discutable. Ce qui, en retour, interroge à Lyon sur le point suivant : au lieu de stimuler les établissements privés, serait-il possible d’aider les structures publiques dans leurs liens avec les entreprises et leurs besoins ? Par exemple en aidant/réalisant des études de marché auprès de celles-ci et en soutenant la constitution de programmes ou maquettes de diplômes plus adaptées dans les écoles publiques ?

L’existence d’un établissement généraliste universitaire privé de notoriété croissante à Genève, et la concurrence qu’il entraîne avec l’université originelle soulignent l’importance de bien continuer à soutenir les structures publiques ; pas forcément financièrement, mais en l’aidant à jouer son rôle dans la Cité, auprès des entreprises et autres organisations. Il n’est donc pas souhaitable de placer les universités publiques dans une « tour d’Ivoire » et de laisser les structures privées collaborer avec des entreprises.

 

Enjeux pour la métropole

 

L’analyse du cas genevois permet d’établir une liste de critères de priorité pour assurer la complémentarité entre public et privé :

  • Suivi des systèmes d’accréditations français et européens ;
  • Équilibre des établissements suivant les secteurs économiques pertinents pour le territoire, équilibre initiatives locales et hors-sol ;
  • Concurrence modérée avec des établissements publics, à éventuellement construire en ligne avec des réseaux d’entreprises ;
  • Coopération avec les établissements publics : échanges d’expériences, événements grand public, appel à projet de recherche commun lancé par la Métropole, mise en place d’un réseau commun d’anciens élèves issus du territoire.

 

Méthodologie

 

Nous nous sommes appuyés dans cette note sur une enquête qualitative à propos des 19 établissements principaux d’enseignement supérieur à Genève. Celle-ci repose sur une démarche principalement documentaire : analyse des sites internet des structures dont les noms proviennent d’un recoupement des institutions recensées par l’État et par des listes de formation proposés sur des sites généralistes, croisés avec celles identifiées dans la presse locale, sur Google Maps, sur les sites des agences d’accréditation, l’Association genevoise des Écoles privées et profils LinkedIn des enseignants et fondateurs).

Nous avons également mené quelques visites de locaux, et d’entretiens ciblés avec des chargés de cours et étudiants pour compléter nos analyses. Pour en tirer des enseignements transposables au cas lyonnais, l’objet de notre analyse a principalement consisté à établir une typologie des établissements et de décrire leur positionnement, mais également les problèmes ou points de vigilance notables à leur propos.